Table of Contents Table of Contents
Previous Page  372 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 372 / 616 Next Page
Page Background

362

LlVRE CINQUANTE ET UNIEl\lE.

leur arrivée.

Vartill~rie

qu'on ava it fait

reflu~r

sur Vincennes, apres avoir été attelée avec des

chevaux pris partout, devait repartir imrµédja–

tement pour Cbalons, ou se préparait le rassem–

blement de nos forces. Le trésor personnel de

Napoléon fournissait les fonds que ne pouvait

plus procurer le trésor de l'État. M. l\follien ,ad–

ministrateur

exc~llcnt

pour les temps calmes,

mais surpris par ces circonstances extraordi–

naires, n'avait pu, malgré les centimes addition–

tionnels, suffirc aux dépenses de l'armée. Napo–

léon, sur les

~5

i:µillions qui lui reslaient de ses

économies, en avait dooné 17 au général Drouol

pour l_a garde, envfron 1O au Trésor pour les

divers services, 8 aux remontes,

a

l'habillement,

a

la fabrication des armes,

1.

a

ses freres, aujour–

d'hui rois sans couronne et sans argent , en avait

destiné 4

a

le suivre, et en laissait 25 ou 24 aux

Tuilcries pour les besoins urgents ou imprévus.

Les troupes d'Espagn_g, si on avait pu les rame–

ner, eussent été en ce momept un bien !Jrécieux

secours. Mais on était toujours sans nouvelles de

l'accueil fait au duc de San-Carlos etil.u traité

de Valen(fay.

Ferdi~and

VII, attendant avec une

impatience crpiss1j.nte que sa prison s'ouvrit,

n'avait pas plus de nouvelles que le cabinct fran–

<:ais

1 •

Ce si}ence était de bien mauvais augure,

et en tout cas il ne permettait pas qu'on dégarnit

la frontiere, avant de savoir si les Espagools et

les 'Anglais repasseraient les Pyrénées. Néan–

moins, comme on l'a vu, Napoléon avait ordonné

au maréchal Suchet d'acheminer 12 milie hommes

sur Lyon, au maréchal Soult il'en acheminer

15 miile sur París, les uns et les au tres en poste.

ll y joignit deux des quatre divisions de réserve

formées

a

Bordeaux, Toulou:;e, Montpellier et

Nimes. Les quatre ne comptaient pas plus <le

·18 mille conscrits, au lieu de

60

mille qu'on

s'était flatté

de

réunir ; mais elles se composaient

de cadres excelleots, empruntés aux armées

d'Espagne. Napoléon

fit

partir pour Paris cellc

de Bordeaux, forte d'enviroo 4 mille hommes,

et pour Lyon celle de Nimes, forte de 5 mille.

Telle était sa détresse, que de pareilles ressources

étaient pour lui d'une véritable importance. Ce

qui était envoyé sur Lyon devait servir

a

compo–

ser l'armée d'Augereau; ce qui était dirigé sur

París devait y grossir ce rassemblement de

troupes de toute espece, jeune garde, bataillons

tirés des dépóts, gardes nationalcs, vieilles handes

1

L'ouvra¡;e de M. Fain, qui sur ce poinl contient plus

d'une eneur, bien que rédi¡;é sur

Je~

documents du duc de

d 'Espagne, dans lesquelles

il

comptait puiser

a

mesure qu'clles seraient pretes, pour soutenir

l'eífroyable lutte qui allait s'eng¡iger entre la

Seine et la

~Iarne.

Enfin, il s'occupa de la dé–

fense de la capitale.

Plus d'une fois, meme

~u

milieu de ses plµs

éclatantes prospérités, Napoléon, par une sorte

de prescience qui lui dévoilait les conséquences

de ses fautes saos les lui faire éviter, avait cru

apercevoir les armées de l'Europe au pied de

Montmartre, et,

a

chacune de ces sinistres vi–

sions, il avait songé

a

fortifier París. Puis, em–

porté par le torreQt de ses pensées et de ses pas–

sions, il avait prodigué les millions

a

Alexandrie,

aMaotoue,

a

Venís.e,

a

Palma-Nova,

a

Flessingue,

au Texel,

a

Hambourg,

a

Dantzig, et n'avait

rien consacré

a

la capitale de la France. S'il s'en

füt occupé dans ces temps de prospérité, il eut

fait sourirc les Parisiens, et le mal n'eut pas été

grand : en janvier 1814, il les aurait fait trem–

blcr, et aurait augmenté la mauvaise volooté des

uns, la consternation des autres. Pourtant, dans

son opinion, París hors d'atteinte aurait presque

garantí le sµcces de Ja prochaiqe campagne, car,

si en manreuvrant

~ntre

l'Aisne, la l\'Iarne,

I'Aube, la Seine, qui coulent concentriquement

vers París, il avait été bien assuré du point com–

mun ou elles viennent se réunir,

il

aurait acquis

une liberté de mouvements dont

il

eut pu,

~vec

son génie, avec Ja parfaite connaissancc deslieux,

avec la possession de tous les passages, tirer un

avantagc immense contre un ennemi err¡barrassé

de sa marche, toujours pret

a

se repentir de

s'etre trop avancé, et l'eut probablemcnt sqrpris

da ns quelque fausse position ou il l'aurait accabJé.

Aussi rre cessait-il de penser

a

l'armemeot de

Paris, mais il craignait l'effet moral d'une telle

précaution. 11 avait demandé

a

un comité d'offi–

ciers du génic, chargé de s'occuper extraordi–

naircment des places fort es, un p'lan pour la

défensc de la capitale,

~vec

recommandation de

garder le sccret. Les plans qu'on lui avait pro–

posés cxigeaot des travaux immédiats et tres–

apparents, il y avait reooncé, et s'était conteqté

de choisir d'avance et saos bruit les eJilplace–

ments ou l'on pourrait élevcr des redoutcs, de

préparer de grosses palissades, soit pour ren–

forcer l'enceinte, soit pour construire des tam–

bours en avant des portes, de réunir enfin un

supplément considérable d'artillerie et de muni-

Bassano, fait arri ver Ferdinand

Vil

a

l\ladrid le 6 janvier. Ge

p~·ince

ne parlit de Valeni;:ay que le

i9

mars.