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L'lNVASION. -

JANVIER

'18U.

5!59

daos la lettre de

,M.

de Bassano du 16 novembre,

n'avait eu aucune suite. Cependant on était daos

une situation a

ne

pas tenir compte des consi–

dérations d'amour-propre,

et

les inquiétudes

croissant a chaqµe instant,

il

fut coµvenu que

M.

de Caulaincourt

se

renqrait sur-le-champ auJ!:.

avant-postes fran<¡ais, que de

la

il

écrirait a l\L de

Metternich pour lui dire que, sur les assurances

apportfes en son nom par

M.

de Saint-Aignan,

et

sur son invitati_on formelle de renouer les né–

gociations, on ne voulait pas qu'un retard de la

France prolongeat d'une heure les maux de l'hu–

manité; que lui, M. de Caulaincourh se transpor–

tait done aux avant-postes, pret a se rendre a

Manheim, lieu déja indiqué, ou en toute autre

ville dont

il

plairait aux monarques

alljé~

de faire

choix.

Si M. de Caulaincourt, arrfvé aux avant-postes,

y

était laissé dans une position humiljante,

ce

qµi était possible, il

y

aurait a cette hurniliation

Úne certaine compeqsation, ce serait de prouver

que Napoléon voulait la paix, que les dífficultés

n,e

venaient plus de son enteterpent, et de luí

ral'I}ener l'opinion de la France par le spectacle

des

traítemeq.t~

auxquels son négociate9r serait

exposé.

Toutes choses étant ainsi réglées, M. de Cau–

laincourt pa;rtit le

o

janvier pour les avant-postes

franc¡ais, en laissant a

l\f.

de la Besnardiere, le

commis le plus habile du- départcment, le soín

de le remplacer aux affaires

~trangeres.

Napo–

léor1 se préparait

a

par!ir bíentót lui-meme pour

appuyer de

~on

épée les négociations que M. de

Caulaincourt allaít cssayer

de

rouvrir par son

influence.

M. de Caulaincourt se rendít a {.unéville, lieu

fafi1.eux par un traité conclu dans des temps plus

heure4x, et, en arrívant au píed des Vosges,

rencoQtra pos armées se retirant

précipít~m­

ment,

et

précédées, ¡ians leur retraite, de tous les

foactionnaires en fuite. U entendit les propos des

troup.es

et

des populations, il vit la misere des

officiers,

la

{lésertion des jeunes soldats, et l'au–

dac~

toute nouvelle du partí royaliste, qui, sans

etre populaire, se faisait écouter

CQ.

parlant de

pai.x, de légalité, de liberté meme. Excellent ci–

toyen

et

brave militaire, M. de Caulaincourt

avait

le

creur navré de voir nos provinces enva–

hies et nos armées dans une sorte de déroute.

Aux chagrins du citoyen se joignaient chez luí

les chagrins du pere, car

il

avait attaché a la for–

tune de Napoléon sa propre fortune, c'est-a-díre

cel}e de

~es

enfants, et

il

était profondément

aflligé du danger qui mena<¡ait le tróne impérial.

11 se ha ta de peindre

a

Napoléon les choses tel!cs

qu'elles étaient, de lui signaler surtout l'abattc–

mént de certaíns chefs militaires, qui n'étaient

pas ínfidcles, mais découragés, et le supplia,

apres avoir bien réfléchi

a

la situation, de lui

envoycr des conditions de paix plus acceptablcs.

En meme tcmps

il

écrivit a M. de Metternich,

pour luí dire qu'étonné de son silence, fort diffi–

cile

a

expliquer en se référant aux communica–

tions de M. de Saint-Aignan,

il

venait provoquer

une réponse , et l'attendre aux avant-postes ,

pret

a

se rendre partout ou l'on voudrait négo–

cier.

Lorsque cette especc d'interpellation parvint

par l'intermédiaire de M. de Wrede a M. de

l\fetterních, elle embarrassa un pcu ce derníer,

car, apres les dérr10nstrations pacifiques qu'on

avait faites, refuser de traiter eut été une incon–

séquenc~

choquante, meme dangereuse, les deux

partis s'appliquant avec soin

a

conquérir l'opi–

nion publique, soít en Europe, soít en Francc.

l\L de l\fetternich et l'cmpercur Fran<¡ois étaient

toujours disposés

a

négocíer, avec un peu plus

d'ambition,

il

est

vrai, du cóté de l'Italie; mais

chez les autres coalisés, deptJis que sur le désír

de l'Angleterre, et par la vive impulsion des pas–

sions allemandes, on avait décidé la continuation

des hostilités, les imaginations s'étaient de nou–

veau enflammées. Les facilités inattendues qu'ils

avaient rencontrées en pénétrant en Suisse et

en France, leur avaient persuadé qu'il n'y avait

plus qu'a marcher en avant, pour tout terminer

conformément

a

leurs vreux les plus extremes,

et, a les entcndre, on eut dit qu'ils n'avaient plus

d'autre ennemi

a

craindrc que leurs propres

divisions. Elles étaient grandes,

il

est vrai.

Alexandre toujours mécontent de l'entrée en

Suisse, ne voufait pas qu'on opprimat le partí

populaire au profit du parti aristocratique, tan–

dis que J'Autriche agissait exactement dans un

sens entíerement opposé. L'Autriche ne voulait

pas qu'on sacrifiat les Danois au prince de Suede,

le roi de Saxe

a

la Prusse, et Alexandre désirait

cxactement le contraire. Les Tyroliens deman–

daient

a

passer tout de suite sous le sceptre de

l'

Autriche, et la Baviere demandait

a

etre préala–

blementindemnisée. L'Angleterre ne songeaitqu'a

fonder la

~onarchie

de la maison d'Orange, pour

fermer

a

la France le chemín de l'Escaut, et l'Au–

triche, avantd'adhérer

a

cette prétention, voulait

que l'Angleterre lui promit son influence contre la

:flussie. Au milieu de ce cliaos, prendre un partí