Table of Contents Table of Contents
Previous Page  362 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 362 / 616 Next Page
Page Background

5!)2

LIVRE CINQUANTE ET

UNIEl\1E.

notamment en obtint un lres-imporlant, en se

gardant hien d'avoucr le motif qu'il avait de le

sollicitcr. On avait inséré textuellcment dans le

rapport les dcux lellrcs du 1

ü

novembrc et du

2 décembre, et

il

craignait que le public, plus

avisé que la commission, ne finit par clécouvrir

Ja vraie faute, celle de l'acceptatio n trop tardirc

des bases de Francfort.

11

donna pour rnison

qu'on ne pouvait pas publier sans inconvcnancc

les pieces. d'unc négociation

a

peine commcncée.

La citation tcxluelle de ces picces fut done sup–

primée. Enfin, l'archichancclicr obtint que lout

ce qui était relatif aux gricís eontre Je gouvcrnc–

ment intéricur fut réduit

~t

queJqucs phrases

exccssivement modérées. En

c1fot,

aprcs avoir

parlé de

Ja

déclnration

a

faire aux puissanccs, des

mesures de défcnse

a

prendre si cette déclnration

n'élait pas écoutée, le rnpport ajoutait:

«

C'cst,

1(

d'apres nos instilulions, au gouverncment

a

11

proposcr les moycns qu'il croira les plus

«

prompts et les plus

stll'S

pour repousser l'en-

1<

nemi, et asscoir la paix sur des bases durables.

11

Ces moycns scront cfficaccs si les Fran<;ais sont

«

persuadés que le gouvcrncmcnt n'aspirc plus

" qu'a la gloirc de la paix ; ils le seron t si les

" Fran¡;ais sont convaincus que leur snng ne sera

«

versé que pour défcndrc une patrie et des

«

lois protectrices... II parait done inclispcnsablc

lt

a

votre commission qu'en mcme temps que le

u

gouvcrnement proposcra les mesures les plus

1<

promplcs pour la súreté de l'É lat, Sa l\Iajesté

" soit suppliée de maintenir l'cnliere et con–

" stantc exécution des lois qui garantissent aux

". Frarn;ais les droits de la liberté, de Ja súrcté,

" de

Ja

propriété, et a la nation

le

libre exercicc

11

de ses droits politiqucs. Celte garan tic a paru

" a

votre commission le plus effica ce moycn de

11

rendre aux Frarn;ais l'éncrgie néccssaire

11

leur

(( proprc défcnsc, cte...

n

Malgré !'extreme modération de ces passnges,

l'archicbancclicr lenta de nouveaux clfort.s pour

en obtenir Ja supprcssion.

l\J.

de Caulaincourt

joignit ses cfforls aux siens, mais on ne put dé–

cider des gens indignés contre le régime intérieur

du pays

a

s'nbstenir d'unc manifestaLion aussi

mesurée, l'occasion qui s'offrait de la faire étant

peut-ctrc la sculc qu'ils fusscnt fondés

a

espérer,

car

il

n'était pas probable que le gouvcrnement

qui s'adrcssait aujourd'hui

a

cux parce qu'il était

vajncu, songcat cncore

a

les consulter quand il

serait vainqueur. C'était la leur légitimc excuse

pour une manifcslation tlont l'inopportunilé était

la faute de ccux qui ne lcur avnicnt fourni que

celte occnsion de dirc ce qu'ils sentaicnt, et .qui

ne lcur en laissaient guerc enlrevoir une autre.

On lcur disait bien,

a

la vérité, qu'on les écoutc·–

rnit une autre fois sur ce sujet; ilsn'cn croyaient

ríen, et avaicnt raison de n'en rien croire.

Le lcndemain 29 décembre, le Corps législatif

étant assemblé en comité sccrct, M•·Lainé lut son

rnpport, qui fut écouté avec une religicusc attcn–

tion, et univcrsellement approuvé. M. Lainé

l'avait terminé pnr Je conseil de rédigcr une

adrcsse

a

l'Empcreur corn;ue dans le mcme es–

prit. On tlécida,

a

Ja majorité de 225 suífrnges

sur 254, que le rapport de la commission serait

imprimé pour les membrcs seuls du Corps légis–

latir, afin qu'ils pusscnt le rnéditcr, et voter sur

Je projct d'adresse en connaissance de cause. Des

cet inslant, Ja publicité des paroles de M. Lainé

élait nssuréc, surtout

a

l'étranger, ou il aurait

fallu qu'ellcs rcstasscnt inconnues.

Elles furent mises immédiatemcnt sous les yeux

de Napoléon, qui fut profondémcnt courroucé en

les lisant, et s'écria qu'on l'outrageait nu momcnt

mcme ou il avait besoin d'etre énergiquement

soulcnu. 11 assembla sur-le-clrnmp un conseil de

go uverncment, auquel furent appelés les mi –

nistres et les grands dignitaires.

11

leur soumit,

avec le ton et l'attitudc d'un homme dont le

parti était arrcté d'avance, la qucstion de savoir

s'il fallait sou:ífrir que le Corps

législal.if

demeurat

réuni.

JI

signala non-seulcmcnt Je danger de

laisscr publicr un rapport

tcl

que celui de

lU. Lainé, mais le danger plus grand encorc

d'avoir pres de soi une assemblée qui dans une

conjoncture grave,

it

l'approchc de l'ennemi, par

cxemplc, se permettrait pcut-ctre une manifes–

tation facLicusc ou imprudente, et dans tous les

cas funcste : prévoyance désolante et profondc,

par laquelle il semblait que Nnpoléon, pcr¡;ant

dans l'avcnir, lut déja sa propre bistoire dans Je

livre du destin, mais prévoyance tardivc et désor–

mais incapablc de créer le remede! Qucl moycn,

en eífet., de faire que ce rapport n'cut pas existé,

n'eót pas été Ju dcvant quelques eentaincs d'au–

diteurs? Quel moycn d'empccher que le Corps

législatif, dissous ou ajourné, ne reslat

a

París,

prct

a se réunir spontanément pour se portcr aux

démarches les plus dangereuscs? Combien de

corps ont été dissous, et qu'on a retrouvés

a

l'in–

stan t supremc plus redoutables que s'ils étaicnt

demcurés régulicremcnt asscmblés? Quoi qu'il

en soit, Napoléon demanda

a

tous les assistants

s'il ne fallait pas sur-le-champ ajourner le Corps

législatif, prcmicrement pour cmpecher qu'il ne