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LTVRE CINQUANTE ET UNfEME.
Quelques minutes avant cettc lccture, ils étaicnt
tous convaincus que si l'on avait encorc la gucrre
on Je dcvait
a
l'entetemcnt de Napoléon, et cc–
pendant, n'ayant pas sous les yeux
les
picccs de
fa
négociation de Prague, n'ayant que les acles
de Francfort, la proposition confiée a lU. de
Saint-Aignan , la réponse de
1\1.
de Bassano
du
16
novembre, ccllc de lW. de Cau1aincourt
du 2 décembre, ils étaient obligés de r econnaiLrc
que dans cette dernierc occasion Napoléon avait
voulu la paix. S'ils avaient cu un peu plus l'ha–
bitude des . transactions diplomatiqucs, et s'ils
avaient pu savoir ce qui s'était passé en Europc
du
16
novembre au 2 déccmbre, et combicn ce
temps pcrdu par nous avait été activcmen t em–
ployé par nos ennemis, ils auraient apcrgu
la
faute qu'on avai t commise en ne 1iant pas des le
premicr rnoment
les
ptiissances coalisées par u ne
acceptation pure et simple de Jeurs proposilions.
Toutefois, reconnaissanL entre la lcltre du
16
no·–
Ycmbre et cellc du 2 déccmbre un progrcs véri –
table sous le rapport des intentions pacifiques,
ils désiraient en obtcnir un nouveau; fls vo u–
laient que l'on prit l'engagcment solcnncl de
fairc a
la
paix les sacrifices néccssaircs ; que
cettc base des frontieres naturelles laissant cn–
corc beaucoup de vague, car en Hollnnde, sur le
Rhin, en Italie memc, il pou vnit y avoir bien
des points
~l
contestcr, on déclarat hautcment
n
la commission ce qu'on cntendait cédcr, que Ja
commission le déclar:it cnsuile au Corps légis–
Jatif, c'est-a-dire
a
l'Europc, qu'ainsi tout le
monde se trouvñt lié, et Napoléon et Ja coalilion
elle-rnerne. C'était, suivant eux , le scul moyen
d'ngir sur !'esprit public, et de Je ramen cr en luí
prouvnnt que les cfl'orts demanclés au pcuplc
fran¡;ais n'avaient pas pour but de folles con–
quetes, mais Ja conservation des frontieres natu–
relles de la France. M. Raynouard , avec son
imagination méridionale, prorosait la forme sui–
vantc: (( Sirc, voulait-il dirc, vous avcz juré,
n
l'époque uu sacre, de mainlenir les limit es nalu–
rcllcs et nécessaires de Ja France , Je Rh in , les
Alpes, les Pyrénécs; nous vous sommons d'C!.re
fidclc
a
votre scrmcnt, et nous vous offrons tou t
notrc sang pour vous aider
a
Je ten ir. Mnis votrc
sermcnt lcn u, nos frontieres assurécs,
In
Francc
et vous n'aurez plus de motif, ni d'honncur ni
de grandeur, qui yous lie, et vous pourrcz tout
sacrificr
it
l'intéret de Ja paix et. de
l 'lu~m:mité.
n
- Ccltc tournure originalc, qui était une som–
mation de paix sous la forme cl'11nc sommntion
de guerre, plut beaucoup aux assislants ; mais,
1
•
•
pour le moment, on se retira afin de_donner un
pcu de temps
a
la réflexion, et de chcrchcr a
loisir la mcilleurc maniere de s'aclresser au Corps
législatif,
a
Ja France,
a
J'Europc.
M. d'Hautcrivc, qui sous des dehors graves,
méme un pcu pédantesqucs, cachait infiniment
d'adresse, s'e:ITor¡;a de gagncr les uns apres les au–
tres les divcrs mcmbres de Ja commission, et de
les disposer a se renferme!' dans les bornes d'une
extreme réser ve. Mais quand on a rccours
a
la
publ icité, il faut savoir la subfr tout entiere, et
se ficr pleinemcnt au bon seos national. Toute–
fo is on n e Je peut nvec sureté que lorsque ce bon
scns a élé formé par une longue partieipation
aux affa ires publiques, et iJ faut convenir que
s'adresscr
it
lui pour Ja prcmiere fois daos des
circonstanccs délicates et périlleuses, c'est donner
b caucoup nu hasard. On compr-end done que Je
go uverncment ne voulUt ni tout dire, ni tout
Iais er dire
a
cette commission ; mais alors
il
aurait fallu ne pas
Ja
réunir, et cependant, com–
ment imposcr
it
la France <le si grands sacrificcs
sans Jui adresscr une seule parole? Ce n'est pas
en gardant le silencc qu'on a Je droit d'cxigcr
d' une nation déja épuisée son dernier écu et son
dcrnier h omme. Ceux qui prennent l'habitudc
de march andcr
u
un pays la connaissancc de ses
affa ires dcvraicnt se demander s'il n'y aura pas
un jour ou il faudra les luí révélcr en enlier, et
s i ce jour ne sera pas justcmcnt cclui oú il fau–
clrait avoir Je moins d'aveux péniblcs
it
foi rc.
l\'l. d'Hauteri ve s'nppliqua surtout a persuadcr
lU. Lainé, qui paraissait l'homme Je plus influcnt
de
la
commission , el rencontra en luí non pas
un royalisle partisan sccrct et impatient de In
maison de Bourbon (ain si qu'on scrait por·té
a
le
supposcr d'aprcs la conduite postérieure de cct
illustre
pcrsonnage)~
cherchant des lors
a
erribar–
rasscr le pouvoir aetuel au profit du pouvoir
fulu r, mais un homme sincere eL profondémcnt
alfcclé des malheurs de Ja Frun ce, et de l'arbi–
trairc sous lcqucl clic étail condamnée
i1
vivre.
A I'égard de Ja politiquc extéricure, M. d'Hautc–
rivc Je trouva, commc ses collcgucs, disposé
:\
r éclamcr une déclaration explicite des sacrificcs
qu'on était résolu de fairc
~t
Ja paix, car c'était,
sclon lu i, le scul moycn d'obtenir de
Ja
Frnncc
un dcrn icr eífort, si mcmc
l1
ce pr ix elle en étailca–
pable, tant ses forces ét.aicnt épuisécs.
:M.
d'!fau–
lcr i\1c,
pr ofit:rnt de l'nvnntngc qu'offre lOUJOlll'S
¡,..
tcle-3-tcte avcc un hommc d'csprit et de bonne
foi, tacha de pcrsuadcr
a
1\1.
Lainé qu'il était
impossible <le donner
a
Ja tribune Je plan d'une