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L'INVASlON. -

DÉCE!ll1lirn

!815.

347

Aussí, des serviteurs éclairés do gouvernement,

sent.ant bien que qucl'ques satisfactions person–

nellcs ne conveoaient plus a la circonstance,

avaient dit qu'on devait surtout empechcr le duc

de Rovigo d'intervcnir dans les affaircs du Corps

Jégislatif. Parmi eux, nolammcnt,

1\1.

de Sémon–

ville, enncmi du duc de Rovigo qu'il aspirait

a

remplacer,avait fait parvenir

p~r

l\I.

de Dassano,

son ami, ce conseil

a

Napoléon, et Napoléon, a

qui la franchise du duc de Rovigo avait déplu,

s'était halé de lui dirc qu'il devait rcnoncer

a

se

meler de ce qui se passait clans l'intéricur des

grands corps de l'État.

Il était vrai que les pelits moycus 11e suffi–

saient plus devan t le sentiment Lrop longtemps

comprimé de la France désolée. l\lais

a

défaut de

ces moycns la persuasion hoonele, qui done au–

rait été capable de l'employer? Les habites gens

qui trouvaient trop vulgaire l'habileté du duc de

Ilovigo, quelle ressourceavaient-ilsa offrir?Hélas!

aucune, car il n'y a pas d'habilelé qui puissc

prévaloir contrc des vérités doulourcuscs, pro–

fondément et univcrsellement senties. Toutef'ois,

un président ayant du savoir-fairc, l'habitudc

de manier les hommcs, et jouissant de la con–

fiance de ses collegues, aurait pu cxcrccr sur eux

quelque influence, et lcur fairc com prcndrc que

tout en ayaot raison d'élrc indigoés pour le

passé, ils dcvaicnt pour le préscnt s'unir forlcmcnt

au gouvemcmcnt., afin de repousscr l'étrangcr

par un e!Tort patriotir¡uc et décisif. l\fais, pour

dédornmagcr le duc de l\Iassa, privé ele son por–

tefeuille au profit Je l\I. l\lolé, on venait d'ótcr

au Corps législatif toutc participation au choix

de son présidcnt, et on luí avait imposé le duc

<le .1-"lassa lui-meme, savant et honorable ma–

gistrat, digne de tous les rcspects, mais devenu

infirme, ne connaissant aucun des membrcs du

Corps législatif, n'étaut connu d'aucun d'cux, et

leur déplaisant parce que sa préscnce seule était

un dcrnicr cxcmple des volontés capricieuses

<l'un dcspotisme auquel on rcprochait d'avoir

pcrdu la France.

Ce présidcnt ne pouvait done rien pour sur–

montcr les difficultés de la situation, pour foirc

sentir qu'au-dcssus du droit de se plaindrc

il

y

avait le dcvoir de s'unir contrc les ennemis de la

France. Si des ministres formes et convaincus

avaient pu se pr·éscnler

a

la tribune pour

y

por–

ter avcc dignité les aveux néccssaircs, pour y

demandcr

a

tous les _ressentimenls de se taire et

<le faire place au patriotismc, il aurait été possi–

ble de se passcr des moycns détournés qui

s'adrcssent achaque homme en pa,rticulier, mais

dans la constitu lion du Corps législatif tou t le

monde était muct, le pouvoir commc l'assemblée

cllc-memc. Un oratcur du gouvcrnement, per–

sonnagc seconclaire et sans rcsponsabilité, vcnait

débiter une haranguc convenuc, devant des lé–

gislateurs qui répondaicnt par une harangue du

meme genre, les uns et les autrcs n'accomplis–

sant qu'unc vainc formalité dépourvue d'intéret.

JI

n'y avait lit aucun moycn de soulagcr le sen–

timcnt public, de par\er

a

la nation , de luí tracer

ses dcvoirs, et de s'cn fairc écouter et croire.

Ou dira peut-elrc qu' unc assemblée

libre~

au

licu de secours, aurnit apporté des cntraves: on

va voil', par ce qui arriva, si une assernbléc libre

aurait pu etre plus nuisible que ce Corps légis–

Jatif asscrvi et avili !

On était done réuni

a

Paris, le creur gros de

chagri11s, d'alarmes, de sentiments amers de

tout gcme, qui auraicnt eu besoin de se faire

jour, et qui n'cn avaient pas la possibilité, lors–

que Napoléon ouvrit le Corps législatif en pcr–

sonnc, le

1

!)

décembrc. Au milieu d'un silence

glacial, il lut le discours suivant, simplement,

noblement écrit, commc tout ce qui émanait di–

rcclcmcnt de lui.

" Sénatcurs, conseillcrs d'Élat, députés au

" Corps législatif,

" D'éclatantcs vict.oÍl'cs ont illustré les armes

" frani;aiscs dans cclte campagne; des défeetions

" sans excmplc ont rendu ces vicloircs inutilcs:

" tout a tourné contrc nous. La Frunce memc

" scrait en danger sans l'énergic et l'union des

" Frarn;ais.

<

Dans ces grandes circonstanccs) ma pre–

" mierc penséc a été de vous appelcr pres de

" moi. l\lon cccur a bcsoin de In préscnce et de

" l'aJTcction de mes sujets.

" Je n'ai jamais été séduit par la prospérité.

" L'adversité me trouverait' ai_1-dcssus de ses al-

" !cintes.

f;

«

J'ai plusicurs fois donné Ja paix aux nations

" lorsqu'clles avaient tout perdu. D'unc part de

" mes conquetcs j'ai élevé des tróncs pour des

" rois qui m'ont abandonné.

<<

J'avais coni;u el cxécuté de grands dcsseins

" pour la prospérité et le bonhcur du monde!. ..

" l\Ionarquc et pcrc, jc scns ce que la paix ajoute

{(

a la séeurité des tróncs et

a

cellc des

famille~.

" Des négociations sont cntamécs avcc les puis–

" sanees coalisécs..J'ai adliéré aux bases préli–

" mi naires qu'elles out présentées. J'avais done