L' lNVASION. -
DECEJUDIIE
1815.
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Jées dans les mois de novcnibre et de déccmbre,
et malheureusement·ce n'était pas considérable.
Le recours aux lrois ancicnncs classes de
·1811 ,
'18·12, '18·15, qui aurait du procluirc
H -0
mille
hommcs, avait procuré 80 mille conscriLs sculc–
mcnt, de bonne qualilé il est vrai, et le rccours aux
plus anciennes classes 50 mille tout au plus. Na–
poléon ordonna de les vcrscr sur-lc-charnp et sui–
vant l::i proximité des licux, les uns dans les dépóls
de l'ancicn corps de Davoust situés en Bclgiquc,
les
~m tres
daos les corps de l\facdonald, IUarmont,
Viclor, réparlis le long du Rhin.
Il
prescrivit au
maréchal l\farmont U.e ne pas se laísscr enfermcr
dans .Mayencc, d'cn sol'tir, de se porler en dc<¡a
des Vosgcs, el de recucillír en chcmin les conscríls
qui dcvaicnt d'abord allcr
le
joindrc a l\faycnce.
11 ordonna au maréchal Viclor de quiller Stras–
bourg, d"y laisscr, oulrelcs garues nalionalcs qui
s'y trouvaicnt déja, quelques cadrcs de bataillons
avcc une parlie de ses conscrits, et de vcrscr les
autres dans les rangs du 2° corps qu'il cornman–
dait. LcsconscriLsdcstinés
il
l'Ilalic furcnl arrclés
~I
GrenoLle et a Chambéry, et réunís
~I
Lyon , ou
Napoléon voulaít, avcc les dépóts clu Dauphiné,
de Ja Provcncc, de l'Auvcrgnc, composcr. unc
arméc qui fcrmerait a l'enncmi les débouchés de
la Suissc et de la Savoie. Enfin, les conscrils de la
.Bourgognc, de l'Auvcrgnc, du Bourbonnais, du
llcrry, de la Normandíe, de l'Orléanaís, furcnt
achcminés sur París pour y clrc jctés, les
UDS
dans la garde, les autres dans les dépóts qui
allaient se replicr sur la capilalc
a
l'approehe des
armécs cnvahissanles. Les conscrils du Midi du–
rent continuer
a
se diríger sur Bordea ux; Tou–
louse, 1\Iontpellier, Nimes, ou se formaient les
réscrves des dcux armées d'Espagoe.
Cette premiere dirccLion donnée aux ·110 mille
hommcs qu'on avait cu le tcmps de levcr indí–
quait l'cmploi d'urgence que Napoléon se propo–
s:iit d'en faire . Les corps de 1\Iacdonalcl, de l\1ar–
mont, de Vielor dcvaient en prendrc le plus qu'ils
pourraicnt, les armer, les habillcr, les inslruire
en se rcliraut lentemcnt sur París. 1\1ais il y avai t
la tout au plus de quoi retarder pcndanl quclques
jours les progrcs de l'ínvasion . Nnpoléon s'o ccupa
de Cl'éer une armée de réscrvc sous Paris, laqucllc
viendrait le r ejoindrc successivrment a mesure
de sa formation. Elle dcvait se composer des nou–
veaux bataillons de la garde dont une partics'or–
ganisait
a
Pari , et des dépót qu'on fai sait
rét.ro–
gradcr sur la capilalc et qu'on allait rernplir avec
les conscrits des pro inces du centre. On ne se
borna pas
a
réuuü·
a
Paris les dépóls qui se
repliaicnt des bords du Rhio , on y appela, en
outrc, de l'intéricur lous ceux qui n'élaient pas
nécessaires aux fronti eres de l'Est et du
Midi ,
pour les remplir égalemcnt de tous les 110mmes
qu'on aurait le tcmps d'y jcler. Ce fut le vieux
duc de Valmy, ehargé longtemps de la surveil–
Iancc des dépóts sur le Rhin , qui dut eontinuer
d'accomplir ccltc mission entre le Rhin et la
Seinc. On cspérait former ainsi dcux divísions
de réscrve, dcslinées
a
l'illustrc généra l Gérard,
qui s'était déja tan t distingué dans les dernieres
campagncs. A peine les conscrits arrivés, vcrsés
dans les cadres, armés et
a
demi habillés, ces
deux divisions devaient se porter en avant pour
r cjoindre l'arméc, s'organiscr et s'instruire en
i·oule. Napoléon avait créé dans la capitule <les
alcliers d'habillement; il en multiplia l'activité
t\
force d'argent, afin d'avoir dcux ou trois millc
éq uipemcnLs complcts par jour.
11 procéda de la meme maniere
a
l'égard de la
cavalcrie, dont on avait le plus grand bcsoin
pour teni1· tete aux innombrables bandes de
Cosaques que l'ennemi allait précipiler sur
la
France. 11
fit
rétrogradcr sur Vcrsaillcs les
cl épó ts de eavalcrie qui se trouvaient entre les
fronlicres et París; íl y amena de plus ccux de
la Norma ndie et de la Pieardie; il y réunit éga–
lemen t les cavalicrs rentrés
[1
picd par ·wcsel, et
il donna les orclres nécessaires pour les équiper
et les monlcr. Les ouvriers scllicrs et carrossiers
de la capilale, payés argent eomp lan t, furent
cmployés
a
fabriq uer de la sellerie et du harna–
chemen t. Les préfets des départcmcnts voisins
durcnt lever d'autorilé tous les chevaux dispo–
nibles, sur le rnotif fort légitime qu'il s'ap;issait
de garantir la Frunce de l'invasion des Cosaques. -
On fit publier que tout cheval propre au service
scrait payé argent comptant
a
Versailles par le
général commandant Je dépót de cavalerie. Les
dépenses que Je Trésor ne pouvait acquitter
immédíalemcnt furent soldées sur la réserve
particulicre des Tuileries.
Enfin Napoléon, prévoyant qu'il scrait obligé
de supplécr a l'infantcric qui lui manquait pnr
un immensc déploiement d'artillcrie, en prépara
une formidable
a
Vincennes. Les compagnies
d'artillerie qu i n'étaient pas nécessaires dans les
places, le matérícl de campagnc qui n' était pas
indispensable, furent aeheminés sur Vincennes,
ou, par les
IDO)
cns <léja indiqués, on dut réunir des
conscrits, des chevaux, des harnais, et mctlre en
élat de rouler quatre ou cinq ccnts bouches a fcli.
Ces créations, quelque activité qu'on mit a les
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