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34.0

LIVnE CJNQUANTE ET

UN !E~rn .

Polona-is, les libéraux allcman<ls et suisscs. 11

était ainsi contrc-révolutionna ire avcc les uns,

Jibéral avcc les autres, par calcul autant que par

mobilité ; ccpcndant il pcnchait alors vcrs les

idécs libéralcs, pnr opposition au despotismc de

Napoléon , et par l'influcncc de son éducation.

Élevé en clfet pnr un Su isse, le colonel Lahar pc,

ayantcu

a

sacour, pour I'éducation de scssreurs,

des

gouv~'n a ntcs

de mcme origine,

il

avait écouté

lcurs supptications, y avait paru sensible, et avait

déclaré qu'il ne laisscrait jamais accomplir en

Suissc une contrc-révolution.

Celtc qucslion avait fini par inquiétcr les coa–

lisés pour le maintien de leur union. Cependant

l'Autriche, prononcée pour le plan qui consistait

a tourner les places en se porlant au moins

jusqu'a Bale, et ayan t obtenu, grace aux Anglais,

une ma}Orité d'avis, avait promis qu'on ne viole–

rait pas la neutralité de la Suisse, et qu'on se

bornerait uniquement a s'approcher de ses fron–

Liercs, ajoutant que si clic se soulevait spontané–

ment, et appelait les armées alliécs, on

ffC

pour–

rait pourtant pas refuser de passcr par des portes

qui s'ouvriraient d'cllcs-memes. Alexandre n'avait

pas positivcmcnt contesté ce raisonnement ,

s'était conten té de nier que la Suisse füt disposée

a

dema ndcr la violalion de ses frontfcrcs, et

avnit conscnli

a

un mouvement général vers

Bale, aux conditions qui viennent d'clre énon–

cécs.

En conséquence, du

·10

au

20

décembrc, on

régla tous les détails de la marche au delh du

Rhin. Il fut convenu d'abor·d qu'on poursuivrait

immédiatement les opérations militaires sans

s'arreter pour négocier; que Blucher, avec les

corps d'York, ele Sacken, de Langeron, avec les

'\Vurtembergeois et les Badois, comprenant envi–

ron

GO

millc hommes, préparerait le passage du

Rhin entre Coblentz et Maycncc , et s'nvanccrait

ensuite entre les forteresses l'ran<¡aises; qu'en

meme temps la grande armée du princc de

Sehwarzenberg, composéc des Autrichiens, des

Bavarois, des Russes , et des gardcs prussienne et

russe, eomprenant

160

milie hommes a peu pres,

se porterait

a

In

hauteur de B::\le, passerait le

Rhin dans les cnvirons de cctte ville, ou a Bale

memesi la Suisse foisait tomber tous les scrupules

en ouvrant ellc-meme ses portes ; qu'on tourne–

rait ai nsiles défcnscs de la France en y pénétran t

par Uuningue, Béfort, Langres. Ces principales

dounées adoptées, on se mit en marche. Blucher

se concentra entre l\1ayence et Coblen tz, le prince

de Schwarzenberg se dirigea vers la Suisse en

remonlant de Strasbourg

~'

Bale . Les souverains

et les diplomates quiltcrent Francfort pour Fri–

bourg.

La diete sL1isse, r emplie en majorité d'csprits

sagcs qui , tout en regreltant les exccs de pou–

voir eommis par Napoléon, avaient encore la

rn érnoire plcine de ses bienfaits, ne voulait ni

d' une contrc-révolution, ni d'une invasion étran–

gcre . Elle avait envoyé des agents

a

Paris pour

demander que Ja France reconnut sa ncutralité,

et

ftt

disparaltre toule trace des actes qui avaient

pu rendrc eetle ncutralilé illusoirc. Napoléon,

eontraint par les eirqonstances d'accueillir ces ré–

clamations, avait d'abord fait retirer ses troupes

du Tessin, puis avait déclaré qu'il eonsidérait la

ncutralité suisse commc un príncipe essentiel du

droit européen, qu'il s'engageait formeIJement

a

le respecter , et qu'il ne voyait dans son titre de

l\IÉDIA'fEUR DE LA CONFÉDJÍllATJON SUISSE qu'un

litre commémoratif des services rendus par la

France a la Suisse, et nullement un titre conte–

nant en lui-memc un pouvoir réel.

La dicte, munie de cette déelaration, ávait

aussitót dépcché dcux députés aupres des souvc–

rains, pour demander qu'a leur tour ils recon–

nussent une neutralité que la

Fra~ec

admettait

d'une mnnierc si explicite. A cette démarche

elle nvait joint une mesure fort bien cntendue,

si elle avnit été sérieuse, consistant

i1

réunir une

arméc fédéralc d'une douzaine de mille hommes,

rnngéc de Bale

a

Schaffhouse, sous M. de Watte–

villc. 'fandis qu'elle en agissait ainsi, les princi–

pales familles des Grisons, des petits eantons et

de Bcrne, avaient envoyé des émissaires secrets

pour dire a cb acu n des souverains en particulier ,

c¡uc la diete était une autorité fausse, usurpn–

trice, dont on ne devait tenir aucun compte;

qu'il fallait, au contraire, franchir immédiate–

ment la fronticre helvétique pour aider l'aulo–

rité véritable,

la

seule légitime, celle des temps

passés,

a

se rétablir au profit de

la

coalition.

De rneme qu'il y avait un double Jangage de la

part des Su isses, il y en avait un double aussi de

la part des puissances eoalisées. En public) on

d isait aux représentants de la diete qu'on r egar–

dait la neutralité suisse comme un prineipe im–

portant du droit européen, qu'on s'altacherait

dans !'avenir

a

le rendre inviolable, que pour le

présent, sans avoir précisément le projet d'y

manquer, on ne pouvait prendre l'engagement

de respecter dans tous les eas un principe violé

plusieurs fois par la France et faiblement dé–

fcndu par la Suisse. On eitait

~

l'appui <le ce