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LIVIlE CINQUANTE ET UNIEME.

étaicnt considérablcment réduites par l'acharne–

mcnt de la lutte, elles étaient encore dissémi –

nécs par Ja divcrsité du but que chacun avait en

vuc. Il avait fallu laisser sur les dcrrieres, pour

bloquer les places de l'Elbe, les corps de Kleist,

Klenau, Taucnzicn, Bcnningsen, qui tous avaient

pris part au formidable rendez-vous de Leipzig .

Bernadotte avec les Suédois, aYcc les Prussicns

de Bulow, avec les Russes de ·wintzingerode,

sous prétexte de faire facc au maréehal Davoust,

s'était détourné du but principal afio d'cnlevcr

la Norwége aux Danois, ce qui avait exaspéré les

Autriehiens protectcurs des Danois et mis en

suspicion la bonne foi d'Alexandre, accusé d'en–

courager sous main Bernadottc qu'il b!amait

publiquement. A peine avait-on pu arraeher au

nouveau prinee suédois un détaehement pour

coopéreraurétablissemen t de la maisou d'Orange.

11 ne restait done sur le Rhin que l'arméc du

prince de Schwarzenberg cantonnéc de Franc–

fort a Bale, et cclle du maréchal Blueher can–

tonnée de Francfort

a

Coblentz, ayant daos lcurs

rangs les Bavarois, les Badois, les Wurtem–

bergeois. Apres l'adjonction de ces derniers et

les perles cle

la

campagne, on estimait les dcux

armécs a 220 ou 250 mille hommes immédiatc–

ment disponibles. 11 est vrai que de nouveaux

contingents allemands venant remplacee les

troupes qui bloquaient les places, et Bcrnadottc

étant rappelé au but commun, on pouvait ame–

ncr encore 200 mille hommes sur le Rhin ; il e t

vrai qu'on cspérait tirer de nombreuses rccrues

de Pologne, de Prusse, d'Aulrichc, qu'on avait

70 mille hommes en Italie, 100 mille sur la fron–

ticre d'Espagne, et que ce n'était pas des lors

avcc moins de 600 mille hommes qu'on serait en

mesure d'attaqucr la Frunce en mars et avril.

JUais pour Je moment il n'y avait que 220 millc

hommes

a

mcttre en ligne, dont 160 mille Au–

lrichiens, Prussiens, Russes, Bavarois, sous le

princc de Scl1warzcnberg, e.t

GO

mille Prussiens,

Russes, "\Vurtembergeois, Hcssois et Badois sous

le maréchal Illucher. C'était une cntreprise hardie

que de passer le Rhin devant Napoléon avec des

forces pareillcs; mais, d'aprcs lous les rcnscigne–

ments,

il

n'avait pas plus <le 80 mille hommes,

et des lors on ne croyait pas qu'il

fut

impruden t

de se préscnter

a

lui nvcc 220 mille. On cut été

encorc plus résolu, si on avait su qu'il ne luí en

restait pas plus de 60 mille

u

opposer

a

une

brusque invasion.

Cepcnd:mt

a

Francfort, les personnages les

plus éclairés tcnaient pour tres-suspects les dé-

tails fournis par Jes agcnts de

la.

coalition, et on

se refusait

a

croire que Napoléon n'et\t pas au

moins 100 millc hommes sous la main. On insis–

tait done sur la néccssité de se conduire avee Ja

plus grande prudcnce en essayant de pénétrer en

France. A cette occasion chaeun a.vait son plan.

Les Prussiens et les Russes en avait un, les Autri–

chiens un autre, tous dominés, comme c'est l'or–

dinaire

a

la guerre, par le désir d'attirer

a

eux

le gros des forces, et de devenir ainsi le centre

des opérations. Les Prussiens voulaient que réu–

njssa nt de leur coté 180 mille hommes sur

220 mille, on passat le Rhin entre Coblentz et

l\fayence, tandis qu'un autre co:rps le franeb.irait

entre Mayence et Slrasbourg (voir la carte nº 61);

qu'on s'avarn;at hardiment au milicu des places

qui couvraient cetle partie de la France, telles

que Coblentz, Mayence, Landau, Strasbourg en

premiere ligne, Mézieres, Montmédy, Luxern–

bourg, Thionville, Metz en sccondc lignc, qu'on

les enlevat brusc1ucmenLsi les Frarn;ais n'y a·vaient

laissé que de petitesgarnisons, que si au conlraire,

pour les mieuxgarder, ils avaient affaibli l'aumée

aclive, on profitát de cet affaiblissement pour se

jeter sur elle, l'accablcr et la pousser sur París,

en négligeant les places, qu'on aurai·t le temps

d'assiéger plus tard avcc les corps venus des

bo ds de l'Elbe. L'état-major prussien regardait

cctte maniere d'opérer comme a la fois plus mé–

thodique et plus hardie, car dans un cas on aurait

les places et on se crécrait des appuis en mar–

chant, dans l'autrc on arriverait pcut-etre

a

Paris

en quelques journées.

·

Les Autrichiens avaient un autrc plan, dicté

aussi par

d~s

vucs particuliercs, mais parfaitc–

ment sagc, du moins

a

en juger par le résultnt.

Ils considéraient comme imprudent de s'cngager

dans ce labyrinthe de fortcresses compris

~epuis

Strasbourg jusqu'a Coblentz, depuis Metz jusqu'a

l\'lézicres. Ils disaient que c'était

prendre le tau–

reau par les carnes .

Ils soutenaicnt que, sans

s',\puiscr pour garnir les places, Napoléon se bor–

nerait

a

les mellre

a

l'abri d'un coup de main,

et qu'on le trouvcrait lui-mcmc manreuvrant

en tr e clics avcc ses forces conccntrécs, tout prel

a

se jctcr sur l'armée coalisée, qui se scrait plus

alfaiblic pour bloquer ces places que lui pour les

défcndre. Ils proposaient done un systeme d'opé–

rations radicalemcnt différent.. Le coté faible de.

la Frunce, suivant cux , n'était pas au nord-cst,

de Strasbourg

il

Coblentz, de l\'lctz

a

Mézieres, ou

plu sicurs rivicres et d'imrnenscs forlifications Ja

protégeaient, mais tout

a

fait

ñ

l'est, le long du