L'INVASION. -
nÉCEntnnE
1815.
557
avis .extravagants de cerlains cxaltés ; mais qu'il
fallait en retour qu'elle ·se prooon<;a t pour la
constitution d'un puissant royaumc des Pays–
Bas, qui s'étendrait du Tcxel jusqu'a Anvcrs.
Telles étaicnt les iostructions qui furcnt cx–
pédiées a la légaLion britanniquc, juste au mo–
mcnt oú Napoléon se décidnít trop tarda accep–
ter purement et simplemcnt les condiLions de
Francfort. Ainsi le mois p crdu pour nous d·e
novembrc
a
déccmbre avait laisséa tout le monde
le temps ·de sé raviser, surlout
a
l'Anglelerre,
qui , éclairée par l'insurrection de la 1-lollande,
avait conc;u l'espérance
et
le désir d'en]cvcr a
la
France non-seu]ement le Tcxc], mais Anvcrs.
Évidemment une adhésion immédialc et caté–
gorique donnée des le
16
n ovcmhrc cut plncé
les confédérés de Fi'ancfort dans un embarras
dont ils se seraient Lirés fort difficilement.
11
n'est pris bcsoin de dire qu'cn arrivant
a
Francfort ces nouvelles instructions
y
lrouva ient
les csprits parfaitement préparés. Tous ccux qui
voulaient qu'on marchat sans s'arreter jusqu'a
ce qu'on eut accablé Napoléon, avaient pris les
dcvants, et demandaient qu'il ne fUt tenu aucun
compledes ouvcrlures faites a
1\1.
de Saint-Aignan.
I/empcreur Alcxandrc n'était que trop disposé
a partager ces vues' par ressentiment conlrc
Napoléon , par cxaltation d'orgueil. Fairc dans
París une cnlréc triomphale é!ait une rcvanch e
de la ruine de Moscou qui le transportait de joic.
Le comte Pozzo l'cxcitait en lui r épétant que ce ·
qu'Ón avait vu en Hollande on le verrait en Bcl–
giquc et
~n
Francc, si on se hatait., si on passait
hardíment le Rhin, si en un rnot on ne laissait
pas rcspircr l'enncmi commun. Les Prussiens,
toujours conduils par la hainc, voulaicnt abso–
lument qu'on march:H en avant. Bluchcr disait
qu'a lui scu1, si on le laissait libre, il pénétrc–
rait dans Paris. Les Autrichicns cux-memes,
quoique fort touchés des ·dangcrs qu'on était cx–
posé
a
rencontrcr au dela du Rbin, ne mécon–
naissaient pus les avantages cÓnsidérablcs qu'ils
pourraient y recueillir. Tandis que l'Angleterre
de~nit
gagner Anvcrs pour la maison d'Orange,
ils pourraicnt gagoer l'ltnlie pour eux-memes et
pour leurs archiducs. lls ne manquaient done
pas de motifs de continuer la guerre, bien qu'a
la craintc de nouvcaux h asards se joignit eh cz
cux le déplai sir de céder
a
la prépondérance peu
dissimulée des Russes ,
a
la violence brutalc des
Prussicns. Mais il
y
avait dans ecttc qucstion
une raison décisivc pour eux commc pour tout
]e monde, c'était le vrou de l'Anglctcrrc qui
CONSULAT .
1).
payait
In
coalition , qui , par ses vicloires en Es–
pagnc, s'était acquisunc importancc continentale
qu'cllc n'avait jamais eue; qui de plus avait sa
toutc-puissanle mari ne, qui tcnant enfin la ba–
lan ce entre les ambi tions contraires pouvait Ja
fa ire pcnchcr vcrs cellc qu'cllc favorisera it. On
se déci<la en conséquencc a poursuivre la gucrre
sans rclftchc, la Prusse par vcngeancc, Ja Russie
par vanité, l'Autrichc par condesccndance inté–
rcsséc cnvcrs l'Anglcterrc, l'Angletcrrc par les
divers motifs se rnltachant
a
l'Escaut, Lou tcs par
l'enlra]nement des choscs qui conduisait
a
pous–
scr
a
sa fin extreme une luttc si anciennc, si
acharnéc, si implacable . Le
1O
décembre , M. de
Mctlcrnich r épondit
a
Ja
note par Inquclle l\J. de
Caulaincourt avait adhéré pmcment et simple–
ment au messagc de l\L de Saint-Aigoan, que la
Francc avait acccp té bien tard les propositions
de Francfort, mais qu'il allait néanmoi ns com–
nrnniqucr ecllc lardive acceptation
a
tous les
alliés.
11
ne clit pas si
á
la su ite de ces commu–
nications les opéra tions. militaircs seraient intcr–
rompucs, et comme il n'avait jamais été convcnu
dcpuis la rupture du congrcs de Praguc que les
négociations, dans Je cas oú on los reprcodrait,
seraient suspcnsives de la guerre , on pouvait,
sans violcr aucun engagcmcnt, continuer
a
mar–
chcr en avant, pourvu que l'on continuftt les
pourparlers pacifiques. Le prétcndu rcnvoi ele la
réponse fran c;aisc aux cours alliées laissait ninsi
le tcmps d'agir sans une trop grande inconsé–
qucncc.
Cepcndant, puisquc l'Anglelerre vou]ait pour–
suivrc la gucrre dans un intéret qui lui était
particulicr, il était nalurel qu'ell c payat les frais
de ccttc dern iere campagnc, et commc !'argent
pour ces nrmements énormcs manquait a tous
les bclligérants,
il
fut décidé q.u'on Jui demande–
rait <le nouveaux subsidcs, et
P?Ur
lu i en fairc
connaitrc l'étenduc, pour luí en montrcr le bc–
soin, on lui envoya l'hommc qui jouait déja un
role si important dans les conseils de la coali –
tion, Je co111tc Pozzo.
11
par til pour Londr es afin
d'apporter au minislcre britannique le budgctdc
ccltc campagnc d'hiver.
Mais, dans l'hypothesc d'unc repriseimmédiate
des opéralions, le plan a adopter soulevai t de
nombrcuscs questions, et pouvait fairc naitrc de
graves dissidcnccs dans une coalilion ou les in–
tércts et les amours-proprcs étaicnt déja fort
divisés , et ou le plus impéricux besoin de con–
scrvation maintcnait scul un accord souventph1s
apparcnt que réel. Out re que les forces coalisécs
22