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544

LIVIlE CINQUANTE ET

UNIEME.

accélércr, étaient loin de r épondrc

a

l'étendue et

a

la proximité du dangcr. Douze ou quinze mille

conscrits jetés précipitamment dans les cadr es

de la gardc, vingt ou viogt-cinq mille dans les

dépóts concentrés

a

París, présentaient

un

fa ible

sccours pour les maréchaux qui ·allaicnt se

r eplier sur la Champagne et la llourgogne avee

les débris de Leipzig et. de Hanau. Napoléon se

décida, quoiqu'il y cut répugn é d'aLord,

a

se

servir des gardcs nationales.

II

y avait la des

forrnations tou tes prctes, auxquelles, da ns un

danger aussi pressant, on était for t autorisé

a

rccourir. Napoléon chargea les préfcts de In

Bourgognc, de la Picardie, <le la Nor ma ndie,

de la Touraine, de la Bretagne, de s'adr csser

aux communes ou le mécontentemcnt n'avait pas

éteint le patriotismo, et de leur dcrnandcr des

compagnies de gardes nationalcs d'élite. La levée

de

500

millc hommes sur les ancienocs classes

et de

160

mille sur la classc de '1815, n'ayan t

pu, fa ute de temps, s'cxécuter dans ces con trées,

on n'avait pas lieu de s'y plaindre des appcls

trop répétés, et on ne pouvait pas rcfoscr , i1

quclque opinion qu'on appartint , de fa ire un

dcrnier eífort pour rcjctcr l'enncmi hors d u ter–

ritoire. Napoléon assigna pour point de réunion

i1

ces gardes nationales Paris, Meaux, l\fontereau,

'froycs. L'Alsace, la F1'anche-Comté durent en

fournir aussi pour occuper les défil és des Vosges.

l\'lalheureuscment on manquait de fo sils pour

les armer, car malgré les ateliers créés

a

París

et

a

Vcrsailles, les armes

a

fcu n'arrivaicn t point

en nombre suffisant, et on avait, commc nous

l'avons déja <lit, plus de bras que de fu sils, bien

qu'on cut tant prodigué les hras depu is la l\Ios-

kowa jusqu'au 'fage

!

·

Rcslait une r essourcc

a

laqucllc Napoléon était

prct

a

fairc appcl, san s s'inquiéter du sacrif¡cc

qu'elle entrainerait, c'était celle que lui oífraicnt

les deux armées d'Espagne, lesquelles r éun ies en

avant de París lui auraient procuré quatrc-vingt

ou cent millc soldats admirables. Avec cettc res–

sourec seule il aurait eu Je moyen d'écrascr la

coalition, et de la précipitcr daos le Ilhin . Mais

il était bien douteux qu'il put en disposcr en

temps utile. Le duc de San-Carlos, partí pour Ja

fronti ere de Catalogne, l'avait franchic, s'était

cnfoncé en Espagne, et n'avait plus donné <le

ses nouvcllcs. Le malheureux Fcrdinand, aussi

prcssé de quiLter Valcrn;ay pour l'Escurial, que

Napoléon de ramencr ses soldats tic l'Adour sur

la

Scine, se mourait d'impatience. l\Iais r ien

n'arrivait. Joseph , saisissant

a

propos la circon -

stance pour sortir d'une situation fausse, avait

écrit

a

Napoléon que devant l'invasion du terri–

toire il n'avait plus de condition

ti

faire, de

dédommagemcnt

i1

stipuler, et qu_'il demandait

a

servir l'État n'importe en quelle qualité et en

quel lieu. Napoléon l'avaitrec:;u

a

París, luí avait

rcndu sa qualité de prince franc:;ais, ainsi que sa

place au conseil de régence, et avait décidé que

sa ns lui donner, comme dans le passé, le titre de

ro i d'Espagne, on l'appellerait

le roi Joseph,

et

sa femme

lct

reine Julie.

Cct arrangcment qui avait l'avantage de réta–

bfü l'union dans le sein de la famille impériale,

était jusqu'ici le scul résultat des négociatfons de

Valen<;ay. En attendant qu'il put rappeler de la

fronti ere d'Espagne la totalité des forces qui s'y

trouvaient, Napoléon voulut du moins en retircr

une partie. Il prcscrivit aux maréehaux Suchet

et Soult de se tenir prels

a

marcher avec leurs

armécs tout cntieres vcrs le nord de la France,

et provisoirement de fairc partir, le maréchal

Suchct douze millc hommcs de ses meillcures

troupes pour Lyon, le marécbal Soult quatorzc

ou quinzc millc, également des meilleures, pour

Pa~is .

Des relais furent préparés sur les routcs

pour transportcr l'infautcric en poste, ainsi qu'on

l'avait fait en d'autres temps. Ccrtainement les

dcux maréehaux Suehet et Soult allaient etre

fort affaiblis apres ce double déLachemcnt, mais

comrnc on ne leur <lemandait que de rctardcr

les progres de l'ennemi da ns le midi de la

France~

Napoléon espérait qu'avec ce qui leur restait ils

en auraicut les rnoycns. D'ailleurs, d'aprcs des

ordres aolérieurs, ils avaientenvoyé

a

Bordeaux,

a

Toulouse,

a

l\footpcllier,

a

Nimes, des cadres

oú les conscrits de ces départcmcnts, levés,

haLillés, armés

a

la lu\te, commcn¡¡aient

a

se

r éunir. Il est vrni que les hostilités nous sur–

prcnant, la commc sur les autres points, avant

l'époquc pr évuc du mois d'avril, il dcvait y

avoirs au li cu de 60 millo hommes,

a

peine

20 millo hommes dans les quatre dépóts. 'fclle

quellc, dans notre extreme détrcssc, cettc res–

sourcc n'éLait point

a

dédaigner.

Aprcs avoir donné sos soios

a

la création de

ces forces, Napoléon s'occupa de leur emploi.

Ilico qu'a la premicre démonstraLion de l'ennemi

vers In Belgiqu e il cut supposé que son principal

cffor t se dirigcrait de ce cóté, des le passagc du

lll1in

i1

Bt\le il n'cut plus un doute sur la marche

de l'invasio n. 11 vit que, tout en poussant le corps

de Bl uchcr de l\Iayence sur l\'leLz pat• la route du

Nord-Est, la coalition voulait cepeudants'avancer