5i8
LlVHE CINQUANTE ET
UNIEl\IE.
<
l'cspoir qu'avant l'ouverture de cctte session
u
le congres de 1\fanheim scrait réuni; mais de
" nouveaux retards, qui ne sont pas attribués
a
" Ja France, ont différé ce momcnt que presse
" le vreu du monde.
«
J'ai ordonné qu'on vous communiquat tou tes
" les pieces originales qui se trouvcnt au porte–
(( feuille de mon départcmcnt des affaires étran–
(( gcrcs. Vous en prendrez connaissanee par
(( l'intermédiaire d'une commission. Les oratcurs
" de mo'ñ conseil vous feront connaitre ma vo–
" lonlé sur cet objet.
u
Rien ne s'oppose de ma part au rétablisse–
" ment de la paix. Je connais et je partage tous
(( les sentiments des Frarn;ais, je dis des Fran–
" <;ais, parce qu'il n'en est aucun qui désirat la
«
paix au prix de l'honncur.
1(
C'est
a
regrct que je demande
a
ce peuple
1(
génércux de nouveaux sacrifices; mais ils sont
" commandés par ses plus nobles et ses plus
1(
chers intérets. J'ai du rcnforccr mes armées
1(
par de nombreuses levécs : les nations ne
(( traitent avcc sécurité qu'en déployant.. toutcs
1(
leurs forces. Un accroissement dans les r eccttcs
" devient indispensable. Ce que mon ministre
1(
des financcs vous proposera est conforme au
<<
systeme de finan ces que j'ai établi. Nous fcron s
1(
face
a
tout sans l'emprunt qui consomme
" !'avenir, et sans le papier-monnaie
qui
est le
" plus grand ennemi de l'ordre social.
11
Je sui.s salisfait des sentiments que m'ont
u
montrés dans cette circonstance mes peuples
" d'llalie.
u
Le Danemark et Naples sont sculs restés
fi–
" deles
a
mon alliance.
"La républiquedes États-Unis d'Amérique con–
«
tinue avec succes sa gucrre contre I'Anglclerrc.
ce
J'ai reconnu la neutralilé des <lix-neuf can-
«
tons suisses.
(( Sénateurs,
1(
Conseillers d'État,
''.
Députés des départcmcnts au Corps législa–
" t1f,
u
Vous eles les organcs naturcls de ce trónc:
11
c'est
a
vous de <lonner l'cxcmple d'une énerg;ie
«
qui rccommande notre géoération aux
gé1~é " ratíons futures. Qu'elles ne discnt pas de
1(
nous : Ils ont sacrifié les premiers intérets du
«
pays
!
ils ont reconnu les lois que l'Angleterre
a cherché en vain pcndnnt quatre sicclcs
a
" imposer
a
la France.
«
l\les peuplcs ne peuvent pas craindre que la
poli tique de leur ernpereur trahisse jamuis la
•
•
(( gloire nationale. De mon coté, j'ai la confiance
u
que les Frarn;ais seront constamment dignes
u
d'eux et de moi
!
n
Dans ce discours Napoléon avait annoncé la
communication des pieces relatives
a
la négocia–
tíon de Francfort, qui samblait, on no savait
pourquoi, tout
a
fait interrompue.
11
espérait
que de eette communication sortirait un résultat
d'une grande utilité, le seul qu'il put., dans le
moment, attcndrede la réunion du Corps législa–
lif : c'était la preuve qu'il voulait la paix, qu'il
en avait franchement accepté les conditions telles
qu'on les lui avait posées
a
Francfort, et que si
cette paix n'était pas déja signée,
la
faute n'était
pas
a
luí, mais aux puissances coalisées. Une
déclaration du Corps législatif en ce sens aurait
ptl remédier sinon
a
l'épuisement du pays, du
moins
a
sa méfiance profonde, et luí rendre
quelque zele en lui persuadant que ce n'était
pas
a
l'ambition de l'Empereur qu'il allait se
sacrifier encore une fois, mais
a
la nécessité de
se défendre et de se sauver. Ccpendant, avant
de dissiper la méfiance du pays, il aurait fallu
dissiper celle du Corps législatif lui-meme, et on
ne pouvait y réussir qu'avec beaucoup de fran–
chise. M. de Caulaincourt, qui n'avait ríen
a
craindre <le cctle franchise, la conseilla forte–
ment. Mais Napoléon avait trop de vérités
a
ca–
cher pour suivre un tel conscil. Si on avait com–
muniqué le rapport seul de M. de Saint-Aignan,
chacun
y
aurait vu que
l\l.
de MeLternich recom–
mandai t exprcssément
de ne pas (aire aujourd'hui
com.mea
Prcigite ,
c'est-a-dire de pas laisser passer
un moment unique de conclure la paix, ce qui
prouvait qu'a Prague on aurait pu la faire, et
qu'on ne l'avait pas voulu. Si en outre on avait
pr oduit la leLtre de
1\1.
de Bassano du
1
G no–
vembre demier,
il
serait devenu évident qu'au
moment des propositions de Francfort, au lieu
de prendre l'Europe au mot, le cabinet franc¡ais
lui avait répondu d'une maniere équivoque et
ironique, et que c'était le 2 décembre seulement
qu'il avait répondu par une acceptation formelle;
et bien que le public ignorat combien la perte
de ce mois avait été funcsle, il se sernit bien
dou té qu'en le perdant on avait perdu un temps
précieux, car autant la prcmicre ouverture de
1\I. de 1\ietternich avait été confiante et pressante,
autant sa dépcche du
10
décembre était devenue
froide et évasive. La franchise pouvait done en–
trainer de graves révélalions, mais
a
s'adresser
· au x r eprésentanls du pays pour avoir leur appui,