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L'INVASION. -

DÉGEDllll\E

18!5.

5415

par l'Est avec sa plus forte colon ne, afio de tour–

ncr les défcnscs de la Francc, et de marcher par

Béfort, Langres et Troyes sur Paris . .Napoléon

fit

ses dispositions en conséquence.

11 ordonna aux maréchaux i\Iarmont et Víctor,

qui venaient de sorlir des places, de suivrc l'un

et l'autre !'arete des Vosges, de Str:lsbourg

a

Béfort, de disputcr le plus longtcmps possible

l1

l'cnnemi le passnge de ces montagncs, qu'il vou–

ltit les forccr ou les tourncr par Béfort (voir la

carle nº 61 ), de se rcplier cnsuite sur Épinal,

pour faire face

i.{

la colonne qui se préscntait par

l'Est. Tout ce qu'il y avait de jcune gardc en for–

mation

a

Mctz <lut accourir sur le meme point

d'Épinal, et s'y placer sous le commandement

du maréchal Ney. La vieille garde, acheminée

d'abord sur la Belgique, cut ordr.e de rebrousser

chemín vers Ch:ilons-sur-Marnc, pour prendrc

position a Langres. Napoléon ne laissa en Bel–

gique que la division Roguet, laquelle rnemc ne

devait y restcr que le temps nécessaire pour pcr–

meltre au général Decaen de réunir les prcmiers

éléments d'un corps d'armée. Le grand cíl'ort des

coalisés ne se portant pas <le ce coté, Napoléon

ne voulait y laisscr que les forces indispensables

pour conlenir et ralentir l'cnncmi qui venait du

Nord.

En conséqucnce de ces ordrcs, les corps des

maréchaux lUarmont, Victor, Ney, l\lortier, com–

prenant 60 mille hommcs au plus, raogés d'Épi–

nal a Langres, sur les haulcurs qui séparcnt la

.Franche-Comté de la Bourgognc, devaient dis–

puter a la masse envahissant.e de l'Est l'entréc

des vallées de la i\'Iarne, de l'Aube, de Ja Seinc,

tundís que Napoléon, avec ce qu'on préparait

a

París, avec ce qui arrivait d'Espagne, irait les

soutcnir, et leur apporter le secours de sa pré–

sencc.

Si

Bluchcr, dont le mouvemcnt élait

a

prévoir, arrivant de son cóté par le Nor<l-Est,

s'avan~ait

de l\fctz sur París, pcndant que

SchwarzcnLcrg

y

marcherait par Langres et

Troyes, Napoléon n'était pas sans rcssource con–

tre ce nouveau péril. Macdonald, avec les

11°

et

ñ

0

corps confondus en un seul, avec le 2° de

cavalerie, comptant en lout

11)

mille hommcs,

devait abandonner les Pays-Bas , cótoyer la

colonnc de Bluche1· entréc par l\Ictz, puis se

réunir par Chalons·sur-Marnc

l1

Napoléon, qui,

aprcs s'etrc jeté sur Schwarzenberg, se rejetlc–

rait sur Blucher, suppléerait 'au nombre par

I'activité, l'audacc, l'énergic, ferait, en un mot,

commc il pourrait, combattrait commc

il

gou–

vernait, en déscspér é. La fortune a tant de

favcurs soudaincs, non-seulement pour les auda–

cicux, muis pour les obstinés qui s'opiniatrent et

veulent la ramener

u

tout prix ! Ainsi le con–

quérant qui avait conduit 61>0 mille hommcs en

Russic, apres en avoir laissé

100

mille en ltalie,

500

mille en Espagnc, avait pour résistcr

a

la

coalition européenne cnviron 60 millc combat–

tants rcpliés entre Épinal et Langrcs, 11> millc

se rctirant de Cologne a Namur, 20 ou 50 millc

formés en avant de Paris, et pcul-etre 21:1 millc

arrivant des Pyrénées

!

C'était la tout ce qui lui

rcstait de son immense puissance, et, indépen–

dammcnt du nombre, que dire cncore de la

qualité! Quclques enfants sans instruclion, sans

habits et sans armes, jetés dans les rangs de

quclques vieux soldats épuisés de fatigue; mais

tous ayant le sang franc;ais dans les vcincs, et

conduits par le génic de Napoléon, allaicnt dis–

puter la Francc

a

l'univers irrité, et, comme on

le vcrra bientót, accomplir cncore des prodiges !

11 convient d'ajouter

a

ces moyens l'arméc réu–

nie sur le Rhóne. L'cnnemi annonc;ant le projet

de pousser jusqu'a Gencvc, et pouvantaussi, dans

le cas ou le prince Eugene serait vaincu en llalic,

débouchcr par la Savoic, il fallait de toutc né–

cessité pourvoir

a

la défcnsc de Lyon. Dans le

g1·and are de ccrcle qu'il allait décrirc autour de

París, en manreuvrant contrc les dcux colonnes

cnvahissantcs, Napoléon pouvait bien courir de

l\fclz

;1

Dijon, mais íl ne pouvait pas étendrc son

hras jusqu'a Lyon, et la capitule cut été mcnacée

alors soit par Autun et Auxcrre, soit par l\fou–

lins et Nevers. En conséqucncc il chargca Auge–

r eau, déja tres-fatigué saos doute, mais ayant

conservé un reste d'ardcur et le talent de parlcL·

aux inasscs, d'allcr réunir

a

Lyon des cadrcs,

des conscrits, <les gardes nationaux, et de les

joindrc aux

12

mille hommcs que Suchet lui en–

voyait clu Roussillon. Si ce vieux soldat de Ja

Révolution comprenait son róle, il dcvait rcjctcr

sur Geneve et Chambéry la portion des coalisés

qui aurait fait une tentative sur Lyon, puis dé–

barrassé de ces assaillants,

~·emonter

la Saónc

par Illacon, Chalons , Gray, pour tombcr sur les

<lcrricres de la g1·ande armée qui aurait envahi

la Bourgoguc. Le lrnsard , les circonst.ances pou–

vaicnt lui fournir l'occasion de rendrc

a

la Francc

d'immenses services.

Ainsi, dans une positíon en apparenee déscs–

péréc, Napoléon ne désespérait pas cependant,

et son esprit ne s'était jamaís monlré ni moins

abaltu ni plus riche en ressources. Tandis qu'il

pressait avcc tant d'activité l'achevement de ses