L'INVASION. -
DÉGEDllll\E
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par l'Est avec sa plus forte colon ne, afio de tour–
ncr les défcnscs de la Francc, et de marcher par
Béfort, Langres et Troyes sur Paris . .Napoléon
fit
ses dispositions en conséquence.
11 ordonna aux maréchaux i\Iarmont et Víctor,
qui venaient de sorlir des places, de suivrc l'un
et l'autre !'arete des Vosges, de Str:lsbourg
a
Béfort, de disputcr le plus longtcmps possible
l1
l'cnnemi le passnge de ces montagncs, qu'il vou–
ltit les forccr ou les tourncr par Béfort (voir la
carle nº 61 ), de se rcplier cnsuite sur Épinal,
pour faire face
i.{
la colonne qui se préscntait par
l'Est. Tout ce qu'il y avait de jcune gardc en for–
mation
a
Mctz <lut accourir sur le meme point
d'Épinal, et s'y placer sous le commandement
du maréchal Ney. La vieille garde, acheminée
d'abord sur la Belgique, cut ordr.e de rebrousser
chemín vers Ch:ilons-sur-Marnc, pour prendrc
position a Langres. Napoléon ne laissa en Bel–
gique que la division Roguet, laquelle rnemc ne
devait y restcr que le temps nécessaire pour pcr–
meltre au général Decaen de réunir les prcmiers
éléments d'un corps d'armée. Le grand cíl'ort des
coalisés ne se portant pas <le ce coté, Napoléon
ne voulait y laisscr que les forces indispensables
pour conlenir et ralentir l'cnncmi qui venait du
Nord.
En conséqucnce de ces ordrcs, les corps des
maréchaux lUarmont, Victor, Ney, l\lortier, com–
prenant 60 mille hommcs au plus, raogés d'Épi–
nal a Langres, sur les haulcurs qui séparcnt la
.Franche-Comté de la Bourgognc, devaient dis–
puter a la masse envahissant.e de l'Est l'entréc
des vallées de la i\'Iarne, de l'Aube, de Ja Seinc,
tundís que Napoléon, avec ce qu'on préparait
a
París, avec ce qui arrivait d'Espagne, irait les
soutcnir, et leur apporter le secours de sa pré–
sencc.
Si
Bluchcr, dont le mouvemcnt élait
a
prévoir, arrivant de son cóté par le Nor<l-Est,
s'avan~ait
de l\fctz sur París, pcndant que
SchwarzcnLcrg
y
marcherait par Langres et
Troyes, Napoléon n'était pas sans rcssource con–
tre ce nouveau péril. Macdonald, avec les
11°
et
ñ
0
corps confondus en un seul, avec le 2° de
cavalerie, comptant en lout
11)
mille hommcs,
devait abandonner les Pays-Bas , cótoyer la
colonnc de Bluche1· entréc par l\Ictz, puis se
réunir par Chalons·sur-Marnc
l1
Napoléon, qui,
aprcs s'etrc jeté sur Schwarzenberg, se rejetlc–
rait sur Blucher, suppléerait 'au nombre par
I'activité, l'audacc, l'énergic, ferait, en un mot,
commc il pourrait, combattrait commc
il
gou–
vernait, en déscspér é. La fortune a tant de
favcurs soudaincs, non-seulement pour les auda–
cicux, muis pour les obstinés qui s'opiniatrent et
veulent la ramener
u
tout prix ! Ainsi le con–
quérant qui avait conduit 61>0 mille hommcs en
Russic, apres en avoir laissé
100
mille en ltalie,
500
mille en Espagnc, avait pour résistcr
a
la
coalition européenne cnviron 60 millc combat–
tants rcpliés entre Épinal et Langrcs, 11> millc
se rctirant de Cologne a Namur, 20 ou 50 millc
formés en avant de Paris, et pcul-etre 21:1 millc
arrivant des Pyrénées
!
C'était la tout ce qui lui
rcstait de son immense puissance, et, indépen–
dammcnt du nombre, que dire cncore de la
qualité! Quclques enfants sans instruclion, sans
habits et sans armes, jetés dans les rangs de
quclques vieux soldats épuisés de fatigue; mais
tous ayant le sang franc;ais dans les vcincs, et
conduits par le génic de Napoléon, allaicnt dis–
puter la Francc
a
l'univers irrité, et, comme on
le vcrra bientót, accomplir cncore des prodiges !
11 convient d'ajouter
a
ces moyens l'arméc réu–
nie sur le Rhóne. L'cnnemi annonc;ant le projet
de pousser jusqu'a Gencvc, et pouvantaussi, dans
le cas ou le prince Eugene serait vaincu en llalic,
débouchcr par la Savoic, il fallait de toutc né–
cessité pourvoir
a
la défcnsc de Lyon. Dans le
g1·and are de ccrcle qu'il allait décrirc autour de
París, en manreuvrant contrc les dcux colonnes
cnvahissantcs, Napoléon pouvait bien courir de
l\fclz
;1
Dijon, mais íl ne pouvait pas étendrc son
hras jusqu'a Lyon, et la capitule cut été mcnacée
alors soit par Autun et Auxcrre, soit par l\fou–
lins et Nevers. En conséqucncc il chargca Auge–
r eau, déja tres-fatigué saos doute, mais ayant
conservé un reste d'ardcur et le talent de parlcL·
aux inasscs, d'allcr réunir
a
Lyon des cadrcs,
des conscrits, <les gardes nationaux, et de les
joindrc aux
12
mille hommcs que Suchet lui en–
voyait clu Roussillon. Si ce vieux soldat de Ja
Révolution comprenait son róle, il dcvait rcjctcr
sur Geneve et Chambéry la portion des coalisés
qui aurait fait une tentative sur Lyon, puis dé–
barrassé de ces assaillants,
~·emonter
la Saónc
par Illacon, Chalons , Gray, pour tombcr sur les
<lcrricres de la g1·ande armée qui aurait envahi
la Bourgoguc. Le lrnsard , les circonst.ances pou–
vaicnt lui fournir l'occasion de rendrc
a
la Francc
d'immenses services.
Ainsi, dans une positíon en apparenee déscs–
péréc, Napoléon ne désespérait pas cependant,
et son esprit ne s'était jamaís monlré ni moins
abaltu ni plus riche en ressources. Tandis qu'il
pressait avcc tant d'activité l'achevement de ses