L'JNVASION. -
DÉCEMBRE
18!3.
55t
fils dans ses bras, le eo1,1vrir de earesses, le
rendre
a
l'Impératrice, et, comme s'il cut trouvé
des forces dans le se,ntiment de la i)aternité , re–
doubler le pas en proférant des paroles comme
celles-ci. - Attendez, attendez ... vous appren–
drez sous peu que mes soldats et mo; n'avons pas
oublié notre métier•.. On nous a vaineus entre
l'Elbe et le Rhin, vaincus en not:s trahissant... ,
mais il q'y aura pas de traitres entre le Rhin et
Paris, et vous retrouverez les soldats et
le
général
d'Italie... Ceux qui auront osé violer notre fron–
tiere se repentiront bientót de l'avoir franchie
!
D'ailleurs il restait la r essource des négocia–
tious, et Napoléon se résignait enfin aux limites
naturelles de la France, aux conditions toutefois
que nous avons indiquées. Malheurcusement le
moment ou l'on était disposé
a
nous accorder les
limites naturelles avait passé comme un éclair,
ainsi qu'avait passé
a
Prague le moment ou la
France aurait pu conserver pre que toute sa
grandeur de
1810.
La réponse équivoque aux
propositions de M. de Metternich oyant attiré de
sa part une interpellation formelle sur l'accepta–
tion ou le rejet des bases di tes de Froncfort , la
réponse
a
cette interpellation n'étant partie que
le 2 décembre, et n'ayant été communiquée que
le 5 , un mois avait été perdu, et daos ce mois
tout avait ehangé. La coalition avait senti ses
forces, et, d'uue modération bien passagere, en
était vcnue
a
un véritable débordement de pas–
sions. De toute part, ·en elfet, la contre-révolution
européenne commern;ait
a
souffie1· comme une
tempcte.
C'etait M. de Metternich, s'appuyant sur les
militaires fatigués de cette longue guerre et
effrayés des nouveauX: hasards auxquels on allait
s'exposer au dela du Rhin, qui avait vaincu l'or–
gueil d'Alexandrc, la fureur des Prussiens, l'en–
tetement des Anglais, et avait décidé les confé–
dérés réunis
a
Francfort
a
faire les propositions
portées
a
Parjs par
l\L
d~.Saint-Aignan. M~is
ces
propositions,
a
peine sorties du cercle des sou–
verains et des diploma tes, ne pouvaient manquer
de soulever une <lésapprobation générale. L'en–
touragc d'Alexandre composé d'émigrés alle–
mands, l'état-major de Blucher composé des clu–
bistes du Tugendbund, les agents anglais enfin
suivant le quarticr général
a
divers tjtres, vou–
laient tout autre chose que ce qu'on venait de
proposer, demandaie,r¡t une guert'C U outrance
contre la France et contre NapoJéon, contre la
France pour la réduire
a
ses fronti eres de
1790,
contre Napoléon pour Je détróner et ramener ]es
Bourbons, non-seulement
a
cause de l'innocuité
de ces princes, mais
a
cause du príncipe qu'ils
représentaient.
Accorder
a
Napoléon un répjt dont il profite–
rait pour refaire ses forces et essoyer plus tard
de rétablir sa domination, était
a
Jeurs yeux la
conduite la plus impolilique. Laisser debout en
Italie, en Allemagne, n'importe ou, les nombreux
établ issements fondés par Napoléon , Iaisser exis–
ter ou des princes nouveaux comme lui, ou des
princes anciens devenus ses complices , leur
semblait une faibICsse, une imprévoyance, une
renonciation
a
la victoire au moment de Ja rem–
porter éclatante et complete. Suivant eux, il fal–
lait qu'en Italie il ne restat ni le prince Eqgene
ni Murat, malgré les services passagers qu'on
espérait tirer de ce dernicr, ni aucun rnembrc de
la famill e Bonapartc.
11
follait rcmettre les Bour–
bons
a
Naples, le Pape
a
Rome, les archidues
d'Autriche
a
Florence eta Modene, Ja maison de
Savoie
a
Turin, les Autrichiens
a
Milan et
me~ne
a
Ve11ise. En Allemagne
il
fallait non-seulement
détruire Ja Confédération du Rhin, reuvre détes–
table de Nnpoléon, mais puni_r ses alliés, tels que
Ja Baviere, le Wurtemberg, qu'on dev¡;1it, mal–
gré les promesses les plus formelles, dépossédcr
saos compcnsation des acquisitions qu'ils avaieni
dues
a
la France.
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en était meme certains qui
méritaicnt d'etre punís d'une maniere exem–
plaire, et dans Je nombre le roi <le Saxc surtout,
qu'il fallait détróner et remplacer par le duc de
Saxe-Weimar, en refaisant en scns contraire
l'reuvre de Charlcs-Quint. On devait ne pas mieux
traiter Je roi de Dancmark, qui s'obstinait
a
con–
trari r les desseins de la coalition, en rcfusant
Ja
Norwége
a
Bernadotte. Quant au roí de West–
phalic, Jéróme Bonaparte, sa chute était chose
accomplie, sur Jaquelle il n'y avait plus
a
revenir.
I1 ne fallait pas s'en tenir
a
la rive droite du
Rhin , il fallait se porter sur la rive gauche,
reprendre les anciens électorals ccclésiastiqµes,
Treves, Mayence, Cologne, enfin les Pays-Bas
autrichiens eux-memes, indépendamment
~e
la
Hollande, que personne ne pouvait songer
a
laisser
a
la France. Avec ces immenses territoircs
reconquis
a
la droite et
a
la gauche du Rhin, on
composerait un vaste royaume
a
la Prusse, de
fa<;on
a
la rendre plus puissantc encore que sous
le grand Frédéric; on reconstituerait des États
pour les princes dépossédés par Napoléon, tels
que les princcs de Hesse, d'Orange, de Brunswick,
de Hanovre; on comblerait, en un mot, ses amis
de biens, et on formerait avec eux une confédé-