L'INVASION. -
DÉCElllDRE
1815.
de s'allier
a
l'Autriche, d!'l cette pensée eonduit
a
la visée ambitieuse d'etre Je sauveur et le roi
de l'ILalie, bientót d'ambition en ambition ra–
mené de l'Autricbe a Ja France dans l'espoir de
trouver plus de faveur pour ses nouvellcs vues,
il n'était aucun reve qu'il ne format , aucun e
<l éfection, aucune alliance, auxquelles
iI
ne fUt
tour
a
tour disposé
!
Triste lolll'ment que celui
de l'ambition au désespoir, triste tourmcnt·qui
a
Paris agitait J'ame-de Napoléon avcc la gran–
deur qui luí appartenait, qui
a
Naples au con–
traire, dans une ame bonne mais faible, n'ayant
que le courage du soldat, enfaotait de misérables
orages, et n'était qu'une affiigeante variété d'un
mal que Napoléon avait communiqué a prcsque
tous ses serviteurs
!
En elfet, apres s'élre él evé
lui-meme au tróne, il avHit fait rois , princes,
grands-ducs, ou flatté de l'espéran ce de le de–
venir,
ses
freres, ses Jieutenants, Joseph, Louis,
Jéróme, Murat, Bernadottc, Berthier, et tan t
d'autres qui avaient toucbé de si pres au rang
suprcme, et si en ce moment ils étaient dis–
posés
a
le trahir, ou du moins
a
le servir molle–
ment,
a
qui Ja faute , sinon a luí qui , dans le11r
ame, au noble amour
de
Ja grand eur nationale
avait substitué Ja mesquine passion de leur gran –
deur personnelle?
En ce moment était arrivé
a
Na ples un person–
nage dont la présence devait augmenter beau–
coup Je trouble de Murat, c'était le duc d'O trante,
l\f.
Fouché, que Napoléon avait chargé de s'y
rendre en toute hate. Napoléon, en se séparant
de Murat
a
Erfurt, en avait rei;:u des témoignagcs
qui l'avaicnt touché, mais point abusé. Napo–
léon, quand
il
s'agissait de pénétrer daos les
profondeurs del'ame hu maine , avait une sorte de
pcrspicacité diabolique a laquelle ri co n'échap–
pait.
11
s'était bien douté, en voyant ct·oitre Je
péril, que Murat, sa sc:eur meme, auraient be–
soin d'etrc raffermis dans lcur fid élité, et qu'il
faudrait opposer de
puissant.esinOu ences aux
dangcreuses suggestions de la coalition.
11
l!vait
done songé
a
leur dépecher
l\'I.
Fouché qui,
depuis l'entrée des Autrichiens en Illyri e, était
lui aussi, non pas un roi, mais un proconsul
sans États, resté oisif
a
Vérooe.
11
l'avait jugé
plus propre que tout autre
a
devenir le confident
de Murat, par suite des intrigues qu'ils avaicnt
nouées enseml11e en
1809.
A
cette époque, l\forat
et Je duc d'Olrante, craignant les résultats de la
guerre d'Autriche , avaient cherch é
a
s'entendre
sur ce qu'il faudrait faire du pouvoir en France
dans le cas ou Napoléon serait tu é. Mural avait
du
dans ces cireonstances avoir tant de confiance
en
l\f.
Fou ché, et M. Fouché dans Mural, qu'il
était présumable que la meme confi ance se ré–
tablirait dans des circonstances non moins cri–
tiques. M. Fouché avait done r e<;u l'ordrc de se
r cndre
a
Nll ples, et y était arrivé
a
l'instant
meme ou i\furat était le plu s exposé aux mcnées
autrich iennes.
Bien qu'on pu t fa ire a
l\'J.
Fou ché la confi–
dence d'un e infid élité sans Je r évoltcr, et qu'il fUt
ca pable rle comprendre tout ce qui se passait ac–
tu ellement dans !'ame du r oi de Napl es, celui-ci
par ut plus importuné qu e soulagé par sa pré–
sence. Il se plaignit bea t.: coup de Na poléon,
parla looguement des serviccs qu'il lui avait r en–
dus, des m:111 vais traitements qu'il en avait es-
uyés en plusieurs occasions, notamment apres
Ja ret.raite de Russie, et de la dispositio n de Na–
µoléo n a le sacrifier , si Ja paix de Ja Fra11ce avec
l'Europe tenait
a
ce sacrificc . Il se plaignit, en
un mot, comrne on se plaint lorsqu'oo cherche
des µrétcx
t.espour rompre, et ne s'ouvrit pas
co rn plétcment avec
l\I.
Fouché, qu'iljugeait, dans
Ja situation présente, trop n.écessai rcmeot lié
a
la
cause de Ja Fran ce. Toutefoi s il laissa voir qu'il
dépen lruit de Napoléon J e le ramcner en le
traitant mieux, comrne si, apres lui avoir donné
sa sreur et un tró ne, NapoJ éon restait eucore son
débiteur. En défiuitiv e, M. Fouché n'exer<;a pas
une grande influence sur la cour de Na ples , car
la voix du devoir ne pouvait guere se faire
entendre par sa houche' et quant
a
celle de la
politique, l\Jurat était hors d'état de
la
compren–
dre. M. Fouché Iui dit bien que, parvenu avec
Napol éo n et par Napol éon, il était fatalement con–
da mné
a
se sauver ou
ii
périr avec lui; mais
Murat piqué r épondit assez clairement que ce
qui était vrai pour un révolutionnaire régicide
tel que
1\1.
Fouché, ne l'était pas pour lui soldat
glorieux, dcvant tout
a
son épée. Au surplus,
quelque peu utile que fUt la présence de M. Fou–
ché , elle contribua néanmoins
a
la résolution
que prit Murat d'essayer de s'entendrc avec Na–
poléon, en se fai saut , d'accord avec lui , roi de
J'Italie indépendante et unie. S'il parvenait a
ctre éeouté de Napoléon , ses vc:eux étaient réali–
sés ; s'il n'y réussissait pas, il avait une excuse
pour rompre. En conséqucnce il lui
fit
proposcr
de parta ger l'ltalie en deu x, de donner au prioce
Eugene tout ce qui était
a
la gauche du Pó, de
donn er a luí Murat tout ce qu i était
a
Ja droite,
c'esl-a-dire les trois quarts de la Péniosul e, de Iui
µ ermetti·e ensuite de proclamer l'indépendance