Table of Contents Table of Contents
Previous Page  335 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 335 / 616 Next Page
Page Background

L'rnVASION. -

DtCEMJJRE

'1815.

325

son nom. Plus d'une fois il jura sur ce qu'il y

avait de plus sacré qu'il tiendrait sa parole en.

roi, en honnete homme, en bon ehrétien. Bien–

tót s'animant davantnge, et sorlant des profon–

deurs de sa dissimulation,

il

laissa éclater une

p:ission extraordinaire d'etre libre, de partir, de

régner, ce qui était fort légitime, et insista de

toutes ses forces pour qu'on adoptat sa proposi–

tion, comme la seule qui offrit des chnnces de

succes.

Cependant les instru ctions de Napoléon étant

formelles,

il

fallait bien s'y soumettre, et on

conclut i.m traité par lequel Ferdinand VII de–

vait rentrer en Espagne, des que l'autorité de Ja

régence aurait aceepté ce trailé , et orclonné son

exécution. Les conditions étaient celles que nous

avons dites : intégrité coloniaJe et contincntale

de l'Espagne, restitution des places cspagnolcs,

retour des garnisons

fran~aises,

relraite des ar–

ruées espagnoles et anglaises au dela des Pyré–

uées, amnistíe généralc, pension a Charles

IV.

Le mariage avec une filie de Joseph ne fut point

formellement stipulé. Ferdinand affirma qu'il

u'en contraclerait pas d'autre s'il élait libre, mai s

il ajouta que c'était une chose dont il ne serait

possible· de parler qu'a Madrid mcme.

Les articles ei-dcssus énoneés ayant été signés

le

11

décembre, restait a savoir qui les porterait

a Madrid au nom de Ferdinand. L'envoyé était

tout indiqué, e'était le duc de Séln-Carlos lui–

meme. II fut convenu que ce personnage se ren–

drait en grande h:ite, et en obscrvant le plus

complet incogoito,

a

l'armée de Catalógnc, afin

d'endormir la vigilance des Anglais qu 'il auruil

fort éveillée en passant p:ir le quurtier général

de lord Wellington; qu'il tachera it d'arriver

a

.Madrid, et se transporterait meme

a

Cadix, si la

régence s'y trouvait encore, pour lui présenlcr

Je traité et en obtenir la ratifica! ion. Le duc de

San·Carlos devait persuader aux sujets de Ferdi–

nand VII, devenus ro is

a

sa place, de songer

avant tout

a

le dé!ivrer, et de tout sacrífier

a

cet

objet essentiel.

11

avail en meme temps pour

mission expresse de ne pas adhérer

a

Ja consti-

-tution, et, s'il y était obligé, de ne Je faif'e qu'a, ce

des réserv,es qui permissent de rompre les eoga–

gements qu'on aurait pris avec les soi-disant

facticux.

Ces choses arrctées, le cluc de San-Carlos partil

de

Valen~ay

le

15

déccmbre, accompagné d<'s

vreux des prin ces csp:ignols, qui , mettant clésor–

mais toute dissi mulation de cólé, moutraient

mai11tenant une impatience presque enfantine

de devenir libres. Rassurés sur les intenlions de

Napoléoo, ils consentircnt a revoir ks fideles

srrviteurs doot ils avaient paru se déficr d'abord,

le chanoine Esco'iquiz, le sccrétaire Macanaz, le

défenseur de Saragosse, Palafox. Se flattaot que

ce dcrnier :rnrait plus de crédit aupres des Espa–

gnols que le due de San-Carlos, car il devait etre

rcligieusement écoulé d'eux s'ils n'avaient pas

perd u toute mémoire, on le

fit

partir par une

autre voie avec une copie du traité, afin· d'en

solliciter l'acceplation.

On n'étonner-a pe1·sonne en disant que Napo–

léon avait conduit cetle négocia lioo sans en parlcr

a

son frere Joseph, presque aussi prisonnier

a

l\forfontaine que Ferdinand VII

a

Valen~ay.

Joseph, commc on doit s'cn souvenir, avait re<;u

ordre, npres la bataille de Viltoria, de s'enferme r·

a

l\Jorfontaine, de n'y admettrc pcrsonne, et de

u'en point sortir, sous peine de devenir l'ohjet

de mesures séveres . Napoléon sed éfi ait tellement

du sang actif des Bonaparte, meme chez le plus

modéré de ses freres, qu'il n'avait pas voulu per–

mettre

a

Joseph d'allcr

a

Paris, dans la craintc

qu'il ne c.réat des díffic11ltés

a

la régente. L'espl"it

tout plein des troubles suscités pcndant les mi–

norités royales par les freres, oncles ou cousins

des rois, il voyait toujours Marie-Louise réduitc

a

défendrc son fils contre les prét.entions de ses

beaux-freres. Malgré ces ordres, Joseph était

ven u secrclemrnt a Paris, mais uniquement pour

ses plaisirs , et nullement pour des intrigues

politiques. Le duc de Rovigo, interprétant

a

la

lellre les ordres impériaux, avait fa it dire

a

Jose ph que si ses courses clandestiues se renou–

velaient, il serait obligé d'y mettre obstaele , de

quoi Joscph, déja fort offensé de tout ce qu'il

avait eu

a

souffrir, avait paru profondément

irrité.

Napoléon depuis son retour

a

París n'avait

point vu son f'rcre. ll ne voulut pas cependant

que la négocialion nvec Fcrdinand VII, tout

a

fait terminée, arrivat

a

etre connue de l'Europc

avant de l'etre de Joseph.

11

ehargea le person–

nagc qui ordinairement luí servait d'intermé–

diaire, M. Rrederer, d'aller

a

Morfontaine pour

inf"ormer Joseph de tout ce qui ava it été fait, et

l'engagcr a redevenir paisiblement prince fran–

c;ais, largemcnt doté, siégeant au conseil de ré–

gence, servant de son mi eux Ja France qui était

son unique et dernicr asil e. Joseph eri recevant

ces communicat.ions se plaignit ameremrnt des

Lraitements dont

il

avait été l'ohjet, et montra

des restes de préteutions royales qui auraient