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LIVRE CINQUANTE ET
UNIEME.
fit
avec
80
mille, si cetlc espérance était présomp–
tueuse
!
Napoléon s'occupa ensuite de l' ltalie et de
l'Espagne. Le prince Eugene était sur l'Adigc
avec environ
40
mille hommes, s'y fai sant res–
pecter de l'ennemi, et ayant chance de s'y main–
lenir malgré les tentatives de débarquement des
Anglais, si Murat bornait son infidélité
a
l'inac–
tion. Napoléon ne voulant ni augmenter le nom–
bre des Italiens dans l'armée du prince Eugene,
ni donn'er
a
l'Ilalie de nouveaux motifs de mé–
contentement, s'abstint <;l'y lever la conscription ,
et prit le partí d'y envoyer de France unemasse
suffisante de conscrits. 11 avait déja porté
á
28
mille recrues la part du prince Eugene dans
les levées votées en octobre, et
il
lui en destina
50
millc dans les
500
mille hommes
a
prendre
sur les anciennes classes. 11 ordonna de les choi–
sir en Franche-Comté, en Daupl.tiné, en Pro–
vence, afin qu'ils eussent de moindres distances
a
parc0urir. Le prince Eugene devait les vetir
avec les ressources abondantes de l'Italie, puis
les introduire dans les cadrcs de son armée,
ce qui pourrait lui procmer pres de
100
mille
combattauts au mois d'avril.
La ,
comme ail
leurs, la question était tout entiere dans le
temps qui s'écoulerait avant la reprise des opéra–
tions.
Enfin, quoique ayant renoncé a l'Espagne,
Napoléon devait toutefois s'occuper des Pyrénées,
menacées par les Espagnols, les Portugais et les
Anglais, les uns et les autres affichant l'espé–
rance de venger l'invasion de l'Espagne par celle
de la France. L'armée d'Aragon confiée au maré–
chal Suchet, l'armée ditc d'Espagne confiée au
maréchal Soult, comptaient vingt régiments
chacune, et avaient leurs dépóts entre Nimes,
Montpellier, Perpignan, Carcassonne, Toulouse,
Bayonne, Bordeaux. Napoléon ordonna
a
ces
deux armées de détacher un cadre de bataillon
par régiment, ce qui était fa cile avec la diminu–
tion d'effectif qu'elles avaient éprouvée, et d'en–
voyer ces cadres
a
Montpellier, Nimes, Toulouse
et Bordeaux, ou seraient réunis
60
millc con–
scrits des anciennes classes. Chacun de ces qua–
rante bataillons, recevant1
,500
recrues, devaiten
envoyer
500
aux armées d'Espagne et d'Aragon ,
ce qui recruterait ces armées de
20
mille hommes,
et permettrait de conserver le long des Pyrénées
une réserve de
40
mille pour parer
a
tous les
événements.
Avec les diverses ressources réunics sur les
frontieres de la Belgique, du Rhin, de l'Italie,
des Pyrénées, NapoJéon persistant
a
compter sur
un répit de quatre mois, ne désespérait pas de
triompher des immenses périls de sa situation.
Seulement la disposition
a
obéir
a
ses lois sur le
recrutement diminuait de jour en jour, et ce
n'était pas le langage bruyant des journaux as–
servis, ce n'était pas le silence du Sénat, qui
pouvaient changer cette disposition en un pa–
triotisme ardeut. S'appliquant
a
rendre moins
sensibles les sacrifices exigés de la population,
il
r ecommanda d'achever d'abord la levée sur ]es
trois dernieres classes de
18l5,
18:12, 1811,
et
de ne pas remonter plus haut pour le mornent.
Cette premiere levée devait procurer de
140
a
150
millc hommes. C'étaitseulement apresl'avoir
terminée qu'on aurait recours aux classes plus
anciennes, en négligeant toujours les hommes
mariés, ou peu aptes au service, ou indispen–
sables
a
.Jeurs familles. Par le meme motif il
voulut qu'on s'adressat en premier lieu aux pro–
vinces menacées d'invasion, comme les Landes,
le Laoguedoc, la Franche Comté, l'Alsace, la
Lorraine, la Champagne, provinces ou !'esprit
était meilleur et Je péril plus frappant. Toujours
par esprit de ménagement, Napoléon
fit
retarder
la levée de
18·15,
qui ne pouvait fournir que des
soldats beaucoup trop jcunes, et qui n'eut fait
qu'ajouter une nouvelle souffrance
a
des souf–
fran ces.déja trop vives et trop multipliées. Si la
paix ne mettait pas un terme procliain
a
celle
guerre, il réscrvait la conscription de
18'15
pour
la fin de l'année.
Ce n'était pas tout que de lever des hommes,
il
fallait les équiper, les armer, les pourvoir _de
chevaux de selle et de trait. Napoléon créa des
ateliers extraordinaires
a
Paris,
a
Bordeaux,
a
Toulouse,
a
l\fontpellier,
a
Lyon,
a
Metz, cte.,
afin d'y fa<;onner
d ~s
habits et du linge avec des
draps et des toiles qu'on achetait ou requérait en
payantcomptant. L'équipement, quoique difficile,
r encontrait eocore moins d'obstacles que les
r emontes. La France cependant avait été moins
épuisée que l'Allemagne en chevaux de selle, et
elle en possédait un assez grand nombre d'excel–
lents. Les chevaux de trait pour l'artillerie et les
équipages ne laissaient rien
a
désirer. On venait
d'en acheter 5 mille. Napoléon en
fit
achetcr en–
core autant, et ordonna d'en requérir
10
mille
autres en les payant, et ces
20
mille chevaux
suffisaient, avec ceux qui restaient, pour une
guerre a l'intérieur. Les chevaux de selle étaient
plus rares. Drouot dut en chercher pour la
garde. Des fonds furent envoyés
a
tous les régi·