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520

LIVRE CINQUANTE ET

UNIEME.

fit

avec

80

mille, si cetlc espérance était présomp–

tueuse

!

Napoléon s'occupa ensuite de l' ltalie et de

l'Espagne. Le prince Eugene était sur l'Adigc

avec environ

40

mille hommes, s'y fai sant res–

pecter de l'ennemi, et ayant chance de s'y main–

lenir malgré les tentatives de débarquement des

Anglais, si Murat bornait son infidélité

a

l'inac–

tion. Napoléon ne voulant ni augmenter le nom–

bre des Italiens dans l'armée du prince Eugene,

ni donn'er

a

l'Ilalie de nouveaux motifs de mé–

contentement, s'abstint <;l'y lever la conscription ,

et prit le partí d'y envoyer de France unemasse

suffisante de conscrits. 11 avait déja porté

á

28

mille recrues la part du prince Eugene dans

les levées votées en octobre, et

il

lui en destina

50

millc dans les

500

mille hommes

a

prendre

sur les anciennes classes. 11 ordonna de les choi–

sir en Franche-Comté, en Daupl.tiné, en Pro–

vence, afin qu'ils eussent de moindres distances

a

parc0urir. Le prince Eugene devait les vetir

avec les ressources abondantes de l'Italie, puis

les introduire dans les cadrcs de son armée,

ce qui pourrait lui procmer pres de

100

mille

combattauts au mois d'avril.

La ,

comme ail

leurs, la question était tout entiere dans le

temps qui s'écoulerait avant la reprise des opéra–

tions.

Enfin, quoique ayant renoncé a l'Espagne,

Napoléon devait toutefois s'occuper des Pyrénées,

menacées par les Espagnols, les Portugais et les

Anglais, les uns et les autres affichant l'espé–

rance de venger l'invasion de l'Espagne par celle

de la France. L'armée d'Aragon confiée au maré–

chal Suchet, l'armée ditc d'Espagne confiée au

maréchal Soult, comptaient vingt régiments

chacune, et avaient leurs dépóts entre Nimes,

Montpellier, Perpignan, Carcassonne, Toulouse,

Bayonne, Bordeaux. Napoléon ordonna

a

ces

deux armées de détacher un cadre de bataillon

par régiment, ce qui était fa cile avec la diminu–

tion d'effectif qu'elles avaient éprouvée, et d'en–

voyer ces cadres

a

Montpellier, Nimes, Toulouse

et Bordeaux, ou seraient réunis

60

millc con–

scrits des anciennes classes. Chacun de ces qua–

rante bataillons, recevant1

,500

recrues, devaiten

envoyer

500

aux armées d'Espagne et d'Aragon ,

ce qui recruterait ces armées de

20

mille hommes,

et permettrait de conserver le long des Pyrénées

une réserve de

40

mille pour parer

a

tous les

événements.

Avec les diverses ressources réunics sur les

frontieres de la Belgique, du Rhin, de l'Italie,

des Pyrénées, NapoJéon persistant

a

compter sur

un répit de quatre mois, ne désespérait pas de

triompher des immenses périls de sa situation.

Seulement la disposition

a

obéir

a

ses lois sur le

recrutement diminuait de jour en jour, et ce

n'était pas le langage bruyant des journaux as–

servis, ce n'était pas le silence du Sénat, qui

pouvaient changer cette disposition en un pa–

triotisme ardeut. S'appliquant

a

rendre moins

sensibles les sacrifices exigés de la population,

il

r ecommanda d'achever d'abord la levée sur ]es

trois dernieres classes de

18l5,

18:12, 1811,

et

de ne pas remonter plus haut pour le mornent.

Cette premiere levée devait procurer de

140

a

150

millc hommes. C'étaitseulement apresl'avoir

terminée qu'on aurait recours aux classes plus

anciennes, en négligeant toujours les hommes

mariés, ou peu aptes au service, ou indispen–

sables

a

.Jeurs familles. Par le meme motif il

voulut qu'on s'adressat en premier lieu aux pro–

vinces menacées d'invasion, comme les Landes,

le Laoguedoc, la Franche Comté, l'Alsace, la

Lorraine, la Champagne, provinces ou !'esprit

était meilleur et Je péril plus frappant. Toujours

par esprit de ménagement, Napoléon

fit

retarder

la levée de

18·15,

qui ne pouvait fournir que des

soldats beaucoup trop jcunes, et qui n'eut fait

qu'ajouter une nouvelle souffrance

a

des souf–

fran ces.déja trop vives et trop multipliées. Si la

paix ne mettait pas un terme procliain

a

celle

guerre, il réscrvait la conscription de

18'15

pour

la fin de l'année.

Ce n'était pas tout que de lever des hommes,

il

fallait les équiper, les armer, les pourvoir _de

chevaux de selle et de trait. Napoléon créa des

ateliers extraordinaires

a

Paris,

a

Bordeaux,

a

Toulouse,

a

l\fontpellier,

a

Lyon,

a

Metz, cte.,

afin d'y fa<;onner

d ~s

habits et du linge avec des

draps et des toiles qu'on achetait ou requérait en

payantcomptant. L'équipement, quoique difficile,

r encontrait eocore moins d'obstacles que les

r emontes. La France cependant avait été moins

épuisée que l'Allemagne en chevaux de selle, et

elle en possédait un assez grand nombre d'excel–

lents. Les chevaux de trait pour l'artillerie et les

équipages ne laissaient rien

a

désirer. On venait

d'en acheter 5 mille. Napoléon en

fit

achetcr en–

core autant, et ordonna d'en requérir

10

mille

autres en les payant, et ces

20

mille chevaux

suffisaient, avec ceux qui restaient, pour une

guerre a l'intérieur. Les chevaux de selle étaient

plus rares. Drouot dut en chercher pour la

garde. Des fonds furent envoyés

a

tous les régi·