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L'INVASfON. -

DÉCEMDRE

1815.

5t9

]'une de ces trois routes. On vient de voir que

Napoléon, en prenantdans lesdépóts les hommes

actuellemelilt formés, et en y ajoutant ensuitc

les conscrits des anciennes classes qu'on se dis–

penserait, en cas d'urgence, de faire passer par

les dépóts et. qu'on cnverrait directement aux

régiments, espérait porter d'abord

a

80, puis

n

140 mille hommes l'infanterie des co11ps établis

sur le Rhin. Il se flattait, en réorganisant saca ....

valerie et son artillerie, de les porter

a

200 milie

hommes au printemps, et enfin

a

500 mille en

y

joignant la garde impériale.

11

projetait en effet

de donner

a

celle-ci une extension qu'elle n'avait

j amais eue. Voici q.uelles furent

a

cet égard ses

com.binaisQns.

Bien qu'elle eut de g-raves inconvénients, la

garde, par son excellent esprit, par sa forte dis–

cipline, avait rendu les plus grands services dans

Ja dernierecampagne, soit en frappant des coups

décisifs les jeurs de bataille, soit en conservant

daos les revers une tenue qye ne présentait pas

le J?esie de l'armée. Elfo étai•t réduite en ce mo–

ment

a

environ 12 miUe hommes d'infanterie,

et

a

5 ou 4 miJle de eavalerie. Elle consistait en

deux divisions de vieille garde, grenadiers et

chasseurs, deux de mQyenne garde, fusiliers et

flanqucurs, et

qua~re

de jeune garde, tirailleurs

et voltigeurs. Comme elle abondait en sujets ca–

pables de devenir de tres-boas sous-officiers, il

était facile de l"étendre sans en altérer !'esprit,

saos en di:minuer

la

consistance. C'était de tous

les corps de l'armée celui ou

il

était le plus aisé

de jeter des milliers de jeunes gens, qui se trans–

formaient tout de suite en soldats. Napoléon avait

pour y réussir une facilité de plus, due tout en–

tiere

a

un seul homme, et cet homme était l'il–

lustre Drouot, officier supéricur d'artillerie dans

la garde, et modele accompli de toutes les vertus

guerrieres. Drouot, simple et meme un pcu

gauche dans ses allures, n'avait pas été d'abord

apprécié par Napoléon. Mais tandis que daos ces

guerres inccssantes, l'ambition faisant des pro–

gres et la fatigue aussi, on éiait obligé de récom–

penser plus cherement des services moindres,

Napoléon avait été frappé de l'attitude de cet of–

ficier, connaissant

a

fond toutes les parties de

son métier, s'y appliquant avec une ardeur infa–

tigable, saos se rehicher jamais, saos chercher

comme beaucoup d'autres

a

se faire valoir

a

me–

sure que les difficultés augmentaient, propGr–

tionnant ainsi en silence son intrépidité aux pé–

rils, son zele aux embarras, n'ayant pas flatté

son maitre jadis, ne cJ:ierchant pas

a

l'aflHger

par ses critiques aujourd'hui , se bornant

a

servir

de toutes ses facultés le prince et la patrie qu'il

confondait daos la meme affection et le meme

dévouement. Napoléon comme les despotes de

génie, jouissant des adulatcurs saos les croire,

n e pouvait s'empecher d'eslimer et de recher–

cber les honnetes gens quand il les r encontrait,

et il avait peu

a

peu ressenti pour Drouot un

penchant qui s'étai t acera avec ses malheurs, et,

au rn oment ou nous sommes ar.rivés,

il

avait ré–

solu de lui confier sa garde tout entiere.

JI

s

'éta.it

aper<;u que le ministre Clarke succombait sous

la besogne, et meme que sa fidélité s'ébranlait.

Aussi avait-il commcncé

a

s'en défier profondé–

ment.

11

fit done de Drouot, saos lui conférer

d'autre litre que celui de son aide de camp, un

véri Lable ministre de la garde impériale ,

11

lui

attribua le soin de toutes les promotions, qui al–

laient devenir nombreuses dans un corps destiné

a

s'accroitre considérablement , et lui confia en

outre sa dernicre re¡;source, sa

poire pou1•

la

soif,

oomme

il

l'appelait, les 65 mi.Ilions restant de ses

économies personnelles, certain que Drouot équi–

perait les divers corps de la garde avec autant

d'économio qu'on pouvait l'espérer de la probité

la plus purc, de

la

vigilance la plus soutenue.

En conséquence, d'apres les instructions de

Napoléon , les compagnies furent portées de

quatre

a

six dans les bataillons de la garde. Les

bataillons durent elre portés

a

dix-huit dans la

vieille gardc ,

a

huit dans la

moye~ne,

a

cin–

quante-deux dans la jeune. La vieille garde de–

vait se recruter avec des sujets d'élite prélevés

sur toute l'armée, la moyenne et la jeune avec

des conscrits, en ayant soin de ohoisir. les meil–

leurs . Ces diverses combinaisons, si elles s'exé–

cutnicnt, ne pouvaient pas donner moins de

80 mille hommes d'infanterie. Avec la cavalerie,

l'artillerie, le génie, les pares, Napoléon ne

croyait pas rester au-dessous <le 100 mille

hommes.

11

autorisa Drouot

a

acheter des che–

vaux,

a

faire confectionner des affuts pour l'ar–

tillerie,

a

créer

a

Paris et

a

Metz des atelicrs

d'habiHemcnt, en lui recommandant de tout

faire , de tout payer lui-meme, et sans employer

l'intermédiairc du ministre de la guerre. Drouot

devait recevoir du trésorier particulier de Napo–

léon les fonds dont

il

aurait besoin.

Avec 200 mille hommes de l'armée de ligue,

avec 100 mille hommcs de la garde impériale,

Napoléon ne désespérait pas de rejeter hors de

notre territoire les ar.mées de la coafüion qui

oseraient J'envahil'. On vcrra bienLót, par ce qu'il