VINVASION. -
DtCE~IBRE
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chal Víctor
a
Strasbourg , _le maréchal l\fa r mont
a
Mayence,, le maréchal Macdonald a Cologne et
'Vesel, eurent pour instruction de s'occupcr tant
de la réorganisation de leurs corps que de la com–
position des garnisons. Tous les détachcments
revenant de la
52e
division militaire, c'est-a-dire
des pays compris entre Hambourg et Wesel ,
formerent le fond de la garnison de .,Vesel.
Le 4e corps, infortuné débrís de ta nt de corps
confondus en un seul , fut chargé de la défense
de Mayence sous le général Mor and , son ancien
chef. Le général Bertrand, qui avait commandé
ce corps en dernier lieu, avait été nommé grand
maréchal du palais en récompcnse de son dé–
vouement. Strasbourg
re~ut
quelques cadres
ruinés, qu'on devait remplir avec des conscrits
et des gardes nationaux. La fid élité de l'Alsace
permettait de recourir
a
la milice nationale, dont
Napoléon n 'aimait pas
a
se ser vir,' except é pour
la défense des places. Des cadres d'ar tillerie, re–
crutés a la hate avec des conscrits, fournirent le
personnel de cetle arme. On lui don na autan t
que possible de bons commandants, auxquels on
adjoignit quelques officicrs du génie, ch oisis
parmi les moins agés de ceux qui r estaient en
France, et on prescrivit
a
tous d'employer l' hiver
a
s'organiser de leur mieux .
11
faut r econnaitre
que de leur part le zele n'y faillit point.
Les mesures adoptées pour les trois plus im–
portantes places de la premicre ligne, Stras–
bourg, Mayence, Wesel , furent, sa uf q uelques
différences locales, exécutées dans toutcs les
autres. En se rapprochant de la vieilleFr ance les
gardes nationales furent appelées avec plus de
confiance
a
la défense du pays. Nous venons de
dire que Napoléon n'était pas tres-porté
a
les
employer. Sans doute
il
s'en défiait parce qu'elles
pouvaient réfléchir d'une maniere fach euse la
disposition actuelle des esprits; pourtant ses mo–
tifs n'étaient pas exclusivement égo1stes. Daos
un moment ou
il
demandait
a
la population pres
de 600 mille hommes,
il
craignait de pousser
l'exaspération au comble en s'adressant
a
toutes
les classes de citoyens
a
la fois, et sur lout
a
celle
des peres de famille, qui compose particuliere–
ment la garde nationale. D'ailleurs, manqu¡mt
des matieres nécessaires pour armer et habiller
ses soldats, il aimait mieux donner les draps et
les fusils
a
I'armée qu'aux gardes nationales. Seu–
Iement dans les places frontieres ou l'on n'avait
pas le temps de jeter des corps organisés, les
gardes nationales se trouvant toutes formées , et
ayant de plus !'esprit militaire,
il
les admit
a
compléter les garnisons. 11 consen tit auss i
a
s'en
servir dans quelques grandes villes de l'íntéríeur
ou l'ordre pouvait etre accidcntellemcnt troublé
par }'extreme agitfltion des esprits, et
iI
décida
que da ns ces villes les priocipaux habitants formés
en bataillons de grcnadiers et de chasseurs,
armés et habillés
a
leurs frais , commandés par
des officiers surs, seraicnt chargés de main tenir
la tranquillité publiqu e.
Napoléon s'occupa ensui te de l'armée active.
Aux divers maux qu i avaien t assailli nos t1·oupes
depu is leu r rel our d'Allernagne, venait de s'en
ajouter un plus affreux que tous les autres, c'était
le typhus. Né daos les
h ópi ~a ux
encombrés de
l'Elbe, apporté sur le Rhin par les blessés, les
malades, les trainards,
il
ava it exercé des ra–
vages épouvantables, particuliercment
a
Mayence.
Le
4e
corps, porté
a
15 mille hommes par
Ja
réunion des 4e. 12e, 7e et 16e corps, et bientót
a
50 mille par I'adj onction successive des soldats
isolés, avait perdu en un mois la moi tié de son
effectif, et était r etombé
a
moins de 11) mille
hommes. Des militaires le typhus s'était commu–
niqué aux habitants, et il mourait presque autant
des u ns que des autres. Cct horr ible
fléa~
avait
pris, sous l'inlluence de la misere, des formes
hideuses et qu i navraien t le creur. On voyai t chez
nos jeunes soldats, dont la constitution était ap–
pauvrie par les privations et la fatigu e, les doigts
des pieds et des mains, atteints par la gangrene,
se détacher piece
a
piece. A Mayence l'épouvante
était dcvenue générale, et sur les vives instances
des habitants, les administrateurs, dans l'espoir
de diminuer l'infection , avaient ordonné des éva–
cuations précipitées vers l'intérieur. Cette me–
sure avait entrainé de nouvelles calami tés, et on
rencontrait sur les r ou tes des charrettes char–
gées d'une trentaine de malh.eureux, les uns
morts, les autres
expiran~
a
cóté des cadavres
auxquels ils étaient_attachés. De plus la conta–
gion
commen~ait
a
s'étendre de la premiere
a
la
seconde ligne de nos places, et la ville de Metz
avai t frémi en apprenant la mort de quelques
soldats atteints d u typhus dans ses hópitaux.
Le maréchal Marmon t, vivement ému de cet
affreux spectacle, s'était donné beaucoup de peine
pour diminuer le mal, et avait d'abord empeché
les évacuations qui exposaient tant d'infortunés
a
périr sur les routes, et
mena~aient
de la conta–
gion nos villes de l'intér ieur. Il avait_ occupé
d'autorité tous les batimen ts qui pouvaient etre
convertís en hópitaux, et avait évacué les ma–
Iades d'un hópital sur l'autre, sans les faire trans-
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