L'INVASION. -
NOVEMBRE
1815.
507
lui reruettre par écrit le r ésumé des conditions
proposées. M. de Metierniéh n'y vit aucune dif–
ficulté, et. remit
a
M. de Saint-Aignau une note
fort courte, mais précise , contenant les énoncia–
tions suivantes.
L'Europe ne se
diviser~it
po\nt quoi qu'il arri–
vat, et resterait unie jusqu'li
la
paix. Cette paix
dcvait etre génórale, et maritime aussi bien que
co~1tineRtale.
E\le serait fondée sur le principe
de I'indépendance de toutes les nations, dans
leurs limites 9u naturelles ou historiques. La
F1·ance conserve.rait Je Rhin, les Alpes, les Pyré–
néci;., mais devrait s'y renfermer; la Hollande
scrait
i~dépen~ante,
et ses frontieres du cóté de
la
Franc~
seraient uliérieurement détermi uécs;
l'ltalie
serll~t
égalemcnt indépcodante , et on
pourrait discutcr le!? limites que l'Autriche y
aurait du
cót~
dq
Friou,l, aipsi que la France du
coté du Pié.cmm.t.
L'~spagne
rcco.uvrcrait sa
dynastie ; cette. condition
é.~ait
sine qua non.
L'.Angleterre feraH aussi des restitµtions au dela
des nwrs} et chaque na.tion jouirait de la liberté
du
c~QIIJle.rce
telle
qu'c.11~ serai~
stipulée par le
droit
de~
gens, etc•.. ·
Sur ce de:rnier-point seulement lord Al;>erdeen
éleva q,uelques .
diffi~ultés
de rédaction , mais on
Jaissa
l\
1\1.
de l)fettennich, qt,Ii ter:iait
la
plome, le
s~in
de t.rou:ver
~es
termes vagues que nous ve–
nons de
r.app.or-ter, et on dirigea immédiatement
l\f.
de Sil.int-Aignan sur Mayence, en le rendant
porteu,r des p;iroles les plus affectueuses pour
M. de Gaulaincourt.
On
fit
dire
a
celui-ci qu'on
le savl\it si honnete '{lomme
et
si jQste, qu'on était
prct
a
l'accep.ter comme arbitre des conditions
de Ja paix, si Napoléon voulait lui confier des
pleiqs pouvoirs pour la conclure.
M. de Saint-Aignan
arriv~
le
11
novembre
a
lUayence, et
le
t4
a
Paris.
11
se bata de rcmettre
son
messa.gea
l'\1.
de Bas ano, qui le transmit
sur-Ie,champ
a
N~poléon.
Ce miµistr e était, il
faut le reconnaitre, considérablement hangé.
De
sa dangm:euse infatuation il n'a.vait conservé
que les dehors. L'esprit, le caractere meme,
nvaient cédé sous le poids des événements. Il
eut done la sagesse d'appuyer aupres de Napo–
Jéon les proposilions de Francfort. Elles étaient
certes bien belles, bien acceptables cpcore
!
Que
pouvions-nous cu efl'et désirer au dela des Alpes
et du Rhin ? Qu'a ions-nous trouvé
en
outre–
passant ces frontieres si puissantes
et
i claire–
m.ont tracées ? Rien que la haine des peuples,
l'effusion eontinue de Jeur sang et du nótre, des
trónes de
famille
difficiles
a
soulenir pr que
lous tombés en ce room nt ou lou rnés contre
nous, parce qu'a une iníluence légitimc sur des
pcuples voisin nous avions voulu donner la
forme humiliantc de I'oyauté étrangere ; et si
cnfi u, par orgucil , ou affcction fratcrnelle nous
cxigíons absolumcnt quelque cbose au dela du
Rhin ou des Alpc , ne restait-il pas, dans le
termes employés pour fixer les limites de la Hol–
lando et <le rJtalie, le moyen d'obtcnir de suffi–
santes indemnités de famille? .
11
n'y avai t done pas une seule raison de refu–
ser les propositions indirccles mais positives de
Francfort. Aussi Napoléon n'y pensait-il pas le
moins du monde, bien que son orgucil souffrit
cruellement; mais
il
recueillait le triste prix de
ses fautes, car il ne pouvait guere se montrer
accommodant saos s'affaiblir. Ne pas acceptei·
sur-lc-ohamp les propositions venues de Franc–
fort, c'était Jaisser
a
la coalition le moyen de se
déd ire lorsqu'elle finfrait par connaitre Je dénu·
ment de la France, la dispersion de ses ressources
depuis Cadix jusq u'a Dantzig, son abattement
moral , son détachement de Napoléon , lorsquc
surlout le peuple anglais, s'exaltant
a
la nouvelle
des derniers succes de la coa:lition, voudrait en
tire.r les plus C1'lremes conséquences. Il y avait
e.e danger, et c
'é.ta.it, en effet, le plus grave, majg
il y en avait un autre aussi, c'était d'avouer soi–
meme ce qu'on cra ignait que Ja coalition ne
devinat bientót, en laissant paraitre par trop de
condescendance l'impuissance
a
laqueJlc
OD
était
r éduit. De la part d'un caraclere moins enlier
que celui de Napoléon, la condescendance aurait
pu elre prise pour
de
l'esprit de conciliation ;
mais de sa part céder
a
l'instant sur tous les
points, pour licr sur tous
le
points les puis–
sances coa.lisées, c'était avouer une affrcuse dé–
tresse. Aussi
a
coté du danger de rési ter , y
avait-iJ celui de céder : effet trop ordinaire de
mauvaiscs onrluites, qui vous amenent
a
des si–
tuations ou tout cst péril, et ou
il
a autan t
d'incon énient
a
reculer qu'a s'avancer
!
Pourtant le plu grand péril étant de paraitrc
in traitables, de fournir ain i
a
ccux qui nou fai-
aicnt
a
regret les concession de rancfort
1
droit de le retirer, il alait mieux consentir
a
tout, et tout de uite, au ri que de lai er échap–
per un secr et que du reste on ne pom ait pa
cacher loogt mps . apoléon voulut par la promp–
titude de la répon ·e mo1 tr r un ertain em–
pr
ment
a
négocier ' t n'ayant pri que
la journée du
15
pour réll 'chir,
il
fit r pon–
dre de le l nd m in 16. Mais la forme d
1