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502

LIVRE CTNQUANTE

ET

UNIEJUE.

gosse, Tudela, Pampcfonc, avcc cnviron 2[) mille

hommes ; tantot que le m11réclrnl, repassant les

Pyrénées et faisnnt

a

l'inl éricur l'immcnse détour

de Pcrpignan, Toulouse, Bciyonne, se réunít

a

lui pour d ébouchcr en massc conlrc les Angl11is.

Le premier de ces plans ex posa it le mAréchal

Suchet au dangcr d'exécul er une marche de plus

de cent licues entre l'armée anglo-sicilienne qui

était de 70 rnille hommes, les Calalans com–

pris, et l'armée de lord Wcllinglon qui ét.a it de

100 rnille, c'cst-a-dirc au dnn ger d'étrc accablé

par ces forces réunics, ou bien rcjeté en Espagnc,

oú il aurait été pour ainsi dire précipité dans un

gouffrc. Le second plan , en le condamnant

a

un

trajct de cent cinqunntc licues en Francc, livrait

les places de Ja Catalogne et Ja frontiere du Rous–

sillon

a

l'armée anglo-sicilicnne, pour un succes

bien inccrtain , car

il

é~ait

douteux que le maré–

chal Soult, n'ayant pas su batlre l'armée anglaise

avec 70 mille hommcs, y r éussit avec 90 mílle,

la force numériquc ne lui ayant pas manqué

dans les derniers combats. Tous ces flrojets

avaient été jugés impralicables, et

il

n'y avait

que la fin de la guerre d'Espagnc qui, en faisant

cesser l'alliance des Espagnols avec les Anglais,

ptlt nous débarrasser des nns et des autres, snuf

a

voir les Anglais repar11ilre plu s tard sur un

point quelconque de nos frontieres maritimcs.

Le 7 octobre enfin, Je maréclrnl Soult s'était

laissé surprendre sur sa droite,

a

Andaye, avait

pcrdu 2 ,400 hommes , et avait été obligé de

céder

a

l'enncmi une premierc portion du terri–

toire fran¡;ais. Pampelune ava it ouvert ses portes

le 51, et lord Wclling ton, n'ayant plus aucun

motif de s'arreter

a

Ja frontierc , allait étre amené,

presque rnalgré luí,

a

la fran chir.

La situalfon de nos armées était done fort

triste sur tous les points : sur le H.hin,

ñO

a

60 millc hommes épuisés de fatigue, suivis d'u n

nombre égal de trainards et de malades, ayant

a

combattre les 500 mille hommcs de Ja coalition

européenne; en Italie, 56 mille combattants,

vieux et jeunes, se trouvant aux prises, sur

l'Adige, avec 60 rnille Autrichiens , et ayant

a

contenir l'Italie fatiguée de nous; Murat prct

a

nous abandonner; sur Ja fronticre d'Espagne,

50 mille vieux soldats, r ebutés par l'infortune,

défcndant

a

peine les Pyrénées occidentales

contre les 100 mille hommes victorieux de lord

Wellington, et, sur cette meme frontiere, 25 mille

autres vicux soldats, en bon élat sans doute,

rnais ayant

a

disputer les Pyrénées orientales

a

plus de 70 mille Anglais, Siciliens et Catalans,

tcl étnit l'état exact de nos

affair~s

mililaircs ex–

primé en nombres précis. Napoléon, il est vrai,

avnit prouvé cent fois avcc qucllc r apidité prodi–

gieuse il sav::iit créer les ressom·ccs, mais jamais

il ne s'ét.ait trou vé dans une pareillc détresse

!

Plus de 140 mille hommes de nos rneillcures

troupes étaient dissémin és dans les ptaccs de

l'Europe; il ne restait en France que des dépols

ruin és , qui déja, dans cette annéc

l

815 , s'étaient

efforcés de drcsscr en deux ou trois mois de

jeunes rccrucs, et leur avaient donné en officiers

~t

sous-offi ciers lout ce qu'ils contcnaient de

meilleur. Sans doute, il

y

avait encore dans les

régiments qui r entraient en France de vicux

soldats et de vieux officiers, mais on allait etrc

obligé de leur envoyer directcment les conscrils

non habillés, non ·instruits, pour qu'ils fissent ce

que les dépots n'auraicnt ni le temps ni Ja force

de foire eux-memcs, et ils allaient etre contraints

d'employer

a

instruire des recrues le temps qu'ils

auraient eu besoin d'employer

a

se reposer, si

meme l'cnnemi leur en laissait le Joisir

!

Nos

places, qui auraient pu servir d'appui

a

l'armée,

étaient , comme nous l'avons dit, dépourvues de

tous moyens de défense. L'cnvoi d'un matéricl

immcnse au dela de nos frontieres les avait pri–

vées des objcts les plus indispensables. On avait

a Magdebourg et

a

Hambourg ce qu'on aurait du

avoir a Strasbourg et

a

l\fetz,

a

Alexandrie ce

qu'il aurait fallu avoir

a

Grcnoble. Une partie

memc de J'artillcric de Lille se trouvait encore

au camp de Boulognc. Ce n'était pas le matéricl

scul qui manquait. Le personnel des officicrs du

génie, si nombreux, si savant, si brave en

France, était dispersé dans plus de cent villcs

étrangeres. A peine avait-on le tcmps de former

a la hale quelques cohortes de gardes nationales

pour accourir

a

Strasbourg,

a

Landau,

a

Metz, a

Lillc

!

Ainsi, pour conquérir le monde qui nous

échappait, Ja France était derneurée sans défense.

Nos finances, jadis si prosperes, conduites avec

un esprit d'ordre si admirable, s'étaient autant

épuisées que nos armées pour la chimere de la

domination universelle. Les domaines

commu~

na ux , cmployés

a

liquider les exercices

1811

et

1812, et

a

solder l'insuffisance de celui de 1Sf5,

étaient r cstés invendus. C'est tout au plus s'il

s'était présenté des achcteurs pour 1

O

millions

de ces domaincs. Le papier qui en. représentait

le prix anticipé, perdait de 15

a

20 pour cent,

bien que la prcsque totalité de ce qt1i avait été

émis se trouvat dans les caisses de la Banque et

dans celles de la couronne elle-meme, qui en