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298

LIVRE CINQUANTE El

UNIEJ\IE.

sions d'infanterie et une de can! rie, jeunes en

soldats, mais vieilles en officiers, et avec leur

secours il avait essayé de gardcr Ja Drave et la

Save de Villach a La)•bach, couvrant Je Tyrol

par sa ga uche, la Carniole par a droite. (Voir la

carle nº

31.)

Apres s'étre maintenu, pendant les

mois d'aout, ele septembre et d'octobre, sur cette

ligne si étendue, attendant toujours les Napoli–

tains qui n'arrivaicnt pas, il avaít vu les Autri–

chiens se présen ter en masse aux débouchés de

la Carinthie, son armée s'amoindrir par la déser–

tion des Croates et

des

Italiens, et il s'éta it suc–

cessivement replié d'a bord sur l'Isonzo, puis sur

le Tagliamento. La défcction de la Bavicre, ou–

vrant tous les passages du Tyrol sur sa gauch e,

avait rendu la position encore plus difiicilc, et,

dans le désir de couvrir

a

la fois Vérone el Trieste,

il

avait partagé son armée en dcux corps. 11

avait envoyé le général Grcnicr sur .Bassano avcc

15 mille hommcs, tandis qu'avec 20 millc

il

ta–

chait, en manmuvrant en tre le Taglit1mcnto et la

Piave, de couvrir le Frioul et Venisc. C'était

l'étude des campngncs du gé11ér al Bonaparte qui

luí avait inspiré l'idée d'cmoycr le géuéral Gre–

nicr dans la vallée de Bassaoo, car en rcmon lant

cette vallée, ce généra l pouvait se jeler da11s le

flan c des Autr·icbicns, landis qu e le général Gif–

lenga e sayait, avec quclq ucs mi lle hommes, de les

contenir de front entre Trente et Ro vcredo.·l\Jais

il ne suffit pas d'empruntcr leurs i<léesaux grands

capitaincs, il faudrnit aussi lcur emprunter Ja

précision et l'éncrgie de l'exécution; or le géné–

ral Grenier, lalonnant sa os cesse, avait perdu un

lemps précieux, et Je prin ce Eugcne, c1ui dispo-

ai t tou t au plus de 20 mi lle hommes pour

ré istcr

a

la colonnc des Autrichicns venant de

Laybach , avai t crainL d"ctre rejelé ur l'Aelige,

e'est-i1-dire en arriere de l'ou vcrture de la vallée

de Bas·ano, ce qui !'cut séparéelu généralGrenier.

11 avait done rappelé cclui-ci, pour se r ctirer dé–

finitivement sur Véronc.11 ava it ai11si abandonné

aux Autrichiens la Carni olc, le Frioul,

le

Tyrol

italien, et gardé sculcmen t les places, c'e t-a-dire

Osopo, Pnlma -Nova, Venise. La nécessilé ele

laisser quelques garniso ns dans ces illlporta nlcs

forterc~

es et la désertiou l'avaient réduit

a

56 millc hommes de troupes aclives, tand is c1ue

les géoéraux ennemis, Hillcr et Bel legard e, en

comp laient 60 mille, indépendamruent des insur–

gé t rolien .

Uoefoi eoocentré ur l'Adigc, le princcEugcne,

rcprenant confiance, et e jetant ur les Autri–

chiens , laotót

a

gaucbe vers Ro erc<lo, tan tót de-

vant

lui

vcrs Caldiero, Jeur avaü tué ou pri sept

ou huit mille hommcs en divcrs combats. 11 élait

parvenu ainsi

a

se faire respectcr ; mais, ayant

derrierc lui l'Italie que les souffranccs de la

guerrc avaient détachée de nous, que les pretres

et les Anglais excitaien t

a

In

révoltc, et que "Murat

ne cherchait point

t\

nous ramener, il était dou–

teux qu'il réussit

a

se soutenir. 11 ne pouvait

répondrc que

de

sa_fid élité, et de la sicnne, hélas,

toute scule

!

La désolante nouvellc de Leípzig

avait constern é et fortcment ébranlé les cours

d'Jtalie , quoiqu'clles fu ssent loutes d'origine

frarH;ai se. Quant au prinee Eugene, époux, comme

on sait, d'une princesse bavaroise, son beau–

pcrc lui avait envoyé un officier pour l'informer

des motifs impérieux qui avaicot détaché la Ba–

vicre de la Franee, et pour lui proposcr, au nom

de la coalition, une principauté en ltalie, s'il con–

sentait

a

abandonner la cause de Napoléoo. Le

prince Eugene, plein de douleur

CD

songeant

a

sa

fcmme et a ses enfaots qu'il aimait, et qu'il

craignait de voir bientót privés de tout patri–

moinc, avait répondu que, devant sa fortuue

a

Na poléon, il ne pouvait se séparcr de Jui , et que

réd11 it peut-ctrc avan t peu

a

cliercher un asile

a l\Iuoich, il était ccrtain que le roí de Baviere

aimerai t mieux y reecvoir un gcndre saos cou–

r oonc qu' un gcndre sans hooneur ! Le prinee

Eugenc, apres celte honorable réponse, s'était

bomé

a

communiquer

a

Napoléon le récit exact

de cette entrevue.

La fin de l'année 18 15 avait été plus triste

encore en Espagne qu'en Italic. On

se

souvient

que Napoléon,

a

la suite de Ja bataillc de Vitto–

ria, profond ément irrité contrc son frere Josep·h

et co11trn le maréch al Jourdan , avait chargé Je

maréchul Soult d'aller rétablir nos aífaires en

E pagnc, et lui avait conféré, pour rendre son

autorilé plus impo ante, Ja qualilé de lieulenant

de l'Empereur. Le maréch al Soult, dont on se

rappellesans douteles démelés avec le roi J oseph,

revena11t avec le pouvoir de faircarreler ce prince

s'il résislait, avait éprouvé une salisfaction d'or–

gucil que, malheureusement pour nos armes, il

d •va it prochainement expier. Dans un ordre du

jour, offcnsant pour J oseph et pour le maréchal

Jour<lan , il avait imputé nos infortunes en Es–

pagne

000

pas aux cil'cooslances, mais a )'inca–

paci té t

a

la lache té de ccux qui l'avaient pré–

cétlé dans le commandcment, ne prévoyant pas

qu'il s"ótait ainsi toule excuse pour ce qui devait

bicntót lui arriver. Sur-le-champ, il était entréen

fon ction, et s'élait occu pé de réorganiser l'arméc.