LEIPZIG ET HANAU. -
NOVEMBRE
i8J.5.
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tenait avec une grande éne1:gie, tcnait bon contre
tous les cfforts de l'ennemi. Quoique sa garni–
son souffrit cruellement du scorbut, il n'an–
non<;ait pas la moindre disposition
a
se rendre.
A
Glogau, le général Laplanc , apres un pre–
mier siége glorieusement soutenu au printemps,
en soutenait un second avec la meme énergie.
Ayant 8 mille hommes, des vivres, des ouvroges
assez bien armés,
il
avait jusqu'ici repoussé
toutes les attaques. l\fais ces braves gens de
Stettiu, Custrin, Glogau, sans espoir ni de re–
joindre l'armée frarn;aise, ni de voir l'armée fran–
c;aise venir
a
eux, se défendaient pour soutenir
l'honneur du drapeau. Ce qui était vrai d'eux,
l'était bien plus encore, s'il est possible, de l'im–
mortelle garnison de Danlzig, qui, bloquée saos
interruption depuis le mois de janvier, n'avait
rec;u qu'une fois des nouvelles de France, et
n'avait vécu que de son courage et de son indus–
trie. En se retirant dans la place en déccmbre
1812,
a
la suite de la retraite de Russie, le gé–
néral Rapp, gouverncur et défenscur de Dant–
zig, s'y était enfermé avec environ 56 mille
hommes et quelques mille malades. Cette garoi–
son, mélange de troupes de toute espece, en
plus grande partie de troupes fran<;aises et polo–
naises, avait rapporté avec elle un autre fléau
que celui qui dévorait Torgau et Mayence, mais
non moins funeste, c'était la
fievre de congéla–
tion,
née du froid, tandis que la fievre d'hópital
était née de l'humidité et du mauvais air. Cette
fievre, qui avait emporté les généraux Éblé et
Lariboisiere, avait réduit la garnison de pres
de 4 mille hommes. Néaamoins les troupes qui
res.taient étaient belles, bien commandées, mais
insuffisantes pour les immenses ouvragcs de
Dantzig, qui consistaient dans la place elle–
meme, daos un camp retranché, et daos la cita–
delle de Weichselmunde située
a
l'embouchure
de la Vistule. A peine entré daos la place, quí
n'était pas encore armée, Rapp s'était trouvé
d'abord dans un extreme embarras. En effet, les
eaux de la Vistule qui entourent tous les ouvrages
de Dantz,ig et en forment la principale défense,
étant gelées, on courait le danger de voir les sol–
dats russes du corps de Barclay de Tolly passer
les fossés et les inondations sur la glace, et pren–
dre Dantzig
a
l'escalade. 11 avait done fallu rom–
pre sur cinq lieues de pourtour une glace de
deu~
a
troís pieds d'épaisseur, hisser l'artillerie
sur les remparts, et tenir tete
a
un ennemi hardi ,
enivré de ses triomphes inespérés, et pressé de
s'emparer de Dantzig, parce qu'il craignait de
revoir Napoléon sur la Vistule, autant que Na–
poléon lui-meme l'espérait. La garnison, apres
avoir pourvu
a
tous les travaux préparatoires de
la défense, avait repoussé l'en nemi au loin, et
l'avait culbuté partout ou il s'était préseuté. Puis
elle avait songé
a
se procurcr des vivres, pae
des fourrages dans l'ile de Nogat. Des grains,
des viandes salées, des spiritueux, des munitions
de guerre, elle en possédait une grande quantité,
car elle avait hérité des approvisionnements ac–
cumulés pour la campagne de Russie) et restés
en magasin, faute de moyens de transport. Mais
la viande fra1che et les fourrages lui manquaient.
Elle les avait trouvés dans les iles de la Vis tule,
grace
a
la hardiesse de ses excursions. Elle avait
ainsi employé le temps de l'hiver
a
se faire re–
douler, et
a
désespérer l'ennemi, qui ne se flat–
tait plus d'en venir
a
bout par une attaque en
regle.
L'armistice signé, elle n'avoit pas re<;u plus
d'un cinquieme des vivres qu'on lui aurait dus,
mais elle avai t recommencé ses excursions daos
les iles de la Vistule, et mis la derniere main
aux
ouvrag~s
qui n'étaient pas encore achevés.
A la reprise des hostilités, elTe était reposée, bien
retranchée et résolue. Il restait
a
cette époque
environ 25 mille hommes en état de porter les
armes, et de résistcr aux fatigues d'un siége.
Les ouvragcs extérieurs avaient été vaillam–
ment disputés, et
a
la fin perdus, comme
il
ar–
rive dans toute place, mcme
la
mieux défcndue.
l\Iais, secondé par d'habiles officiers du génie, le
général Rapp avait élevé quelques redoutes bien
situées et bien armées, lesquelles, prenant
a
re–
vers les tranchées de l'ennemi, les lui avaieot
rendues inhabitables.
C'est autour de · ces redoutes qu:'on avait de
part et d'autre déployé le plus grand courage,
soit pour les défendre, soit pour les attaquer.
L'ennemi, désespérant de s'en rendre maitre,
avait imaginé, la comme ailleurs, de reco urir
a
l'affreux moyen du bombardement. Les muni–
tions et les bouchcs
a
feu ne manquant pas,
gr
a
ce
a
la mer, qui permettait aux Anglais de les
apporter en abondance, on avait dressé contre
Dantzig la plus formidable artillerie qui eut ja–
mais été dirigée contre une place assiégée. De
plus une centaine de chaloupes canonnieres an–
glaises étaient venues jofodre leur feu
a
celui
des batteries de terre. Tout le mois d'octobre
avait été employé sans relache et sans pitié au
plus abominable bombardement qui se fUt en–
core vu dans les sanglantes annales du siecle.
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