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LEIPZIG ET HANAU.-

NOVEMBRE

t815.

29{

expicr en captivité nnc cnrricrc ele vingt :rns de

gloire.

La violalion de celte capitul:i lion ful un ac tc

indigne, commis eependant par d'honnetes ge ns,

car l'empereur de Russic, le roi de P1·u sse, l'em–

pereur d'Autriche , étaient d"honnetes gens ,

dont l'histoire doit ílétrir la condu itc en celteocca–

sion. 11 faut en tirer une lc<;on qui s'adressc surtout

aux honnetes gens cux-memes, c'est qu'ils doi–

vent se défendre des passions poli tiques, car clics

peuvent

a

leur insu les conduirc

a

des actes abo–

minables. La passion qu'on avait con<;ue contre

la France,

a

eelle époque , resscmblait aux pas–

sions politiques qu'éprouvent

a

l'éga1·d <le leurs

adversaires les parlis qui diviscnt un mcme pays,

et qui se croient t.out pcrmis les uns contre les

aulres. Ainsi , apres une lon gue domination ,

nous avions attiré sur nous une guerre étran–

gere, qui avait toute la iolence de la guerre

civile

!

Triste temps, quoique bien grand

!

Triste

temps, aussi gloricux que déraisonnable

et

in–

humain l

L'impulsion n'étant point partie de Dresde,

seul poinl ou existat une force considérable, un

chef de grade élevé, de capacité reconnue , et

mis par ses instructions antérieures sur la pente

de la retraile vers le has Elbe, chacune de nos

garnisons devait tristement expirer a sa place,

et finir rnisérablement par la faim, le typhus, le

feu ou la captivité. Tout pres de Dresde, a Tor–

gau, se trouvaient, sous le brillant comte de

Narbonne, au moins 26 mille hommes, compr is

le quartier général que le général Durrieu y

avait conduit. Dans ces 26 mille hommes,

il

y

avait envi ron 5 ,400 Saxons, Hessois, Wurlem-

. bergeois, qui moururent ou sorlirent. Le r este

était composé de Frarn;ais dont quelques-uns

appartenaient aux troupes spéciales attachées aux

grands pares de l'artillerie et du génie.

Il

y avait

done la une force qui, réunie a celle de Dresde,

eut tout

a

coup fourni une armée de 45

a

50

mille hommes, capable de culbuter tout ce qui

se serait préscnté entre Torgau et Magdebourg.

La place était assez forte, siLuée sur la rive gau–

che, et protégée par un ouvrage d'cxcelJente dé–

fense, le fort Zinna. Elle contenait des quantités

immenses de grains, de spiritueux, de viandes

salées. Le hasard d'une chute de cheval lui avait

procuré la plus utile des accessions, celle du gé–

néral Bernard, aide de camp de l'empereur, et

!'un des premiers officiers du génie de cette

époque. Bientót remis,

il

s'était joint au comle

de Narbonne avec le zele patriotique dont il était

nnimé, et tons denx promcltn ient de s' ill nstrcr

par une longuc résistnn cf'. Pro fi lant des bras

nombreux dont ils disposaient , des ressour–

ces pécuniaires inlroduites

a

la suite d u quar–

tier général, ils avaient fait cxécuter de grands

lrava ux , et la place était en mesure de se

défendre énergiquement. l\Jais un enncmi des

plus redouta bles s'y était introduit, c'était le

ty phus. Il faisait des victimes nombreuses, et

déja il avait cmporté en septembre

t

,200 de nos

malheureux soldats, et en octobre4 ,900. Les as–

siégeants n'avaient done qu'a laisser agir le fléau,

qui suffirait bicntót pour lcur ouvrir les portes

de Torga u. Aussi l'ennemi a'était-il borné jus–

qu'ici

a

un bombardcment qui causait de grands

ravages parmi les habitants, mais bien peu parmi

nos soldats. Seulement les bombes étant tombées

dans le cimetiere sur les voitures qui empor taient

les morls, et les agents des inhumations s'élant

en fuis sans vouloir reprendre leurs fo nctions,

les hópitaux s'étaient remplis de cadavres qu'on

ne pouvait pas ensevelir, et qui auraient exhalé

une affreuse infeetion s'ils n'avaient été changés

en blocs de pierre par la gelée. J,a plus triste

des circonstances était venue s'ajouter

a

toutes

celles dont n.ous sommes condamné

a

tracer le

lugub re tableau. Le eomte de Narbonne s'étant

fa it, en tombant de cheval, une légcre contusion

a

la tete, avait vu une blessure insignifiante se

convertir en attaque de typhus , et il était mort

enlouré des r cgrels de

In

garnison et de lous ceu x

qui l'avaient connu. Ainsi avait fini cet homme

si intéressant, qui , joignant

a

}'esprit de l'aris–

tocralie fran<;aise du

xv111c

siccle les connais–

sances positivcs d'un administrateur éclairé, Ja

sagacité d'un diplomale, les nobles sentiments

d'un grand seigneur libéral, s'était, rnalbeureu .

sement pour luí, rattaché a l'Ernpire par admi –

ration pour l'Empereur , lorsqu'il n'y avait qu'a

assister aux déconvenues de nolre diplomatie et

aux désastres de nos arm ées. Le général Dutaillis

avait remplacé le comte de Na rhonne dans

le

commandement de Torga u et s'y comportait vail–

lamment. Du reste, il n'avait pl us qu'a etre témoin

de la lente agonie d'une garnison qui avait pres–

que égalé une armée.

A Wittenberg, le général La poype, qui, avec

5 mille hommes seulement, avait pendant la cam–

pagne du printemps défendu énergiquement

la

place conlre la premiet•e apparition des coalisés,

s'était, depuis la eampagne d'aulomne, empar é

de sa pelite garnison, et l'avait préparée a tenir

tete vigoureusement aux assiégeants du corps