LEIPZIG ET HANAU.-
NOVEMBRE
t815.
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expicr en captivité nnc cnrricrc ele vingt :rns de
gloire.
La violalion de celte capitul:i lion ful un ac tc
indigne, commis eependant par d'honnetes ge ns,
car l'empereur de Russic, le roi de P1·u sse, l'em–
pereur d'Autriche , étaient d"honnetes gens ,
dont l'histoire doit ílétrir la condu itc en celteocca–
sion. 11 faut en tirer une lc<;on qui s'adressc surtout
aux honnetes gens cux-memes, c'est qu'ils doi–
vent se défendre des passions poli tiques, car clics
peuvent
a
leur insu les conduirc
a
des actes abo–
minables. La passion qu'on avait con<;ue contre
la France,
a
eelle époque , resscmblait aux pas–
sions politiques qu'éprouvent
a
l'éga1·d <le leurs
adversaires les parlis qui diviscnt un mcme pays,
et qui se croient t.out pcrmis les uns contre les
aulres. Ainsi , apres une lon gue domination ,
nous avions attiré sur nous une guerre étran–
gere, qui avait toute la iolence de la guerre
civile
!
Triste temps, quoique bien grand
!
Triste
temps, aussi gloricux que déraisonnable
et
in–
humain l
L'impulsion n'étant point partie de Dresde,
seul poinl ou existat une force considérable, un
chef de grade élevé, de capacité reconnue , et
mis par ses instructions antérieures sur la pente
de la retraile vers le has Elbe, chacune de nos
garnisons devait tristement expirer a sa place,
et finir rnisérablement par la faim, le typhus, le
feu ou la captivité. Tout pres de Dresde, a Tor–
gau, se trouvaient, sous le brillant comte de
Narbonne, au moins 26 mille hommes, compr is
le quartier général que le général Durrieu y
avait conduit. Dans ces 26 mille hommes,
il
y
avait envi ron 5 ,400 Saxons, Hessois, Wurlem-
. bergeois, qui moururent ou sorlirent. Le r este
était composé de Frarn;ais dont quelques-uns
appartenaient aux troupes spéciales attachées aux
grands pares de l'artillerie et du génie.
Il
y avait
done la une force qui, réunie a celle de Dresde,
eut tout
a
coup fourni une armée de 45
a
50
mille hommes, capable de culbuter tout ce qui
se serait préscnté entre Torgau et Magdebourg.
La place était assez forte, siLuée sur la rive gau–
che, et protégée par un ouvrage d'cxcelJente dé–
fense, le fort Zinna. Elle contenait des quantités
immenses de grains, de spiritueux, de viandes
salées. Le hasard d'une chute de cheval lui avait
procuré la plus utile des accessions, celle du gé–
néral Bernard, aide de camp de l'empereur, et
!'un des premiers officiers du génie de cette
époque. Bientót remis,
il
s'était joint au comle
de Narbonne avec le zele patriotique dont il était
nnimé, et tons denx promcltn ient de s' ill nstrcr
par une longuc résistnn cf'. Pro fi lant des bras
nombreux dont ils disposaient , des ressour–
ces pécuniaires inlroduites
a
la suite d u quar–
tier général, ils avaient fait cxécuter de grands
lrava ux , et la place était en mesure de se
défendre énergiquement. l\Jais un enncmi des
plus redouta bles s'y était introduit, c'était le
ty phus. Il faisait des victimes nombreuses, et
déja il avait cmporté en septembre
t
,200 de nos
malheureux soldats, et en octobre4 ,900. Les as–
siégeants n'avaient done qu'a laisser agir le fléau,
qui suffirait bicntót pour lcur ouvrir les portes
de Torga u. Aussi l'ennemi a'était-il borné jus–
qu'ici
a
un bombardcment qui causait de grands
ravages parmi les habitants, mais bien peu parmi
nos soldats. Seulement les bombes étant tombées
dans le cimetiere sur les voitures qui empor taient
les morls, et les agents des inhumations s'élant
en fuis sans vouloir reprendre leurs fo nctions,
les hópitaux s'étaient remplis de cadavres qu'on
ne pouvait pas ensevelir, et qui auraient exhalé
une affreuse infeetion s'ils n'avaient été changés
en blocs de pierre par la gelée. J,a plus triste
des circonstances était venue s'ajouter
a
toutes
celles dont n.ous sommes condamné
a
tracer le
lugub re tableau. Le eomte de Narbonne s'étant
fa it, en tombant de cheval, une légcre contusion
a
la tete, avait vu une blessure insignifiante se
convertir en attaque de typhus , et il était mort
enlouré des r cgrels de
In
garnison et de lous ceu x
qui l'avaient connu. Ainsi avait fini cet homme
si intéressant, qui , joignant
a
}'esprit de l'aris–
tocralie fran<;aise du
xv111c
siccle les connais–
sances positivcs d'un administrateur éclairé, Ja
sagacité d'un diplomale, les nobles sentiments
d'un grand seigneur libéral, s'était, rnalbeureu .
sement pour luí, rattaché a l'Ernpire par admi –
ration pour l'Empereur , lorsqu'il n'y avait qu'a
assister aux déconvenues de nolre diplomatie et
aux désastres de nos arm ées. Le général Dutaillis
avait remplacé le comte de Na rhonne dans
le
commandement de Torga u et s'y comportait vail–
lamment. Du reste, il n'avait pl us qu'a etre témoin
de la lente agonie d'une garnison qui avait pres–
que égalé une armée.
A Wittenberg, le général La poype, qui, avec
5 mille hommes seulement, avait pendant la cam–
pagne du printemps défendu énergiquement
la
place conlre la premiet•e apparition des coalisés,
s'était, depuis la eampagne d'aulomne, empar é
de sa pelite garnison, et l'avait préparée a tenir
tete vigoureusement aux assiégeants du corps
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