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LEIPZIG ET HANAU. -

NOVEMBRE

18i5.

287

pide, audacieux, et surtout heureux, se trou–

vant

a

Ja tete dcl'une de ces garnisons, étaitsorti

de

Ja

place qu'il occupait, en

for~ant

le blocus

établi autour de ses murs, qu'il se füt réuni

a

Ja

garnison la plus voisine, et qu'allant ainsi de

J'une a l'autre

il

eut composé une arméc ,

il

est

probable, vu Je peu de troupes laissécs par les

coalisés sur leurs derrieres, qu'il aurait pu at–

teindre l'Elbe et le Rhin, et entrer en France

a

la tele d'une force rcdoutable. Mais dans laquelle

des places bloquées ce miracle pouvait-il s'ac–

complil'? Ce n'est pas assurément dans les places

les plus éJoignées. Les garnisons de l\fodlin et

de Zamosc, par cxemple, composées de Lithua–

niens et de Polonais peu enclins

a

sortir de chez

eux, étaient beaucoup trop distantes l' une de

I'autre, trop peu nombreuses, pour essaycr de

hardies concentrations de troupes. Celle de

Dantzig, qui, meme apres les maladiesrapportécs

de Russie, comptait encore vingt et quelques

milJe hommcs, aurait pu s'échapper sans doute,

en culbutant ceux qui auraient essayé de l'arre–

ter. Mais elle aurait été suivie a outrance par

des forces supérieures, peut.etre détruite avant

d'arriver a I'Oder , ou l'attendaient du reste, si

elle y était arrivée, 9 miJic Frarn;ais ou alliés

a

Stettin,

4

mille a Custrin. Mais, outre Ja diffi–

culté naissant de la distance,

il

y en avait une

dans les instructions de Napoléon. 11 avait or–

donné au généra,l Rapp de ne livrer Dantzig

que sur un ordre de sa main, de s'y faire tuer

plutót que de se rendre, et Je général Rapp,

privé de nouvellcs, ne devant pas ajouter foi

a

celles de l'ennemi, ne pouvait pas assez con–

naitre la situatioo pour se croire autorisé a

changer les instructions si précises, si formelles,

qu'il avait

re~ues

de Napoléon. Les lrois garni–

sons de l'Oder, celles de Stcttin, Custrin, Glogau,

quoique plus rapproohées de J'Elbe, étaient en–

core trop distantes entre elles, trop peu cousi–

dérables, et trop surveillées, pour tenter avec

quelques chances de succes des réunions de

forces qui leur eussent permis de regagner le

Rhin.

Ce sont les garnisons de J'Elbe, celles de

Hambourg, Magdeb@urg, Wittenberg, Torgau,

Dresde, qui formaient des rassemblements de

20 et 50 mille hommes, qui étaient fort voisines

les unes des autres, et n'avaicnt pour rejoindre

la Francc. qu'a. t11averser la Wcs.tphalie, exempte

de la p11ésence de l'e1rnemi, ce sont celles-la qui

auraient pu prendre l'initiative, et remire a la

France cent mille hommes, avec des chefs mus-

tres tels que Saint-Cyr et Davoust. Entre ces pla–

ces fortes de l'Elbe, c'étaient évidcmment les

deux places extremes de DFesd e et de Ham–

bourg, ayant des maréchaux en tete, et chacune

50 mille hommcs au moins, qui auraient pu

cssayer d'opérer une concentration subite, et,

entre ces dernieres enfin, c'cstde la garnison de

Drcsdc qu'on étai t le plus fondé

a

l'attendre.

Pour qu'un chef commandant une force con–

sidérable et chargé d'un poste important rit

sur lui de I'évacucr spontanément, afin de re–

venir sur le Rhin,

il

fallai t que l'ordre d'idées

dans Jcqucl

il

avait été entretenu l'y aulorisat.

Le maréchal Davoust n'élait pas dans ce cas. 11

savait que Hambourg avait été la cause princi–

pale de la rupture des négociations de Prague,

que Napoléon y tenait, au point d'avoir bravé

une gucrre mortelle plulót que d'y renoncer,

que Hambourg était l'appui des garnisons de

l'Oder

et

de Dantzig, le boulevard de la West–

phalie et de la Hollande, le lien avec le Dane–

marl , et que l'abandonner était une résolution

capitale, ne pouvant appar lenir qu'au chef de

l'État lui-meme. Voila tout un ensemble de

considérations qui n'était pas fai t pour lui in ·

spirer la pcnsée de l'évacuation. Mais

il

y

avait

de plus pour l'en détourner deux raisons déci–

sives.

Il

possédait a Hambourg tous les moyens

de se soutenir longtemps, et

il

le prouva bientót;

des lors

il

n'y avait pour lui aucune obligation

immédiate de changer de position. Seconde–

ment , en supposant qu'il sentit Ja nécessité de

rentrer en France

a

Ja tete des garnisons restécs

au dehors, il ne pouvait preodre sur lui de re–

rnonter l'Elbc pour se porter

a

Torgau et a

Dresdc, car il serait alié dans un cul-de-sac sans

re traitepossible, puisque entre Dresdc etMayence

il y avait la coalition tout enliere.

ll

devait done,

s'il avait celte penséc d'une concenlration spon–

tanée, attcndre dans le poste ou

il

était qu'on

v1nt

a

1ui avec les garnisons de Dresde, de Tor–

gau , de Magdebourg, et alors avec cent mille

hommes il serait retourné en France par la

W estphalie et 'Vesel. Ainsi, outrc que l'ordre

d'idées daos lequel

il

avait été cntretenu ne de–

vait pas l'engager

a

quitter IIambourg,

a

moins

d'unc nécessilé pressa ote, Ja concentration ne se

présentait pas comme chose exécutable du has

Elbe vers le haut, mais du haut vers le has.

Ces simples réflexions démontrent que c'est

a

Dresde qu'aurait du naitre la résolution de réu–

nir les garnisons voisines, et de f.ormer une for"C'é

successivement croissante , pour

rentre1~

en