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LIVRE ClNQUANTIEl\JE.

Prussiens et les Russes avaient pris

a

gaucbe

pour se diriger sur Wurzbourg. Il n'y avait plus

des lors sur nos traces qlle les Autrichiens, vi –

goureusement conlenus par l\fortier, Oudinot et

Bertrand. On avait surtout affaire aux Cosaques

et en général

a

la cavalerie ennemie qui nous

causait, en ramassant les trainards, tout le mal

qu'elle pouvait nous fairc. Ce mal n'était, hélas

!

que ll'op grand, car la ra1>idilé des marches

et Ja difficulté de subsister foisaient sortir des

rangs les ' homrnes par rnilliers. La division

Semelé, par exemple, qui, apres sa réorga–

nisation

a

Erfurt, comptait environ 4 mille

hommcs, était réduite, de l'aulre coté des mon–

tagnes de la Thuringe,

a

1,800. Les divisions

de la jeune garde, atteintes elles-memes de

cette contagion, étaient tombées, de 5 mille

hommes chaeune apres Leipzig, a moin s de

2 mille. Les malades, les blessés, qui compo–

saient a !'origine la population flottante et désar–

mée, avaient expiré sur les routes par ta- fatigue

ou par la lance des Cosaques. lis étaient rempla–

cés par les affamés, les dégot'ités du service, les

rnauvais sujets, dont le nombre augmentait

a

vue d'ooil. Heureusement, le froid n'était pas

celui de Russie, et on approchait de Mayenee,

car les sol<lats de '1815' bien inférieurs a ccux

de 1812, n'auraient cerlninement pas soutenu

les memes épreuves.

Des le 27 octobre, on apprit

a

Schliichtern la

présence du général de Wredc

a

Wurzbourg,

occupé

a

canonner eette place, que le général

Thareau ne voulait pas rcndre. Le général de

Wrede n'avait qu'un pas

it

faire pour couper la

route de Hanau

a

l\iayence. On

fit

pnrtir une

avant-garde avec ce qu'on put réunir des trai–

nards et des équipages, afio de se délivrer de ce

qu'i l y avait de plus embarrassant. Quelques

troupes légeres de I'armée bavaroise étaient

déja parvenucs jusqu'a Hanau, petite place

a

demi fortifiée , au confluent de la Kinzig et du

Main, qui domine de son canon la grande route

deMayence. Ces avant-gardes bavaroises n'étaient

pas de force

a

intercepter la route, et d'aillcurs

le général Préval , envoyé par le maréchal duc

de Valmy

a

la rencon tre de la grande armée,

venait d'arriver

a

Francfort avec quatre

a

cinq

mille hommes. Ce général avait pris position

entre Francfort et Hanau sur la Nidda, afinque

l'ennerni ne put pas nous opposer l'obstacle de

cette riviere et empecher ainsi la grande armée

de passer. Grace a cetle précaution , nos soldats

débandés, une C'is Hanau francbi, rencontraient

une force pour les recueillir et les protéger jus–

qu'a l\fayence. Divers détachements défilerent

les 27 et 28 octobre, obligeant

a

se replier dans

Hana u les troupes légeres de l'ennemi, et sau–

vant chaque fois quelques milliers d'écloppés, de

malades ou de vagabonds. 11 s'en écoula ainsi

1?>a18 mille; mais le 29, la route se trouva en–

tieremen t ferméc, car le général de

·w

rede,

désespérant de vaincre la résistance du général

Thareau , avait laissé un simple détachement

pour bloquer Wurzbourg, et s'était porté a

llanau avec 60 mille hommes, moitié Ba,

1

arois,

moitié Autrichiens. Arrivé la, il avait détaché

une division sur Francforl, et s'était placé avec

le gros de ses forces en avant de Hanau, dans Ja

foret de Lamboy, que travcrse la grande route.

Le 29, Napoléon étant venu coucher

a

Lan–

gen·Scbold, apprit que la tete de l'arméc était

refoulée sur lui, et que les Austro-Bavarois, au

nombre de !'50

a

60 mille hommes, avaient la

prétention de lui barrer la routc du Rhin. In–

digné d'une telle impudence, mais n'en élant pas

faché, car il se proposait de faire sentir le poids

de son indignation au léméraire qui venait se

mettre sur son chemin, il résolut de bater Je pas

daos la journée du 50, pour s'ouvrir lui-meme

le passage avcc sa -vicille garde. Ce n'était pas sur

sos forces numériques qu'il comptait , mais sur

le sentiment de ses

soldats~

car, n'eussent-ils été

que dix mille, ils auraient passé sur le corps de

l'adversaire qui , lettr allié si longtemps, se mon–

trait si avide de leur sang et de leur liberté.

Hélas

!

·il ne nous restait pas plus de

quaran.te

a

cinquante mille hommes sous les armes; lant la

désorganisation allait croissant depuis les der–

nieres marches, et de ces quarante

a

cinquante

mili e hommes, Napoléon n'en pouvait guere

réunir plus d'un tiers sous sa main dans la

journée du 50. I1 n'avait

a

l'avant-garde que Sé–

bastiani avec les 2e et 5° de cavalcrie, Lefebvre–

Desnouettcs avec la cavalerie légere de la garde, ce

qui faisait envir-on quatre mille c:heva ux

~

l\lac–

donald et Víctor avec cinq mille hommes d'in–

fanterie, la vieille garde, forte de quatre mj,lle

grenadiers et chasseurs, la grosse cavalerie deJa

gar·de conservant deux

a

trois mille cavaHers

montés, enfin la réserve d'artillerie de Drouot,

en tout 16

a

17 mille

l10mmes .

Marmant avec

les débris des

oº,

5e et 6° corps, Sernelé, Du–

rutte avec leurs divisions, Mortier, Oudinot avec

la jeune garde, Berlrand avec le

4e,

étaient elil

arriere, et ceux-ci a dcux journécs. Néanmoins,

Napoléon n'hésita pas

a

fondre sur l'armée ha-