LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBRE
i8i5.
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des sujets de la France. Il se décida done a quit–
ter Erfurt pour prendre la route de l\faycnce.
L'armée aus'tro-bavaroise ne l'effr¡¡yait guere,
mais ayant 200 mille bommes derriere lui , il
devait compter les jours et les beures avec une
extreme précision.
Apres trois jours passés
a
Erfurt, il parti t pour
Eisenacb afin de franchir avant les coalisés les
défilés de la foret de Thuringe. Le général Sé–
bastiani avec le 2° corps de cavalerie, le général
Lefebvre-DesnoucLtes avecla cavalerie légcre de la
garde et le
!)e
de cavalerie, formaient l'avant–
garde, et couvraient les fl anes de l'urmée en
battant la campagne
a
droite et a gauche. Les
· marécbaux Victor et l\facdonald suivaient avec
les débris des 2e et 11 e corps; pu is venait Je
maréchal Marmont qui réunissait sous ses ordres
les débris des 6°,
oº
et 5° corps, Duru tte et Se–
melé qui conduisaient leurs divisions, uniques
restes des
7e
et
16e
corps. Napoléon ayant sous
la main la vieille garde, le 1
cr
de cavalerie et la
grosse cavalerie de la garde, formait le noyau
principal de l'armée. Oudinot et Morlier avec
les quatre divisions de Ja jeune garde, Bertrand
avec Je 4° corps accru de la division Guilleminot,
et le 4º de cavalerie, composaicnt l'arrierc-garde.
Le total de ces troupes ne montait pas
a
plus de
70 mille homrnes ayant un fusil a l'épaulc, tant
la débandade s'était propagée de Lcipzig
a
Er–
furt. Venaient ensuite 50
á
/J-0 mille hommes
sans armes, toujours logés entre les corps orga–
nisés, les genant dans le combat, dévoran l leurs
vivres au hivac.
Les armées coalisées apres deux ou trois jours
passés a Leipzig, et employés rnit
a
triomphcr,
soit
a
se remettre d'une luLte si rude, avaient été
distrihuées d'une maniere nouvellc, et s'étaient
ensuite dirigées vers leur destination ultérieure.
Le général Klenau avait été renvoyé sur Dresde
avec son corps, pour tacher d'amener la reddi–
tion de cette place et des troupes frani;ai;;es qui
l'occupaient. Le général Tauenzien, déja c1étaché
de l'armée du Nord, avait été chargé de JiOUrsui–
vre la reddition de Torgau et de ·wittenberg, et
le général Benningsen, avec l'armée <lite de Po–
logne, avait été expédié sur 1\'.lagdebourg et Ham–
bourg pour opérer le blocus , et, s'il était possi–
ble, la conquetc de ces places. L'armée du Nord
avait été acheminée sur Cassel, afin d'achever, si
elle n'était consommée déj a, la destruction de la
monarchie du roi Jéróme. Elle devait ensuite
revenir vers la Westphalie, le Hanovre, la Hol–
lande. Enfin, Blucher et le prince de Schwar-
zenberg, avec 160 mille hommes cnviron, s'é–
taient mis a la poursuite de l'armée de Napoléon
qu'ils scrraient de pres d::ms l'espérance de Je
placer entre deux feux , de Wrede devant l'atta–
quer en tete , tandis qu'ils l'altaqueraient en
queue. Bluchcr, élevé par son roi
a
la dignité de
maréchal , et ayanl mérité plus qu'aucu n autre
les récompenses de la coalition, avait été dirigé
sur Eisenach, pour de la se rendre, non sur
Francfort, mais sur Wetzlar , afin d'empechcr
que Napoléon, coupé de la route de Mayence, ne
se rejetat sur celle de Coblentz. La grande
armée de Bohcme,divisée en deux, devait mar–
cher partie par Eisenacb, Fulde, Francfort, sur
1\Jayence, partíe par Gotba, Smalkalden,Schweinw
furt, sur Wurzbourg. C'étaient les Autrichiens
que le prince de Schwarzenberg, par un calcul
facile
a
deviner, envoyait sur Francfort, tandis
qu'il envoyait sµr ' Vurzbourg les Russes et les
Prussiens. Bien que l'empercur Frarn;ois , ainsi
que son habile ministre , eussent sagement re–
noncé a la couronne impériale germanique, ce–
pendant ils voulaien t en Allemagne la supré–
matie sous une forme quelconque , et leur
présence a Francfort, ville de l'élection impé–
riale, pouvait y faire éclater des manifestations
utiles, dont ils se serviraient pour recouvrer
quelque chose de leur ancienne domination, ou
pour faire valoir aumoinsleur désintéressement.
La distribution des forces étant ainsi faite,
chacun avait suivi l'armée frarn;aise. En effet,
Sébastiani et Lefebvre-Desnouel tes avaicnt trouvé
aux environs d'Eisenach qu antité de Cosaques et
de coureurs de toute espece, tan ta pied qu'a che–
val , et les avaient dispersés, en les obligean t
a
se cacher dans la foret de Thuringe. Les 26 et 27
octobre, l'armée eJl .- meme avai t défilé sans
grande difficulté; pourtant l'arriere-garde d'Ou–
dinot et de 1\fortier, composée de la jeune garde,
s'était vu assaillir par l'impétueux Blucher,
a
qui elle avait résisté énergiquement. On avait
perdu de part et d'autre un millier d'hommes,
mais l'ennemi avait ramassé de nombreux trai–
nards que, dans ses bullelins beaucoup plus
inexacls que les no tres,
¡¡
présentait comme des
prisonniers recueillis sur le cbamp de bataille.
Le 26, Napüléon vi nt coucher
a
Vach, au dela
des défil és de la Thuringe, le 27
a
Hünfeld , le
28
a
Scblüchtern.
Une
fois arrivés sur le versant
de la foret de Thuringe qui regarde vers le
Rbin, nous fümes poursuivis moins vivement,
parce que Blucher s'était détourné
a
droite pour
s'achemincr par Wetzlar sur le Rhin, et que les
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