Table of Contents Table of Contents
Previous Page  296 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 296 / 616 Next Page
Page Background

286

LIVRE CINQUANTIEME.

l\farmont fut

ch~rgé

de g·arder depuis Landau

jusqu'a Coblenlz avec les débris des 6

6

,

f)c

et

5e

corps d'infantcric, des

1cr

et 5° de cavalerie.

ll devait avoir Mayence et le général Bertrand

sous ses ordres, et procéder a la recomposition

des troupes comprises da ns l'étendue de son com–

m:mdement. La jeune garde fut placée un peu

en arriere de Mayence, pom· se réorganiser sous

les yeux du maréchal Morticr. Il en fut de meme

pour la cavalerie de la garde. Le mar.échal Mac–

donald fut envoyé

a

Cologne avec le

11

e

corps,

qu'il devait égalcment recomposer. On lui donna

le 2° de cavalerie pour veiller

a

la garde du Rhin,

et cmpecher les Cosaques de le franchir. Ce qui

restait des Polonais, infanterie et cavalerie,

fut

envoyé

a

Sedan, ou était l'ancien dépót de ces

troupes alliécs, pour y rccevoir une nouvelle or–

g·anisation. Le maréchal Victor fut établi

a

Stras–

bourg av"ec le 2° corps, qui avait fait sous ses

ordres la campagne de

1813,

et s'y étai t couvert

de gloire. C'est avec ces débris que les trois ma–

réchaux devaient protégcr la frontiere <le l'E_I!!:–

pire. Les g·endarmes, les douaniers revenus de

Lous les pays que nous avions occupés, arretaient

sur le Rhin les hommes déba11dés qui arrivaient,

et tachaient de les foire rentrer a leurs corps.

C'est

av~c

cetle rcssource, dont nous avons dit

la valeur,. qu'on espérait recruter les troupes

cantonnées sur la frontiere. l\falheureusement,

outre leurs mauvaises dispositions morales, elles

venaient d'etre atteintes par une affreuse conta–

gion physique. La fievre d'liópital née dans nos

vas.tes dépóts de l'Elbe, <lue a l'encombrement

des hommes, aux fatigues,

a

la mauvaisc nour–

riture, aux pluies continuelles des deme de1·–

niers mois, et aux passions tristes dont avaient

été affectés nos blessés et nos maladcs, s'était

répandue partout ou nous nvi.ons passé, et avait

déja envahi les bords du Rhin. De tous les fléaux

qui nous avaient poursuivis, celui-la étaitle plus

redoutable. 11 venait de pénétrer

a

l\f,ayence, d'y

exercer déja de netables ravages, et en faisait

craindre de terribles

!

De la

il

avait descendu le

Rhin, et l'avait meme remonté. Ainsi aucune

calamité ne semblait dcvoir nous etre épargnée.

Napoléon, apres avoir pourvu au plus pressé

par un séjour d'une semaine a Mayence, parLit

pour Paris le 7 novembre, afin de se tFansporler

au centre d'un gouvernernent dont il était le mo–

Leur indispensable, et de préparer les moyens

d'une nouvelle et dernicre campag:ne. Tandis

qu'il était occupé

a

faire des efforts inou'is pour

Lirer de la France épuiséc les ressources qu'elle

contenait encore, et arreter sur la frontiere des

cnnemis qu'une longue opprcssion avait rendus

implacables,

il

y avait, du Rhin a la VistuJe, en

soldats vieux ou jeunes, et actuellement assiégés

ou bloqués par les légions de l'Europe coalisée,

de quoi composer l'une des meilleures armées

qu'il eut jamais rassemblées. 11 av:ait laissé

a

l\fodlin 5 mille hommes,

a

Zamosc 5,

a

Dant–

zig

28 ,

a

Glogau 8,

a

Custrin 4,

a

Stettin

12,

a

Dresde 50, a Torgau 26,

a

Wittenberg. 5 ,

a

l\fagdebourg

2a,

a Hambourg 40, a Erfurt 6,

a

Wurzbourg 2, ce qui faisait une force totale de

190 milie hommes, presque tous valides (car nous

n'avons admis daos cette évaluation ni les nialades

ni les blessés), tous aguerrís ou instruHs, com–

mandés par des officiers excellents, et compre–

nant notamment des soldats d'artillerie et du

génie incomparables. Jamais plus belle armée

n'eut porté le drapeau de la France, si, par un

miracle, on avait pu réunir ses débris épars, et

leur rendre l'ensemble que leur isolement daos

des posLes éloignés leur avait fait per<lre. Napo–

léon, ainsi qu'on l'a vu, daos l'espérance de se

retrouver en une seule bataille reporté sur l'Oder

et la Vistule, avait voulu en conserver les

~orte­

resses <le maniere

a

se replacer soudainernent

dans son ancienne position. C'est par ce motif

qu'il avait consacré une soixantaine de mille

hommes aux places Cortes de l'Oder et de la Vis–

tulc. Pendant l'armistice

il

aurait pu les ramener

tous, et en renforcer sa ligne de l'ELbe; mais,

séduit par la meme espérance, il avait persisté

dans la mcme faute, et il venait de l'aggraver

prodigieusement, en quittant l'Elbe sans en re:–

tirer les garnisons. C'est ainsi que ces -190 mille

hommes si précieux, suffisant au printemps pour

former le fond d'une superbe armée de 400 milie

ho1nmes, avaient été. sacrifiés. 11 est vrai que

dans ces ·190 mille hommes il y avait 50 mi·

l.le

élrangers, voulant rentrer au sein <le leur patrie

depuis que leurs gouvernements avaient rornpu

avec la France; mais <lans ces 50 millc hommcs,

s'il y avait 20 mille Allemands ou Wyriens. sur

lesquels

il

ne fallait plus compter,,

il

y avait

10 mille Polonais devenus aussi braves, et restés

aussi fideles que les soldats de notre vieille

a1•–

mée. C'était done toujours la perle certaine de

170 mille hommes due

a

1ilne confiancc aveuglc

dans la victoire, et a la funeste passion de réta–

blir en une journée une grandeur détruite par

plusieurs années de fautes irréparables

!

Un miracle, avons-nous dit, pouvait les ren–

dre

a

la F1·ance. Sans doutc, si un homme i-ntré-