LEIPZIG ET HANAU. -
OC'l'OBRE
t 815.
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tres-bien servie, qui avait toujou rs mis son hon–
neur
a
sauver ses canons, et n'avait pcrdu que
ceux que la destruction du pont de l'Elster avait
empeché de transporter
a
temps d'une rive
a
l'autre. Ce qui restait d'artillerie était Je double
en proportion de ce qui restait de soldats. Si
c'était un embarras, c'était au rnoins une res–
source et des plus précieuses dans un j ou r de
comba
t.
Napoléon passa autour de Lutzen la nui t
du
19
au 20 octobre avec les débris de son armée.
Bertrand et 1\fortier avaient culb uté Giulay, et
parvenus a Weissenfels s'étaient assuré la posses–
sion de Ja Saale. Le 20 au matin Napoléon couruta
Weissenfels pour diriger lui-meme la retraite et
devancer tous les corps ennemis aux passa,ge;
essentiels. Si on suivait
a
gauche (gauche en
retournant vers le Rhin) la grande route de
'Veissenfcls
a
Na umbourg et Iéoa, oo rencon–
lrait le fameux défil é de Kosen ou le maréchal
Davoust s'était couvert de gloire en défendant la
plaine d'Awerstaedt, et ou l'on était exposé
a
trouver Giulay qui, r cpoussé par Bertrand et
Mortier, pouvait bien aller y chcrcher une
revanche. Napoléon, do nt le malheur n'avait pas
troublé la prévoyance, imagina de fairc un détour
a
droite, et au li eu de passer
la
Saale
a
Naum–
bourg, de la traverser
a
W eis enfels, dont on
possédait les ponls, de gagner ensuite Freybourg
pour y franchir l'Unstrutt, de déboucher de la
dans la plaine de Weimar et d'Erfurt, taodis que
Dertrand, porté rapidement par un mouvemeot
il
ga uche sur le défil é de Kosen , tachcrait d'y pré–
venir l'ennemi, et de s'y défendre le plus Jong–
lemps possible contre la grande armée de
Schwarzenberg. Ce plan de marche
a
peine
conctu, Napoléon en or donna l'exécution. Ber–
trand, dont le 4°corpsavait été augmenté comme
on l'a vu de la division Guilleminot , fu t acheminé
lout de suite sur Freybourg, avec Mortier qui
commandait deux divisions de !a jeune garde,
avec Ja cavalerie légere deLefebvr e-Desnouettes,
avec le
2e
de cavalerie du général Séñastiani.
Cette nomhreuse cavalerie, batta nt par tou t l'es–
trade et sabrant les Cosaques, devait précéder et
flanquer l'avant-garde; puis, Iorsqu'on serait
rendu a Freybourg, et qu'on aurait occupé la
ville et les ponts sur l'Unslrutt, Dertrand devait
courir a Koscn, et Mortier rester a Freybourg
pour protéger le passage de l'armée.
Ces ordres furent ponctuellement exécutés.
Bertrand arriva le
21
au soir
a
Freybourg avec
les divers corps qui escortaient sa marche. Il n'y
avait dans cetle viJle que quelques troupes
légeres ennemies que l'on expulsa. On s'empara
d'un pont de pierre sur l'Unstrult , solide mais
étroit. On en jeta un en charpente dans la nuit,
pou1· focilitcr le passage de l'armée, et tandis que
Morlier se livrait
a
ces soios, Bertrancl gravis–
sant les hauteurs a gauche alla prendre position
a
Kosen . 11 y parvint avant l'ennemi.
Ces mesures, r ésolues
a
temps et exéctitées
avec vigueur, eurent le rés ultat qu'on devait en
attendre. L'arméc, apres s'etre écoulée
a
travers
les plaines de Lutzen , arriva le 2,1 au soir
a
Weissenfels , ou elle franchit la Saale sans etre
poursuivie par d'autres troupes que les cou–
reurs de l'ennemi. Schwarzenberg et Bernadotte
étaient restés dans Leipzig, l'un
a
refaire son
arméeépuisée par trois batailles, l'aulre
a
passer
des revues. Giulay seul avait marché par la
route de Naumbourg et de Kosen. De ]'infati–
gable armée de Silésie, il n'y avait qu e le corps
du général d'York qui eut pu no us suivre, et les
moyens de passage sur la Pleisse et l'Elster ayan t
été détruils
a
Leipzig, Blucher lui-meme avait
été obligé de faire un détour, et de descendre
fort au-dessous de Leipzig pour travcrser ces
rivieres. Nous l'avions
a
notre droite, mais en
arrierc , tandis qu'a notre gauche nous n'avions
que Giulay, Jeque! pour nous atteindre était
rédui t
a
forcer le défil é de Kosen.
La Saale franchíe le
21,
l'armée alla coucher
a
Freybourg, ou, comme on vient de le voir, les
rnoyens de passer l'Unstrutt avaient été pré–
parés. Les quelques mille prisonoie1·s que Napo –
léon avait voulu mener avec luí, avaient été
délívrés par la cavalcrie enncmie. C'était un
désagrémcnt d'amo ur-propre bien pl us qu'unc
perte véritable, mais qui prouvait par qucllcs
masses de troupes a cheva l nous étions pour–
suivis, car nous avions subí cct affron t entre
Bertrand , Mortier, Sébastiani, Lefcbvre-Des–
nouettes.Cette cavaleric avait peu d'inconvénien ts
contre les corps organisés, mais la déhandade
qu'on avait vue recommencer daos les corps
de Macdonald, d'Oudinot et de Ney,
a
la suite
des revers de la Ka tzbach , de Gross-Beeren, de
Dennewitz, était devenue tres-générale dans l'ar–
mée apres l'épouvantable bataille de Leipzig. Le
premier prétexte a la sor tie des rangs, c'étaient
les blessures léger es qui obligeaient de marcher
sans armes
a
la queue des colonnes ; le second
c'était la faim qui autorisait de couri1·
¡;a
et la
pour trouver des vivres. Sorti des rangs on n'y
rentrait plus. Les habitudes mili taires étaient en