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LEIPZIG ET HANAU. -

OC'l'OBRE

t 815.

277

tres-bien servie, qui avait toujou rs mis son hon–

neur

a

sauver ses canons, et n'avait pcrdu que

ceux que la destruction du pont de l'Elster avait

empeché de transporter

a

temps d'une rive

a

l'autre. Ce qui restait d'artillerie était Je double

en proportion de ce qui restait de soldats. Si

c'était un embarras, c'était au rnoins une res–

source et des plus précieuses dans un j ou r de

comba

t.

Napoléon passa autour de Lutzen la nui t

du

19

au 20 octobre avec les débris de son armée.

Bertrand et 1\fortier avaient culb uté Giulay, et

parvenus a Weissenfels s'étaient assuré la posses–

sion de Ja Saale. Le 20 au matin Napoléon couruta

Weissenfels pour diriger lui-meme la retraite et

devancer tous les corps ennemis aux passa,ge;

essentiels. Si on suivait

a

gauche (gauche en

retournant vers le Rhin) la grande route de

'Veissenfcls

a

Na umbourg et Iéoa, oo rencon–

lrait le fameux défil é de Kosen ou le maréchal

Davoust s'était couvert de gloire en défendant la

plaine d'Awerstaedt, et ou l'on était exposé

a

trouver Giulay qui, r cpoussé par Bertrand et

Mortier, pouvait bien aller y chcrcher une

revanche. Napoléon, do nt le malheur n'avait pas

troublé la prévoyance, imagina de fairc un détour

a

droite, et au li eu de passer

la

Saale

a

Naum–

bourg, de la traverser

a

W eis enfels, dont on

possédait les ponls, de gagner ensuite Freybourg

pour y franchir l'Unstrutt, de déboucher de la

dans la plaine de Weimar et d'Erfurt, taodis que

Dertrand, porté rapidement par un mouvemeot

il

ga uche sur le défil é de Kosen , tachcrait d'y pré–

venir l'ennemi, et de s'y défendre le plus Jong–

lemps possible contre la grande armée de

Schwarzenberg. Ce plan de marche

a

peine

conctu, Napoléon en or donna l'exécution. Ber–

trand, dont le 4°corpsavait été augmenté comme

on l'a vu de la division Guilleminot , fu t acheminé

lout de suite sur Freybourg, avec Mortier qui

commandait deux divisions de !a jeune garde,

avec Ja cavalerie légere deLefebvr e-Desnouettes,

avec le

2e

de cavalerie du général Séñastiani.

Cette nomhreuse cavalerie, batta nt par tou t l'es–

trade et sabrant les Cosaques, devait précéder et

flanquer l'avant-garde; puis, Iorsqu'on serait

rendu a Freybourg, et qu'on aurait occupé la

ville et les ponts sur l'Unslrutt, Dertrand devait

courir a Koscn, et Mortier rester a Freybourg

pour protéger le passage de l'armée.

Ces ordres furent ponctuellement exécutés.

Bertrand arriva le

21

au soir

a

Freybourg avec

les divers corps qui escortaient sa marche. Il n'y

avait dans cetle viJle que quelques troupes

légeres ennemies que l'on expulsa. On s'empara

d'un pont de pierre sur l'Unstrult , solide mais

étroit. On en jeta un en charpente dans la nuit,

pou1· focilitcr le passage de l'armée, et tandis que

Morlier se livrait

a

ces soios, Bertrancl gravis–

sant les hauteurs a gauche alla prendre position

a

Kosen . 11 y parvint avant l'ennemi.

Ces mesures, r ésolues

a

temps et exéctitées

avec vigueur, eurent le rés ultat qu'on devait en

attendre. L'arméc, apres s'etre écoulée

a

travers

les plaines de Lutzen , arriva le 2,1 au soir

a

Weissenfels , ou elle franchit la Saale sans etre

poursuivie par d'autres troupes que les cou–

reurs de l'ennemi. Schwarzenberg et Bernadotte

étaient restés dans Leipzig, l'un

a

refaire son

arméeépuisée par trois batailles, l'aulre

a

passer

des revues. Giulay seul avait marché par la

route de Naumbourg et de Kosen. De ]'infati–

gable armée de Silésie, il n'y avait qu e le corps

du général d'York qui eut pu no us suivre, et les

moyens de passage sur la Pleisse et l'Elster ayan t

été détruils

a

Leipzig, Blucher lui-meme avait

été obligé de faire un détour, et de descendre

fort au-dessous de Leipzig pour travcrser ces

rivieres. Nous l'avions

a

notre droite, mais en

arrierc , tandis qu'a notre gauche nous n'avions

que Giulay, Jeque! pour nous atteindre était

rédui t

a

forcer le défil é de Kosen.

La Saale franchíe le

21,

l'armée alla coucher

a

Freybourg, ou, comme on vient de le voir, les

rnoyens de passer l'Unstrutt avaient été pré–

parés. Les quelques mille prisonoie1·s que Napo –

léon avait voulu mener avec luí, avaient été

délívrés par la cavalcrie enncmie. C'était un

désagrémcnt d'amo ur-propre bien pl us qu'unc

perte véritable, mais qui prouvait par qucllcs

masses de troupes a cheva l nous étions pour–

suivis, car nous avions subí cct affron t entre

Bertrand , Mortier, Sébastiani, Lefcbvre-Des–

nouettes.Cette cavaleric avait peu d'inconvénien ts

contre les corps organisés, mais la déhandade

qu'on avait vue recommencer daos les corps

de Macdonald, d'Oudinot et de Ney,

a

la suite

des revers de la Ka tzbach , de Gross-Beeren, de

Dennewitz, était devenue tres-générale dans l'ar–

mée apres l'épouvantable bataille de Leipzig. Le

premier prétexte a la sor tie des rangs, c'étaient

les blessures léger es qui obligeaient de marcher

sans armes

a

la queue des colonnes ; le second

c'était la faim qui autorisait de couri1·

¡;a

et la

pour trouver des vivres. Sorti des rangs on n'y

rentrait plus. Les habitudes mili taires étaient en