LEIPZIG 'E:T HANAU. -
OCTOJJRE
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difficiJe et plus meurtriere la relraile de l'armée
fran<;aise. Chaeun marcbánt dans l'ordre de la
veille, la colonne du prince de Hesse-Hombourg,
qui forrnait la gauche des coalisés, poursuivit
Poniatowski dans le faubourg correspondant a
la porte de Petcrs-Tbor. La colonn e du centre,
cclle de Kleist et Wittgenstein , se présenta
devant le meme faubourg, mais
a
une barriere
placée un peu
a
droite , eelle de Windmühlen.
La colonne de droite, celle de Klenau et Ben–
ningsen, se présenta
a
la barriere de l'Hópital,
aboutissant
a
l'ancienne porte deGrimma. Bulow,
du corps de Bernadotte, se dirigea sur le fau–
bourg qui est situé entre les portes de Grimma
et de Halle. Blucher, Langeron et Sacken se pré–
cipiterent sur le faubourg de Halle, et on chargca
le général d'York, qui s'était reposé la veille, de
se porter par le nord sur les rives de l'Elslcr et
de la Pleisse, pour contrarier autant que pos–
sible Je défilé de nos colonnes . Mais partout les
coalisés rencontrerent une résistance opiniatre.
Nos soldats étaient a lcur tour aussi irrités que
leurs adversafrcs , et se trouvaient autant humi–
liés de la prétention de les battre, que les Alle–
mands l'avaient été J e no tr e prétention de les
dominer. Fiers de leur conduitc dans ces jour–
nées, ils avaient le sentimcn t du malheur, non
cclui de la défaite, et étaient décidés a faire payer
cher lcur r etraite ou leur vie. Au nord et
a
l'est
de Leipzig, dans Je faubourg de Halle, les restes
des
7 e, ¡)e
et 6° corps repousserent vigoureusc–
ment les troupes de Sacken et de Langeron. Ces
braves gens, postés dans un vaste batiment, tue–
rent plus de deux
a
trois mille ho rnmes avant
de l'évacuer, et meme quelques compagnies
légcres du 6° corps, fondan t par la porte de Halle
sur les troupes qui altaquaient le batimcnL, en
firent un épouvantable carnage. l\larmont avce
une division du
6c
corps et une du
5c
défcndit
la face de l'est contre Bulow, et, quelques tetes
de colonnes ayant pénétré dans la ville, lan9a sur
elles le 142° de ligne et le 25º léger, qui les mas–
sacrerent presque entierement. l\lacdonald , Lau–
riston, Poniatowski avec lcurs troupes exaspé–
rées, recurent de meme les colonnes ennemies
qui se p;ésenterent devant les faubourgs du sud.
Partout l'impatience des vainqueurs ful cruelle–
ment punie, et avec peu de pertes nous fimes
essuyer aux coalisés un immense dommage. Tou–
tefois
il
fallait renoncer
a
soutenir longtemps ce
combat, par l'impuissance non pas de r ésistcr,
mais de concerter nos mouvements. Dans l'im–
possibilité de communiquer d'une rue
a
l'aulre,
CONSOLAT.
tí.
et de discerner la direction des feu x au milieu
d'une effroyable canonnade qui embrassait les
qualre faces de la ville, on ne savait pas si parto ut
la résistance était également heureuse, et si on
ne s'exposait pas, en tenant trop longtemps,
a
etre devaneé au pont par l'ennemi victorieux.
Quelqucs Saxons et Badois r estés dans l'intérieur
de la ville, et ti rant sur nos soldats en r etraite,
ajoutaient
a
la confusion. Dans les r angs de l\Iar–
mont, c'est-a-dire, vers l'est, on cru t que du cóté
de Macdonald et de Lauriston , c'est-a-dirc, vers
le sud, la Jignc des fa ubourgs avait
é t~
forcée;
vcrs ces deux cótés on ernt Ja meme chose pour
le nord, ou combattaient Reynicr et Dombrowski.
Dans cette crainte on se mit presqu e simultané–
ment en r elraite, en débouchant sur les boule–
vards qui séparaieut les faubourgs de la ville. La
presse alors y devint aussi grande que sur le
pont. De cbaque ruedes faubourgs il arrivait des
colonnes qui se repliaient en combaltan t, et qui
venaient ajouter
a
l'encombrement,
a
tel point
que l'ennem i lui-meme, avec ses bafonnettes,
n'aurait pas pu s'y faire jour. Le moréchal l\'Iar–
mont, obligé a son tour de se r ctircr, eut une
peine extreme
a
pénétrer dans l'épaisseur de
cette foule qui remplissait les boulevards. Heu–
r eusement pour lui quelques officiers de son corps
l'aya nt reconnu , saisirent la bride de son cheval,
et lui fai sant place
a
coups de sabre, l'introdui–
sirent dans le torr ent serré <¡ui s'écoulait lente–
ment vers les ponts.
On en était la de cette épouvan table évacua–
tion de Lcipzig, lorsqu'une subite catastrophe,
trop facile
a
prévoir, vint jeler le désespoir
par mi ceux qui pour le salut commun s'étaient
rlévoués
a
la défense des faubourgs de Leipzig.
On avait ordonné áu colonel du génie l\fontfort
de mi ner la premiere arche de ce pont continu ,
qui est ta atót un pont, tanlót une levée de ter–
r ain, et embrasse, avo ns-nous <lit, les bras nom–
breux de la Pleisse et de l'Elster. CeLte arche
était située
a
l'extrémité de Leipzig ·qui corres–
pond
a
Lindenau, et construite sur le principal
bras de l'Elster.
J~e
colonel :Montfort l'avai t
minée, et y avait placé quelques sapeurs avcc un
caporal qui attendaient le signa! la meche
a
la
• main. Mais sa perplexité était grande, car du
cóté du faubourg de Halle on entendait,
a
t.ra–vers les bois qui couvrent ·cette partie des envi–
roos de la ville, la fusillad e se rapprocher. A
tout moment on s'a ttendait
a
voir l'ennemi dé–
houcher pele-mcle avcc nos soldats, et on igno–
rait si au dela
il
ne res!ait pas d'autres troupes
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