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LElPZIG :ET HANAU. -

OC:TODllE

18i3.

275

reconoatll'e, plus habitué

a

la victoire, avait

mieux traité les rois vaincu.s. Alexandre, cédant

a

un sentiment peu digne de lui ,

fit

dire au roi

de Saxe qu'il ne voulait point le vo ir, qu'il était

pris les armes

a

la main , et des lors prisonnier

de guerre; que les souverains alliés décideraient

de son sort, et lui feraient notifier leur décision.

Ainsi, en nous abandonnant sur le champ de

bataille, les

sol~ats

saxons n'avaient pas mcme

achete le pardon de leur roi

!

Revenons

a

l'armée fram;aise, se retirant mu–

tilée

a

travers les bras nombreux de Ja Pleisse

et de l'Elster, et laissant encore dan cette

jo.ur

née vingt mille de ses soldats, ou pri onniers,

ou expirants <lans les rues de Leipzig, ou noyés

dans les eaux ensanglantées de la Pleisse et de

l'Elster

!

Cette dernicre des quatre journées né–

fastes de Leipzig porta les perles de l'armée fran–

c;aise en morts, blessés, prisonniers, noyés ou

égarés, a soixanle mille hommes environ. L'en–

nemi n'avait pas perdu moins en hommes atteinls

par le feu; mais ses blessés allaient recevoir tous

les soins du patriotisme allemand r econnais ant:

les notres, qu'allaient-ils devenir?

Napoléon avait entendu, de Lindenau ou il

était, une violente explosion; il en connut bien–

tot la cause et les conséquences, se montra fort

courroucé contre tous ceux auxquels on pouvait

imputer ce funesle accident, et alfecta de vouloir

trouver des coupables, quand il n'y en avait point,

et quand, s'il y en avait un, e'était lui , l'auteur

de cetle horrible guerre

!

Telle fut celte Iongue et tragique bataille de

Leipzig, l'une des plus sanglantes et certaine–

ment la plus grande de tous les siecles, et qui

termina si désastreusement la campagnc de Saxe,

. commencée d'une maniere si heureuse

a

Lutzen

et

a

Bautzen. Sans doule on se demandera com–

ment, apres de si profonds ealculs, de si savantes

manoouvres, de si hautes espérances, Napoléon

put ctre conduit

a

une pareille catastrophe, et

on ne le comprendra en effet qu'en se rendant

un comptc exact de tous les mobiles qui le firent

agir, et t-:mrnerent cu affreu x revers des concep–

tions qui étaient au nombre des plus bellcs de

sa vie. Qu'on suppose un général moins grand ,

mais placé dans une situat.ion simple, n'ayant

ni loute une fortune prodigieuse

a

rcfaire d'un

seul coup, ni cent motifs d'orgueil pour se .dissi:

mule1' la vérité, n'étant pas non plus habitu é a·

che11cher daos des combi.naisons bardies et com–

pliquées des résultats cxtraordinaires, et il eut

certainernent agi autrement, et tres-probable-

ment s'il n'avait pas obtenu d'éclatants succes, il

aurait au moins évité un désastre. A la premierc

menace d'un rnouvement sur ses derrieres, ou

pa1·

l'Elbe inférieur ou par la Boheme, il aurait,

sa os pcrdre un instant, décampé de Dresde, en

n'y lai sant que les malades impossibles

a

lrans–

porter.

11

aurait pu amener ainsi, outre les

200

mille hommes qui lui restaient

~1

cette

époque, les

50

mille laissés dans Dresde, vrai–

semblablement aussi les

50

mille de l\feissen,

Torgau, Wi ttenberg, et rejoindre la Saale en

une massc compacte, que les marches excessives

ni les détacbements obligés sur l'Elbe n'auraient

poiot affaiblie. Si, dans celle situation, l'une des

deu x armées ennemies, celle de Boheme ou de

l'Elbe, avait commis la faute de devancer l'autre

d'un jour

a

Leipzig ,

il

l'eut accablée, et se ser ait

ensuite rabattu sur la seconde. Supposez que l'oc–

casion d'un te! tr iomphe ne lui eut pas été olferte,

il aurait au moins regagné sain et snuf les bords

de la Saale, et si cette ligne, qui est courte, facile

u

débordcr de tous les cotés, n'avait pu cLre défen–

due,

il

auraitsagement repris le chemin du Rbin ,

et par des instructions adressées

a

temps

a

toutes

les garnisons des places de l'Elbe inférieur,

il

leur aurait prescrit de se replier les unes sur les

autres jusqu'a Hambourg, ou certainement elfos

auraient pu parvenir saos accident, l'ennemi

étnnt atliré tout entier

a

la sui te de la grande

arméc. Elles auraient formé ai nsi avee

le

maré–

chal Davoust une bclle armée de

80

mille hommes,

qui aurait rejoint le Rhin par Wesel, et des lors

pres de

500

mille soldats en bon état se seraient

retrouvés sur la fronticre de l'Empire, et

y

au–

raicnt opposé

a

l'invasioJíl une barriere invinci–

ble

!

Mais Napoléon, par caracterc, par orgueil ,

par habilude et besoin de résultats extraordi–

naires, s'était rendu impossihle une conduite

aussi simple.

A la nouvelle d'uue double marche de ses

ennemis sur Leipzig, les uns descem.dant de la

Bohcme, les au tres remontant de l'Elbe le long

de la l\fulde, il ne songca pas un instant

a

sa

süreté. Habitué

b

les voir se dérober sans cesse,

il n'eut qu'une crainle, c'est qu.'ils pL1ssent lui

échapper encore, et au lieu d'aller <lroi t

a

Leip–

zig, par le chemin di:I:ect, ce qui lui au rait sauvé

<louzc ou quin ze mille soldats laissés au milieu

des Loues de l'automne,

il

descendit l'Elbe dans

Ja dircction de Düben, pour saisir

a

coup sur

, Blu cher et Be·rnadotte, L0Hj0urs convaineu daos

son orgueil qu'on était bcaucoup plus disposé

a

Je fuir qu'a le combattre. A peine en marche, et