LEJPZJG ET HANAU. -
NOVE~IBRE
1815.
29l:i
victoire sur l'Oder et la Vistule, persista dans ce
cléplorable sacrifice, qui dévait en entraine1· bien
d'aulres
!
Afin de pouvoir donncr la main
a
ses
garnisons,
il
étendit le eercle de cette gucrrc
eoneentrique, qui luí avait jadis si bien réussi
sur l'Adige en la resserrant autour de Vérone;
il
l'ét~ndit
a
quarante licues du cóté de Goldberg,
a
cinquantc du cóté de ºBerlin, remporta la helle
victoire de Dresde, mais, au moment d'en re–
cueillir le fruit
a
Kulrn, fut rappelé par les
désastres de ses lieutenants, laissés trop loin de
Jui, voulut courir
a
eux' arriva trop tard' s'épuisa
deux mois en courses inutiles, vit disparaill'e le
prestige des vietoires de Lutzeo, de Baulzen et
de Dresde, n'eut bientót plus autour de lui que
des soldats exlénués, des généraux décoocertés,
des ennemis exallés par des triomphes inatten–
dus, et eufin, tandis qu'une simple retraite sur
Leipzig, en
y
amenant tout ce qui restait sur
l'Elbe, l'eut sauvé encore une fois, saos éelat
mais avec cettitude,
il
essaya, voulaot t.oujours
rétablir ses affaires par un coup éclat::int, il
essaya sur Düben des manreuvres savantes ,
d'une conception admirnble, péchaot malheu–
rcusement par les moyens <l'exécut.ion qui ne
répomlaient plus
a
l'audace des eutreprises, se
trouva comme pris lui-meme au piége de ses
propres combinaisons, et succomba <laos les
champs de Leipzig, apres la plus terrible balaille
connue, bataille oü périrent, chose horrible
a
<lire, plus de cent vingt mille hommes, puis
rentra sur le Rhin avec 40 mille hommes armés,
60 millcs désarmés, laissant sur la Vistule, l"O<lcr,
l'Elbe, '170 mille Franc;ais condamnés a défendre
sans profit des muraillcs étrangéres, taodis qu e
les murailles de leur patrie n'ava ient pour les
défcndrc que des bras impuissants de jeunesse
ou qe vieillesse
!
Cerles, nous le répélcrons, Napoléon ne fut,
dans ces jours funestes, ni moios fécond en vastes
combinaisons, ni moins énergique, ni moins
imperturbable dans le danger, mais
il
fut tou.–
jours l'ambitieux dont les insatiables désirs trou–
blent et pervertissent l'immense géuie. Bn
1
1812,
pour avoir entrepris l'impossible,
il
essuya un
revcrs éclatant. En
'181 5,
pour ne pas se bom cr
a
réparer ce revers, mais pour vouloir l'efface1' en
entier et tout d'un coup , il s'en prépara un aussi
éclatant et plu s irréparable, parce que ce dernier
emportait jusqu'a l'espérance . Ainsi un premier
revers pour avoi1· voulu dépasser le tcrrne du
possible, un secon<l pour vouloir réparer entie–
rement Je premier, tels étaient les éehelons
successi f's par lesquels
il
descendait dans l'abime!
11 ne Jui en fallait plus qu'un seul pour arriver
au fond. Napoléon s'arréterait-il sur cctte penle
fatal e? Les coalisés, imrnobiles depuis c1u'ilsétaient
parvenus au bord du Rhin, tremblant
a
l'idée de
franchi r cette limite redoutable, étaient résolus
a
lui oífrir Ja France, la vrnie France, celle
qu'enfcrment et protégent si puissammen t Je
Rhin et les Alpes, celle que la révolution lui
avait léguée , et dont, apres Marengo et Hohen–
linden, il s'était contenté. S'en cootenter ait-il
en
1814?
Telle était la deroiere question que le
sphinx de la deslinée allait proposcr
a
son or–
gueil. Suiva nt la réponse qu'il ferait, il <lcvait
finir sur le plus grand des tróoes, ou dans le
plus ptofond des abirnes. Oublions un moment
celle histoire de
1814
et ·de
18-15,
que nous
connaissons tous de maniere
a
ne pouvoir l'ou–
blier; effa<;ons de nolre mémoil'e le bruit que
fit
a
nos oreilles, jeunes alors, la chute de ce trónc
glorieux; pla<;ons-nousau mois de déccmbre
1815,
tachons <l'ignorer ce qui se passa en
'1814,
et
pOSODS·DOUS la question qui allait etre posée
U
Napoléon. Eh bien, lequel
<l€
nous, aprcs avoir
lu le récit des campagncs de Russie et de Saxe,
lequel de nous peut do uter de la réponse? Hélas
!
les hommes portent dans leur caractere une des–
tinée qu'ils chercheot autour d'eux, au-dessus
d'eux, partout en un mot, excepté en eux-memes,
oú elle réside véritablement, laquelle, suivant
qu'ils ceden t a leurs passions ou a lcur i·aisoo'
les pcrd ou les sauve, quoi qu'ils puisscnt faire,
quelquc génie qu'ils puissent déployer!
Et,
lors–
qu'ils se sont perdus, ils s'en prenncnt
a
leurs
soldats,
a
Jeurs généraux ' a leurs alliés ' aux
hommes , aux dieux, et se disent lrahis par tous,
quand'ils l'ont été par eux seuls !
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