LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOllRE
i8t5.
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; berg mais un peu en arriere
a
Dolitz , c'était le
prince de Hesse-Hombourg, qui avec les gre–
nadiers de Bianchi et de Weissenwolf, avec la
réserve de cavalerie de Nostitz, avec le corps de
Colloredo et la division légere d'Aloys Lichten–
stein,
s'avan~ait
sur Poniatowski et Augereau.
Au centre c'étaient Kleist et Wittgenstein ,
aujourd'hui réunis en une seule colonne d'atta–
que, et suivis des gardes russe et prussienne,
qui marchaient de Wachau et de Liebert–
Wolkwitz sur Probstheyda, ou se trouvaient
Victor et la garde. A gauche enfin c'étaieot
Klenau, Benningsen et Bubna, qui du bois de
l'Université et deSeyffertshayn sedirigeaicnt sur
Zuckelhausen et Holzhausen, contre Macdonald.
Cette derniere colonne, ployant sa droite autour
de notre ligne, venait
a
travers la plaine de
Leipzig menacer la position de Ney, mais avec
beaucoup de circonspection, car elle attendait
pour s'engager que Bernadotte eut passé la
Partha. Ces trois colonnes pouvaient compren–
dre de !)5 a 60 mille hommes chacuoe, excepté
celle de Benningsen, qui était de 70 mille envi–
ron. Pour tenir tete
a
ces
180
mille hommes,
Napoléon avait comme l'avant-veille Ponia–
towski, Augereau, Víctor, Lauriston, Macdo–
nald, la garde, les
f er, 2c, 4e, !)e
de cavalerie,
présentant en ce moment une masse totale de
80 et quelques mille hommes. Dans l'angle
formé par l'Elster et la Pleisse les coalisés avaient
laissé le corps de Merfeld , et au dela de l'Elster
vers Lindenau, Giulay, ce qui fai sait plus de
25 mille homrnes encore. Enfin Bernadotle et
Blucher en avaient bien cent millc
a
eux deux.
Ney avait a leur opposer Marmont, réduit
a
12
ou
15
mille hommes, Reynier
a
peu pres au
meme nombre, Souham
a
15
ou
14
mille. Mar–
garon avec le duc de Padoue et Dornbrowski
n'en avaient pas plus de 12 mille. C'étaient
done 150 et quelques mille hommes opposés
a
500 mille. Bertrand avec 18 mille était en route
dfre, le
'19,
le colonel ll!ontfort au rnilicu de la foule qui se
pressait sur Je pont, s'entretcnant avec le colonel du génie
Lamare, luí dit avec chagrin qu'il avait la vcille a<lressé les
plus vives ínstanees
a
Berthie1· pour cll·e aulo1·isé
a
j cler
d'autres ponts, et que Berthie1· lui avait répomlu qu'il fallait
allendre les ordres de l'Empcrcur. Ainsi au momcnt méme,
le coloncl lllontfort n'ayant pas encore
a
se justiíler dcvant
un conseil de guerrc, et avant d'avoir pu y penser, produisait
le fait avec une síncél'Ílé et une spontanéilé évi<lenlcs. Le fait
ne peut done pas élre contesté.
01',
commcnt admettre alors
que Berthier ayant des 01·d1·es de Napoléon ne les cut pas
exécutés? leí l'invraisemblance est frappante, cai· il cut fallu
que Berthier futou slupideou 11·aitre. Or, ce vieux compagnon
de Napoléon, quoique fatigué, était aussi dévoué qu'habile.
JI
pour Weissenfels. Mo1·tier l'appuyait avec deux
divisions de la jeune garde.
Toutes les colonnes de Napoléon en se reti–
rant avaient laissé de fortes arriere-gardes ré–
pandues en tirailleurs, lesquelles disputaient
le
terrain pied
a
pied, et ne le cédaient qu'apres
avoir causé de grandes pcrtes a l'ennemi. En
arriere de 'Vachau et de Liebert-Wolkwitz,
a
la bergcric de l\fousdorf située en avant de
Probstheyda, on ne se retira pas sans couvrir la
terre de cadavres prussiens et russes. A Zuckel–
hausen,
a
Holzbausen, ou se trouvait le corps de
1\facdonald, on tint tete
a
la division prussienne
de Ziethen, et aux Autrichiens de Klenau , et on
leur tua beaucoup de monde avant de rétrogra–
der sur Stotteritz. Cette derniere position une
fois prise par Macdonald , notre nouvelle ligne
de bataille était la suivante. Des bords de la
Pleisse, c'est-a-dire, de Dolitz
a
Probstheyda,
elle formait une ligne continue, se repliait
a
angle droi t vers Probstheyda , remontait au
nord jusqu'au bord de la Partba , par Stotteritz,
Melckau, Schonfeld , ou étaient Macdonald, Rey–
nier, 1\farmont.
Probstheyda était done· l'angle saillant que
l'ennemi devait emporter, et ou Napoléon était
bien décidé
a
tenir opiniatrément. Outre
Vic~or
qui gardait Probstheyda, il y avait en arriere
Lauriston qui se liait
a
Macdonald, la garde et
la cavalerie. Jusqu'au moment ou ils parvinrent
a
la ligne des positions que Napoléon voulait
conserver, les coalisés ne rencontrerent que des
arriere-gardes qui disputaient le terrain, mais
finissaient par l'abandonner. Arrivés devant
Dolítz, Probstheyda, Stotteritz, ils trouverent
des lignes immobiles, imposantes, et qu'il y
avait peu de chance de faire céder. Toutefois ils
l'essayerent avec une sortc d'énergie désespérée.
La colonne du prince de Hesse-Hombourg se
jeta sur Dolitz, l'emporta, le perdit, le reprit, le
perdit de nouveau. C'étaient Poniatowski et
n'y a done qu'une supposition possíblc, c'cst que Napoléon,
ou n'y ayant pas pensé, ou, ce qui est plus probable, voulant
faire une relraitc pour ainsi dire
a
volonté,
sans p1·csser le
pas,
crut.lcpont de J,indenau suffisant. Probablement aussi
il
ne voulait pas que des préparatifs indiquant une retraitc
précipitéc affectassent le moral des soldats. Quoí qu'il en
soit, c'cst la senle cxplication qui n'offensc pas le bon sens.
11
est vrai que dans ce cas
iJ
faudrait admettrc que Napoléou a
commis uue eneur. Mais quant a nous, tout en le regardant
comme un des plus ¡;rau<ls génies de l'humanité, nous deman–
dons, non pasa ses admiratcurs, car nous sommes du nombre,
mais
a
ses adoratcurs, ce que nous ne sommes pas, la per–
mission de croíre qu'en sa vie
il
lui est al'rivé de se tromper.
,