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264.

LIVRE CINQUANTIEME.

apres l'autre,

a

travers Leipzig, repoussant éner–

giquement l'enncmi qui oserait aborder nos

arriere-gardes . Une pareille marche, en nous

tirant d'une fausse position, aurait ainsi l'aspect

d'un changement de ligne, plutótque celui d'une

re traite.

Napoléon se croyait encore si imposant, qu'il

n'imaginait pas qu'on put troubler une semblable

retraite. 11 ,l'était encore beaucoup sans doute,

mais pour la passion enivrée de subites cspé–

rances, il'D'y a rien d'imposant, et c'était une

passion de ce genre qui animait alors les coalisés.

Telles furent les résolutions de Napoléon pour la

nuit du 17 au 18.

Ce qui s'était passé pendant la journée du coté

des coalisés ne répondait pas aux illusions dont

il

avait flatté son malheur. Leur intention prc–

miere avait été de combattre sans relache, de

faire tue r des hommes sans mesure, jusqu'a ce

qu'on füt venu a bout de la résistance des Fran–

-tais, et ::i.vec de telles dispositions il n

y

avait pas

meme de motif pour s'arreter le 17. Pourtant les

nouvelles qu'on avait réussi

a

se procurer du

nord de Leipzig, avaient appris que le prince de

Suede pourrait se trouver en ligne si on lui ac–

cordait un jour de plus. Une autre nouvelle non

moins importante était venue des environs de

Dresde. Onavait laissé devant cette ville la di–

vision Sherbatow et la division autriehienne

Bubna sur la droite de l'Elbe, et l'armée entiere

de.Benningsen avec le corps de Colloredo sur la

rive gauche. C'étaient environ 70 mille hommes,

bien inutilement employés

a

contenir un corps

fran-tais qu'il suffisait d'observer, et dont on

n'avait rien

a

craindre. Ayant profité des le<;ons

de Napoléon, qui avait enseigné

a

tous les géné–

raux du siecle l'art de réunir ses troupes au point

ou elles étaient le plus utiles, on avait prescrit

au général Benningsen de laisser Je corps de

Tolstoy devant Drcsde, et de marcher avec le

sien sur Leipzig. l\feme ordre avait été expédié

au corps de Colloredo et

a

la division Bubna.

1

Les écrivains décidés á ne voir dans les revc1·s de apo–

léon d'autre cause que la trabison de ses alliés ou la faibl es e

<le ses lieutenants, commc si la trahison des alliés, la faiblcs e

des lieutenants ne p1·ovenaien t pas ellcs-mémes de fautes

graves, ces écrivains ont prétendu que les généraux de Ja

coalition ne voulaien t pas :lllaquer le 17 ni le 18, mais c¡u'ils

s'y <léci<lérent daos la nuit du

18,

en :ipprenant la tr:ihison

projelée des Saxons.

Des

lors Napoléon aur:iit encore calculé

iei avec une ju tesse infaill ible. En rcstant en effet un jom· de

plus en position il se serait retiré s:iin et :iuf :ivee l'attitude

d'un vainqucu1., et ce n'e t que lo trabi on des Saxons qui

aarail empcché ce calcul de se vérifier . Cette nouvelle suppo–

sition

e.sl

:rns

i

peu fondée que toutes celles du méme genre.

C'étaient cinquante mille hommes dont l'arrivée

était annoncée pour

la

fin de la journée. Cin–

quante mille de ce coté, soixante mille du cóté

de Bernadotte, composaient un renfort de cent

dix mille hommes, dont il etit été bien impru–

dent de se priver. 11 n'y avait done pas

a

etre

avare du temps qui devait tant profiter aux al–

liés, si peu aux Fran-tais, et on ne pouvait mieux

faire que de remettre d'un jour l'attaque déci–

sive. Les soldats qui avaient si vaillamment com–

battu dans la journée du 1

(i

prendraient un peu

de repos Je 17 , et ce r.epos ne servirait guere aux

soldats de Napoléon, qui étaient trop intelli–

gents poor ne pas apercevoir le danger sans

eesse croissant autour d'eux, et devaient etre

plutot affectés que remis par la prolongation

d'une situation pareille. Par ces raisons , qui pour

notre malheur étaient toutes excellentes , on

avait déeidé de différer jusqu'au 18 la derniere

bataille

1 •

L'arrivée de M. de Merfeld dans l'apres–

midi, ses récits détaillés n'éhranlerent personne,

et révélerent au contraire

a

tout le monde la dé–

tresse qui avait arraché

a

Napoléon des proposi–

tions si nouvelles. Ne s'arreter qu'au bord du

Rbin fut la résolution générale.

Au nord de Leipzig, les déterrninations, prises

avec moins d'accord, n'en avaient pas moins

tendu au meme but. Le prince de Suede, as–

sailli par les reproches violents du ministre

d'Angleterre qui taxait son inaction de perfi–

die, par les remontrances de ses divers états–

majors, et notamment par les instances des

officiers suédois dont les champs de Leipzig

réveillaient les souvenirs patriotiques, avait

fi.ni

par marcher le 17, et par prendre position der–

riere Blucher, auquel il avait demandé une cn–

trevue. Celui-ci l'avait déclinée, sachant ce que

le prince désirait de lui, et décidé

a

ne pas y

consentir. 11 s'agissait de passer hardiment la

Partha, afin de eompléter l'investissement des

Fran-tais, et cclui qui Ja traverserait avant

d'avoir donné la main au prinee de Schwarzen·

MAi. de Wolzogcn, C:ithcart, présents aux quarliers généraux

des co:ilisés, aous ont 1·évélé le détail des délibérations de ces

c¡ uartiers généraux, et on snit anjourd'hui que la résolution

élait d'att:iquer Je 17 méme, et que l'arrivée de nouveaux ren–

forts fitseule remettre :iu

i8.

De plus, lo défeetion des Saxons,

si elle était connue d'av:ince, ne l'était qu'au quarlier général

de Bernadotte, ou des Saxons réfugiés auprés de lui l'av:iient

prép:irée; mais elle étai t lout

a

fait ignorée au quartier géné–

ral des trois souverains Ces invcntions, qui ont pou1· but de

prouver non pos le ¡:;énie prodigieux de Napoléon, qu'on ne

pcut mettrc en question, m:iis son infaillibililé, ont done con–

traires

a

la vérité, et <lénuécs de tout fondement.