LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBRE
1813.
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berg pourrait bien essuyer quelque rude choc.
Or le prince de Suede, en cette occasion , comme
sur la l\folde quelques jours auparavant, voulaít
que Blucher occupat le poste le plus périlleux.
Blucher fatigué, non pas de dange1·s, mais de
comploisances pour un allié dont il suspectait la
fidélité autaut que l'énerg ie, avait r épondu que
ses troupes , épuisées par le combat du 16, étaient
beaucoup moins propres
a
supporter une posi–
tion difficile que cclles de l'armée du Nord, et
il
avait exigé que Bernadotte vint fran chir la
Partha sur la gauche de l'arméc de Silési e, et se
risquer daos la plaine de Leipzig en face de
Napoléon.
11
s'était en meme temps cntendu
secretement avec les généraux prussiens et
russes qui cornmandaient les divers corps de
l'armée du Nord, et il leur avait promis de
passcr avec eux la Partba le lendemain pour
combattrc Napoléon
a
outrance, car Blu cher
était bien résolu
a
parti ciper lui-mcmc
a
la dcr–
niere lutte, mais il voulait contraindre Bcrna–
dotte a prendre une position de combat dont il
luí füt impossible de revenir
1 •
Tout était done dis–
posé pour que Napoléon eut sur les brils cuviron
500
mille hommes. Les alliés en avaieot efrec–
tivement
220
ou
250
mille le 16; s'ils cnavaient
perdu environ
40
millc daos cettc journée, et
s'il leur en arrivait
1>0
avec Benningsen,
60
avec
Bernadotte, leur nombre total devait bien ctre
d'a peu pres
500
millc. Quant
a
Napoléon, qui
en avait cu
190
mille, Reynier compris, avant
la bataille du 16,
iI
ne devaü pas, commc nous
l'avons <lit, eu conservcr plus de
160
a
161>
mille
le 18, en comptant meme les alliés pcu surs qui
étaient dans ses rangs.
Du reste Napoléon connaissant ceLLe situaLion ,
avait pris vers la fin de la journée du 17 le partí
de se retirer. Malheureusement ce n'était pas,
comme nous l'avons dit, une de ces r elraites
nocturnes, telles que l'art de la guerre autorise
a
les faire lorsqu'une arméc a besoin de se sous–
traire a un enncmi supérieur, mais une retraite
en plein jour, et
a
pas Jents, qu'i l voulait exé–
cuter, de maniere a conservcr uneattitude impo–
sante, et
a
traverser saos embarras le long défilé
1
Nous cilons le passage suivanl de M. de Wolzogen qui
peint ce qui se passait aux élats-majors de Blueber el de Ber–
nadottc. Les récils de
ni.
de nlulTling, témoin oculaire, sonl
enoore plus frappants et plus amers.
" Le prince Guillaume, frere du roí de Prussc, a1·ait déja
" auparavanl déeidé le prince qui hésitait,
a
prcnd1·e une part
" sfrieuse
a
la bataille, et avait am iealement évcillé s?n allen–
" Lion sur ce point, que l'opinion des troupes p1·uss1cnnes et
" russes qui se trouvaient dans son a1·mée lui élail trcs-défa–
" vorable, et qu'elles allaient mcmejusqu'it douler de son eou-
de Leipzig
a
Lindenau, défilé eonsistant en une
multiLude de ponts jetés sur les bras divisés de
la Pleisse et de l'Elster. A deux heures du matin
en cffct
il
était debout, expédiant ses ordres qui
furent les sui vants. Tous les corps qui avaient
com lrn ttu au sud , c'est-a-dire, Poniatowski, Auge–
reau , Victor, Lauriston , l\iacdonald, la garde,
les 1
cr, 2e,
4°,
¡)e
de cavalerie, devaient rétro–
gl'adcr cl'un e lieue, et venir former autour de
Leipzig, sur le plateau de Probsthcyda, un cer–
cle plus resserré, et des lors
a
peu pres invinci–
ble. Si l'en nemi les suivait, ils se précipitcraient
sur luí, et le refouleraient au loin . Au nord et
a
l'est, l\farmont qui apres le combat de Mockern
avait repassé la Partha, devrai t se concentrer
de Schonfeld
a
Sellerhnusen. Ney qui, avec Rey–
nier arrivé dans l'apres-midi Ju 17, formait
le JJrolongeruent de la ligne de l\1armont, devait
replier sa droite en aniere, jusqu'a ce qu'il rcn–
conLrat la gauche de Macdonald
a
lravers la
plainc de Leipzig, et fermat aiosi le cercle que
l'armée
fran~aisc
allait décrire. Alors la liaison
qui n'avait été établie entre Ney et Macdonald
qu'au moyen de la cavalerie, serait établie au
moyen d' une ligne cootinue de troupes de
toutes armes occupaot les villages de Pau11sdorf,
Melckau, Holzhause11, Liebert-Wolkwitz. Des
cet iosta11t, au lieu d'un cercle de cinq
a
six
licues, 011 n'en formerait ph1s qu'un de dcux
licues
a
peu pres, et partout tres-solide. A l'est
et au nord , on devait comme au sud rétrogradcr
lentcmcnt, culbuLer l'ennemi trop pressant, et si
011 n'était pas suivi, venir
a
l'exemple des autres
corps s'écouler
a
travers Leipzig par la chaussée
de Liodenau. l\iais cette chaussée
il
fallait se
l'ouvrir. Margaron, le 16 ,avnit conscrvélebourg
de Lindenau placé a l'cxtrémité des ponts de
la Pleisse et de l'Elster. Napoléon confia au gé–
néral Bcrtrand le soin
de
franchir Lindenau, de
débouch er dans la plaine de Lutzen, d'cnfoncer
Lout ennemi r encontré sur son chcmin, et de
pcrccr jusqu'a W cissenfels sur la Saale. Il lui
donna, pour le renforccr, la division
fran~aise
Guilleminot, qui avait marché précédemmeot
sous les ordres de Reynier, avec la division
" 1·age personncl et de sa loy::ile volonlé d'agir efficacement
, dans l'intéret de la cause commune des alliés. Cette eonfi–
" denee, ainsi qu e les obscrvations du général Acllerkreutz,
«
chef de son état-m::ijor général, que les Suédois, loin de
"
resl.eren arriérc, désiraicnt au eonlraire soulcnir Ieur
" aucienne renommée su1· le ehamp de bataille ou Gustave–
" Adolphe avail combattu si glorieuscment, passent pour
" avoir cxcrcé une infü1cnee déeisive su1· la résolution de
" Charlcs-Jean. ,,