Table of Contents Table of Contents
Previous Page  266 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 266 / 616 Next Page
Page Background

2ti6

LIVRE

CINQUANTIEJ\fE.

Ces hussards et ces Cosaques, lancés au galop,

cnlourerent de toutes parts la grande batlerie de

Ja gardc qui était restée ioébranlable au milicu

du champ de bataille. Drouot, rabattant alors les

deux cxtrémités de sa ligne de canons sur ses

fl anes, opposa pour ainsi clirc un carré d'artil–

lerie a

la

cavalerie ennemie, et Jorsque celle-ci

en revenant passa

u

portée de ses pieccs, il la cou–

vrit de mitraille.

La bataille n'avait done pas été décidéc par

cctte aclion générale de notre eavalerie, bien

qu'une bonne partíe du champ de bataille füt en

notre pouvoir. A droitc en effet nous avions

prcsque bloqué meist dans l\fark-Kleeberg; vers

Je centre Víctor n'avait pas cessé d'occuper la

bergerie d'Avenhayn; au centre, tirant sur Ja

gauche, Lauriston, Ja batterie de la garde, la

cavalerie de Latour-Maubourg étaicnt devant

Gülden-Gossa; agauche Macdonald, maitre de la

redoute suédoise et de Seyffertshayn, bordait de

toutes pai.'ts le bois de l'Université. l\fais l'en–

nemi, quoiqu'il cut rétrogradé, tenait encore.

Napoléon voulut alors tenter un supremc cffort.

11 reforma ses colonnes d'attaque : Mortier avec

Lauriston, Oudinot avec Viclor, eurent ordre de

se remettrc en colonnes, et de s'engagcr de nou–

veau. Les deux divisions de Ja vieille garde,

comprenant éñviron dix mille hommes, seule ré-

CJ'VC

qui nous restat, durent les soutcnir, et

'engager elles-memes s'il le fallait. Toute la ca–

va lcric fut rangée en masse derriere cette infan–

terie : vaincre ou périr était leur mission. l\fais

Lout

a

coup on entendit degrands cris sur notre

droite. Les grenadiers de Bianchi et de Weissen–

wolf, survenus

a

Ja suite des cuirassiers de

Nos titz, avaient franchi la Pleisse, relevé, au vil–

Iage de l\Iark-Kleeberg, Kleist épuisé de fatigue,

et ils tachaient de faire fléchir Poniatowski, Je–

que!n'avait pas cessé d'opposer

a

toules les atta–

qu es une résistance invincible. Enfin sur nos

1lcrrieres

a

droite,

a

ce poste de Dolitz que le

prince de Schwarzenberg s'était flatté d'enlever ,

le général IHerfeld, faisant une forte tentative,

a ait forcé tous les passages de la Pleisse, et

l:tait pret

a

gravir la hauteur qui forme la berge

<le cette riviere. A ce danger Napoléon arreta le

mouvement

de

sa vieille garde, et dirigea sur

Dolilz la division Curial. Oudinot fut détourné

pour tenir tete aux grenadicrs de Bianchi et de

Weissenwolf. l\Iais grace a l'opiniatreté de Ponia–

towski

t

de la division Semelé (d u corps d'Au–

gereau) les greuadiers autrichiens furent conte–

nus. Curial, e 'cutant en al'l'i' rc un mouyemcot

transversal de gauche

a

droite, se précipita sur

Dolilz. Il

lan~a

d'abord les grenadicrs de Turin

et de Toscanc sur les hois qui entourent Doliti,

et ensuite, avec les fusilie1•s de la garde,

il

se

porta sur Dolitz meme, pour

y

entrer a la bai:on–

ncHe. U fallait franchir un bras de la Pleisse, et.

puis s'eogager dans une suite de fermes conti–

gues, dépendantes d'un vieux chateau. 11 mit

dans cette charge tant de vigueur, qu'il franchit

la Pleisse, traversa les com·s de forme les unes

apres les autres tua

a

coup~

de ba'ionnelte quicon–

que essayait de lui résister, et? devarn;ant l'en–

nemi au chatean meme,

fit

prisonnier t9ut ce

qui était resté daos les cours en arriere. ll prit

aiosi le général l\lerfeld avec plus de dcux millc

hommes.

Il

était cinq heurcs et la nuit s'approchait.

Napoléon, apres avoir pourvu

a

cet accident de

sa droite, ne pouvait se résoudrc

a

ne pas tenter

un dernier effort sur le centre de l'ennemi.

Víctor était encore a Avenhayn ; il ne s'agissait

done que d'enlever Gü!dcn-Gossn. Lauriston,

imperturbable au milicu d'un fcu horrible, avait

éprouvé <les pertes énormes;

iI

lui restait toule –

fois legénéral l\Jaison ,atteint de plusieurs coups

de feu, n'ayant plus autour de luí que les débris

de sa division, mais insatiable de dangers jus–

qu'a ce qu'il eUt eonquis Gülden-Gossa. Suivi de

l\fortier, l\faison était rentré dans ce fatal village.

Son succes pouvait tout décider, lorsque Barclay

de Tolly, appréciant le péril, y larn;a la division

prussienne de Pirch, appuyée de la garde russe.

Celle-ci, par un eífort désespéré, reprit Güldcn–

Gossa. l\laison essaya encore une fois d'y rcn–

trer; mais une obseurité profonde sépara bientót

les combattants. Demeuré en dehors comme un

lion rugissant, l\faison était la, privé des einq

sixicmes de sa division, couvert lui-meme de

blessures, et désolé d'etre arreté par la nuit. Le

matin

il

avait

<lit

a ses soldats ces nobles paroles :

Mes enfants, c'est aujourd'hui la dernicre journée

de la France;

il

faut que nous soyons tous morts

ce soir. - Ces cnfants héroi'ques avaient lenu

son eogagement. Il n'en survivait pas un millicr.

Cet acte fut le dernier de la bataille du

16,

ba–

taille terrible, dite de Wachau. Environ víngt

mille hommes de notre cóté, et trente mille du

cóté des coalisés, jonchaient la terre, les uns

morts, les autres moarants.

Mais la ne se bornait pas cette horril5le eífu–

sion de sang humain. Deux auLres bntailles

ava ient été livrés dans la jou rnée, l'une au cou–

chant. l'autre au nord de

r ..

eipzilT, l'une sur notre