LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBRE
1815.
255
qui était dans un fond , ,nais
a
chaque foi s les
divisions de Víctor, fondant sur eux en colonnes
s~rrées,
les en avaient repoussés. Ce village avait
été en deux beures pris et repris cinq fois. 11 ne
présentait plus qu'un monceau de ruines et
de cadavres. A Liebert-,Volkwitz , Lauriston,
abordé de front par Gortschakoff , de gauche
par Klenau , les avait rec;us de maniere
a
ne pas
leur donner le gout d'y r even ir. Klenau s'étant
montré le premier sur la gauche avec la brigade
Spleny, le général Rochambeau l'avait chargé et
eulbuté, tandis qu'on canonnait
Gortschako.IIéloigné encore, et longeant le bois de l'Univer–
sité. Apres avoir criblé de boulets les Russes de
Gortschakoff, les Prussiens de Pirch, le général
l\faison leur avait laissé gravir le terrain saillant
sur lequel s'élevait Liebert."Wolkwitz, puis les
avait ehargés avec vigueur, et rejetés partie sur
le bois de l'Université a gauche, partie sur
Gülden-Gossa a droite, et , ehaque fois qu'ils
avaient voulu reRaraitre , les avait couverts de
mitraille.
A midi, 18 mille hommes avaient déja suc–
combé dans l'une et l'autre armée, mais les deux
tiers de ce nombre du coté de l'ennemi, et notre
ligue, invincible par tout, semb!ait ne pouvoir
étre forcée, sauf a droite, ou, eomme nous
l'avons dit, elle s'était légerement ployée.
Dans ce moment le canon avai t tout a coup
retenti au nord, puis on l'avait bientót entendu
dans les autres directions , ce qui annonc;ait que
nous étions assaillis de tous les cótés
a
la fois.
En effet, des aides de camp arrivés au galop
avaient appris d'une part que sur Ja droite de
Leipzig, Margaron était attaqué a Lindenau par
Giulay, qui voulait nous óter notre ligne de
communication avec Lutzen , et qu'cn arriere,
c'est-a-dire au nord de Leipzig, Marmont éta i
t
aux prises avec Bluchcr accou r u de Halle pour
prendre part
a
la bataille générale. Marmont
mandait qu'il ne pouvait pas
exécuL.crl'ordre de
se porter derriere Napoléon , car il lui follait
tenir tete a Blucher, et memc il réclamait du
secours. Heureusement le maréchal Ney parais–
sait cu cet instant avcc la division Dombrowski
et le corps de
Souh~m,
et Napoléon
fit
dire
a
ce
maréchal, que tout en aidant 1\farmon t,
i1
fallait
envoyer derriere Macdonald, a l'appui de la
grande armée, celles de ses divisions dont il
pourrait disposer. Ney commandait
a
la fois
le 4e corps (Berlrand), le 5° (So uham), le
7e
(Rey–
nier), plus la division de Dombrowski.
JI
avait
Bertrand dans Leipzig pour appuyer Margaron ;
il
lui arrivait Dombrowski et Souham pour sou–
tenir 1\'larmont et se r epor ter sur Napoléon. ll
ne pouvait avoir Reynier que le lendemain.
A midi la bataille s'étant plus clairement
développée, Napoléon songea cnfin
a
quitter Ja
défensivc pour prendre une offensive vigou–
reuse. 11 résolut de déboucher
a
la fois d·e
Liebert-Wolkwitz et de Wachau afin d'écraser
le centre de l'ennemi , tand is qu'a !'extreme
gauche :Macdonald, débouchant de Holzhausen
par dela Liebert--Wolkwitz,repousserait Klenau ,
le rejetterait le plus Join possible, puis se rabat–
tant de gauche
a
droite, se précipiterait sur le
centre de l'ennemi, att.aqué déja de front par
Liebert-Wolkwitz et Wachau. Pour l'exécution
de ce mouvement, Napoléon
fit
descendre d'un
coté deux divisions de la jeune garde sous Mor–
tier, afio que réunies lt Lauriston elles tombassent
sur Gortschakoff, et de I'autre coté dcux autres
divisions de cette meme jeune garde, sous Oudi–
not, pour fondre avec Víctor sur le prince Eugene
de 'Vurtemberg. La réserve d'artillerie de
la
garde formant une batterie de quatre-vingts
piec~
de canon, devait s'avancer entre ces deux
eolonnes et les seconder de son feu. La cavalerie
de Latour-1\faubourg fut disposée en arriere afin
d'appuyer ce mouvement, et de saisir les occa–
sions de charger. I\ellermann avec les 4° et
?)e
corps se tint.également pret sur la dro ile. La
vieillc garde composée des divisions d'infanterie
Curial et Friant et de Ja cavalerie de Nansouty,
vint prendre la position laissée vacante par Ja
jeune gardc et par Latour-lWaubourg. Tout
s'ébranla done pour ce mouvementoffensif, dans
le momcnt nieme oú Alexandre, frappé déja de
ce qui se passait devan t lui, avait envoyé un de
ses officiers allemands,
1'1.
de Wolzogen; pour
supplier le prince de Schwarzenberg de renon–
cer
a
son attaque entre la Pleisse et l'Elster , et
de s'occuper davantage de ce que les armées
prussicnnc et russe avaient sur les bras entre
Liebert-Wolkwitz et Wachau.
A peine le signal était-il donné que nos deux
colonnes d'attaquc s'avancerent, ayant entre elles
la battcrie formidable de la garde dirigée par
Drouot, et dont trente-deux pieces de 12 étaient
commandées ºpnr le braYe colonel Griois. Le feu
était épouvantablc, et tel qu'il semblait qu'au–
cunc troupe n'y pli t résister. D'un coté le
maréchal Mortier précédé par Ja division Maíson
desccndit de Liebert-Wolkwitz, aborda Gortscha–
koíf, et le rejcta entre le hois de !'Université et
le village marécageux de Gülden-Gossa. De l'au.::-