LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBl\RE
18.f 5.
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et de l'Elster, et le gros bourg de Lindenau , qui
en forme le débouché dans la plaine de Lutzen.
Moyennant qu'on défendit bien ce bourg et la
ville, il suffisait de troupes légeres sur la grande
route de Lutzcn, pour qu'on fu t averti de ce qui
s'y passerait, et qu'on pul y accourir
a
temps.
Napoléon adjoignit aux tro upes de Margaron le
général Bertrand qui avait marché avec Macdo–
nald, et qui venait d'entrer
a
Leipzig.
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devait
appuyer au besoin, ou J\Iargaron dans la défense
de Leipzig et du débouché de Lindenau, ou
Marmont daos la défense de la position de
Mockern. Les autres corps arrivant successive–
ment devaient, comme no us l'avons dit, se placer
derriere l\farmont, et le relier avec Murat. Aiosi
daos la premiere journée Napoléon avait pour
la bataiHe qui allait se livrcr au sud de Leipzig,
11!>
mille hommes
a
opposer aux 160 mille de
Schwarzenberg. Si la lutte s'engageait
CD
meme
temps au nord ,
il
avait
a
opposer aux 60 millc
hommes de Blucher Marmont avcc 20 mille
Bertrand avec 1Omilie, saos compter les 1Omille
de Margaron qui gardaient Lcipzig et la grande
route du Rhin. Ney, avcc Souham, Dombrowski,
Rcynier, nous amenait un renfort de 55 mille
hommes, et pouvait alLernativement sccourir
.Marmont ou Napoléon lui-mcmc. Avcc lui le
lota] de
DOS
forces devait s'élever
a
190 millc
hommes; mais il fallait se hater de vaincre, car
si Ney portait nos
for~es
a
190 rnille hommes,
l'ennemi, daos le meme espace de temps, pou–
va it voir les siennes s'élever
a
520 ou 550 millc
hommes par l'arrivéc probable de Bcrnadotte
demeuré en arriere de Blucher, de Bcn11ingsen
demeuré en arriere de Schwarzenberg. Napo–
léon, du reste, songeait
a
s'assurer des résultats
décisifs des le
premi~r
jour, car
il
espérait avoir
au moios la téte de colonne de Ney, la joindre
a
Macdonald, et, les jetant l'un et l'autrc sur la
droite de Schwarzenberg, pousser brusquement
ce dernier dans la Plcissc. Ces disposi Lions étaicnt
tout ce qu'on pouvait aLtendrc de la situation et
de son génic, et apres avoir employé Ja journée
entiere du 15
a
rallier ses troupes,
il
résolut de
ne pas difiérer davantage, et d'attaqucr Schwar–
zcnberg le Jendemain 16.
Jl
redoubla d'assurance
a
l'égard de ses Iieutenants, et mémc de bien–
veillance pour eux, voulant les mieux disposer
a
donner jusqu'a la derniere goutte de leur sang.
Au surplus, meme en éprouvant de secretes in–
quiétudes et en désapprouvant sa politique, ils
y étaient <léterminés sans réserve. Vaincre ou
mourir était le sentimcnt de tous.
Les alliés de lcur coté n'étaienl pas restés
oisifs, et avaient faitde grancls cfforts pour opérer
leur réunion sous les murs de Leipzig. Blucher
et Bernadottc, eornmc on l'a vu, s'étaieut,
a
l'ap–
proche de Napoléon, réfugiés derriere la l\'lulde,
et n'avaienL cessé depuis qu'ils se trouvaient en–
semble d'etrc en contestation sur la conduite
a
suivre. BernadoLte aurait voulu d'abord que
l'arméc de Silésie vint prcndre position au-dessus
de lui sur la :Mulde, c'est-a-dire se placer entre
lui et Lcipzig, afio d'avoir en cas de revers des
moyens d'évasion plus prompts et plus surs vers
l'Elbe. Blucher, qui devinait les motifs de Ber–
nadotte, aurait désiré au contraire se placer au–
dessous pour le lenir enfermé entre lui et Leipzig,
et le forcer ainsi
a
marcher
a
l'ennemi. l\fais
Dcrnadotte se refusant absolument
a
une sem–
blablc disposition des deux armées, et alléguant
pour prétexte le soin de ses communications
avec la Suede, Blucher avai t été obligé de se
rcndre pour évitcr une rupture. Apres cetlc
contcstation,
il
s'cn élait élevé une autre. Ber–
nadotte voulait qu'en remontant vers Leipzig on
opérat ce mouvement non pas derriere la Mulde,
mais derriere la Saale, afin de mettre deux ri–
vieres entre soi et les Franc;ais. Blucher, au con–
traire, voulait qu'on se couvrit seulement de la
Mulde pour arriver plus tót
a
Leipzig. Toutefois
il avait cédé encore, toujours dans l'intention de
prévenir un éclat. l\fais avec son impatience ha–
bituclle,
il
n'avait porté qu'un de ses corps der–
riere la Saale, et
a
la tete des deux autres il avait
cheminé en avant de cetterivicre, sur la chaussée
de Halle, tres-pres du maréchal i\farmont qu'il
n'avait cessé de cótovcr. Enfin une troisiemc
contestation avait tou.t
a
coup surgi entre les
deux chefs des armées de Silésie et du Nord, et
avait mis le comble
a
leur mésintelligencc. A la
vue des Franc;ais occupés au dela de l'Elbe
a
dé–
truire des ponts, Bernadotte croyant a un mou–
vement de Napoléon sur Bcr lin, avait voulu re–
passer l'Elbe, pour n'ctre pas coupé du nord de
l'
Allemagne ou était sa base d'opération. Son
état-major tout entier, compasé en grande partic
de Russes et de Prussiens, avait, contre l'ordi–
naire, incliné
a
son opinion. Aussi avait-il fait
valoir l'autorité éventuelle dont
il
était investi
a
l'égard de l'armée de Silésie, pour enjoindre
a
Blucher de le suivrc sur la rive droite de l'Elbe.
En reccvant cet ordre Blucher avait contesté le
mouvement de Napoléon sur Berlín, allégué
a
J'appui de son opinion les forces consiclérabJes
Jaissées autour de Leipzig, répondu en outre par
.)
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