LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBRE
18'15.
24ts
coalisées, au mauvais
esp~it
de ses troupes, et
a
J'opioion unanime de son peuple. Notre ministre,
l\f.
Merey d'Argcnleau, qui se eonduisait
a
Mu–
uicb avec beaucoup de zele et de prudence,
n'avait pu répondre
a
ces plaintes que par des
promesses toujours démenties par les fait.s, et
avait plusieurs fois averti M. de Bassano du
péril qui nous mena<¡ait de ce cóté. Le départ
du maréchal Augercau pour Leipzig avait été Je
signal de Ja défcction, et Ja Baviere avait cédé,
en signant un traité d'alliance avec nos ennemis .
Nous devions en conséquence nous attendre, si
nous étions forcés de nous retirer,
a
trouver sur
nos dcrriercs une armée de 50 millo Autrichiens
et de 50 mille Bavarois prets
a
nous fermcr Ja
retraitc. 11 follait done
a
tout prix etre victo–
rieux
a
Lcipzig, sous peine d'un <lésastre non pas
plus tragique, mais plus irremédiable que celui
de Moscou
1 •
Cette situation, qui d'heure en heure semhlait
présenter un aspect plus sinistre, n'échappait
pas
a
Napoléon, mais elle était loin de le trou–
bler. L'idée d'etre vaincu par les généraux et les
soldats de la eoalition ne pouvait entrer daos
son esprit. Ses généraux avaieot été battus qua-
1 Les tristes flattcurs qui pendanl son regne out contribué
a
penlt·e Nap<?léon, et qui depuis sa chute ont plus d'une fois
corupromis sa mémoire, onl atlrihué a la défcclion <le la Ba–
vie1·e tous les désustres qui onl ignalé la fin de la eampagne
1le
1815.
C'e
1
parce que Napoléon cst revenu sur Leipzig,
disent-ils, au lieu de dcscend1·e sur l\lagdebourg et Hambourg,
pom• p1·endre position sur le bas Elbe, qu'il a succombé. lis
p1·ouvcnl en disant cela qu'ils n'onl ni connu Ja partie la plus
importante des documents de cetle époque, ni meme inler–
prélé selon leur vrai sens ceux de ces documents qu'ils avaient
·ous les ycux. Ce n'cst pasa cause de la défcclion de la Baviere
que Napoléon e t revenu de Düben sur Leipzig, car c'eüt été
1111
bien faible motif pour un capitaine lel que lni.
11
e l re–
venu, comme nous J'avons racont é, pour rcstc1· toujour in–
terposé entre l'arméc de Bohémc et les armées de , ilésie et du
NorJ, et
il
ne le pouvait qu'en se portant sur Lcipzig avauL
que Bluche1· cül le temps d'y arrivcr.
11
y
n, indépendammenl
do ces 1·aisons qui sonl de simple bon ens, des raisons de
foil invincibles dans les lellres meme de Napoléon. C'csL
lo t2 au matin qu'il changea de dóterminolion el
renon~a
an
mouvemcnl ur Berlin pour le mouvement ur Lcipzig; or,
le
15
il
ne couuaissuil µas encore la défection de la Bavie1·e,
ca1· raeontanl
u
ni.
de Bassano, qui élail a Eilenbourg, !'ar–
re tation du sem·étaire de M. Pozzo di Bor o, et sa couversa–
tion avec ce ecrétaire,
il
dit que les c'oalisé complaient
beaucoup sm· la Baviere, saos étre certains ccpendant d'avoir
terminé avec elle. Le t5 Napoléon ne savait done pas encore
ce qui en étaiL de la Baviere, el c'est le t 2 que ses ordres de
muroher sur Leipzig avaient élé donnés. Enfin
il
e Lconstaté
pa1· la correspondance diplomatique de M. de Merey d'Argen–
leau que ce ministre ne connut que le 9 octobre le traité igoé
8 Muuich le 8, que se dépécl1es
annon~nt
celle nouvelle fu–
renl interccptéc el ne parvinr nt poiot
a
Napoléoo. Dans
1
llH
des communication , ces d«!pécbe , oblig es d'aller jus–
qu
il
Francfort ou Mayence pour premlre la route de la grande
urmée ne sel'aienL certainemenL pa arril•é avant le t2
Düben, quand mtlme elles n'ouraient pus été interceptée ·.
t1·e fois daos cette campagu , et Jui jamais, ni
dans celle-ci, ni daos aucune autrc. Apres avoir
Jivré plus de cinquante batailles rang 'es,
ce
qui
n'était arrivé encore
a
aucuo capitaine, ni an–
cien ni moderne, il n'en avait pas perdu une
seule. 11 trouvait saos doute ses soldats jeuoes
pour les fatigues, mais il ne les avait jarnais vus
plus braves;
il
sentait sa prodigieuse clairvoyance
qui lui donnait tant d'avantage sur ses ennemis,
comme on sent l'excellence de sa vue en l'exer–
<¡ant continuellemeot sur les objets;
il
ne dou–
tait done pas de gagner une, mcme dcux et trois
batailles. Son espérance était de vaincre d'abord
Sehwarzenbcrg le premicr iour, puis Blucher le
seeond, et de sortir ainsi de l'espece de réseau
daos Iequel on cherchait
a
l'enfermer. Toutefois
son infériorité numérique par rapport
a
l'en–
nemi lui semblait bien grande, car il ne pouvait
pas e flatter de réunir 200 mille combattants,
et ses adversaires devaient en avoi plus de
500 mille s'ils parvenaient
a
se joindre. Pré-
oyant cetle difficulté,
il
avait prescrit une dis–
position
a
laquelle
il
avait pensé bien des foi s,
e'était de placer l'infanterie sur deux rangs au
lieu de trois. 11 prétendait que le troisieme raog
Voila des fails posi tifs et incont estables. Le
14
on n'avail a
Leipzig que des bl'llil vagues, vcnunt des coali és qui savaicnt
ce qui s'élait pa sé entre cux et la Iluviere, el qui l'ébruilnienl
par la joic qu'ils en cprouvaicnl. Napoléon n'avait done pu e
porte1· sur Lcipzig
a
cause de la défection de la Baviere, pui -
qu'il l'ignorait. On s'e l fomlé, pour répand1·e cclle fausscté,
sur une assertion du
AJ011itmr
de cctte époqu.:, qui prétcnd
que la défcclion de la Bavierc avail contraiul npoléon de re–
venir sur Leipzig. On vient de oir, par le prcuve
malérielle~
que nou avon rapportée , que l'a ertion e t radicalemenl
fa u se. Mai voici le motif de Nnpoléon pour di imuler la
vérité en celle circon lance. Cherchnnt pour le public une
explicalion palpable Je la manceu v1·c qui
1
avait rameoé sur
I.eipzig, et dont le résullat avail été i désastreux,
il
imagina
cctte rnison de la dcfection de la Bnvierc qui ctail frnppante
pour le ignorant , el qui luí scrvail
il
mnsque1· ce qu'on po11-
1·oit croire une faute, comme pour 1812 il a ait ima"iné
J~
dire que le froid était cau e de no malueur , el pour Kulni
que Yandumme avail manc¡ué a
se~
in truel ion . Mai
'upo–
léon, en eju tifiant ain i devant les ignoront , ioe calomniait
de ont les gen in truits. i en ITeL il ül élé ccrtain que la
route de lllayeaec allait se
f
1·mcr par la défection 1le Ja Ba–
''ie1·e, c'cüL été une raí on de plu de desceodrc u1· dagde–
bourg et Bambourg, au lieu de remonter ur Leipzig, puisqu'il
e erail as uré ain. i la mute bleo meilleurc et cacore libre
de~
e el. Muis apoléon, dé e pél'aot de fairc omprendre
Ja mn se du public comment il u ai t été forcé
la uite de>
plu avantes mnncenvre de revcuir sur Leipzig, adopta uue
n ertion pécieu e, fucile
il
ai ir pa1· tool le monde, et la
dorma dan le 110111 elle officiclle • aux dépen de la vérité l
de a propre gloire. Heuren-eruent la vérilé triomphe toojoar ·
nvec le temp car il
y
a tól ou lard de gen qui l'aimeot et
n
al
la trouVl'r,
l!t
tautót elle condamne tnolót meme elle
ja tifie ceux qui onL cu la maladre· e de la cacher. ou\·ent
o etreL elle vaul mieu pour eux que le meo onge qu'il onl
iovent · pour e ju tificr.