LEIPZIG ET HANAU. -
OCTOBRE
1815.
241
meme joindre les armées de Silésie et du Nord
en les t.enant séparées el e Leipzig, la plus urgen te
des manreuvres était de s'opposer
a
la jonction
générale des trois armées coalisées, et pour cela
de venir
a
Leipzig combattre le plus lót possiblc
celle de Bobeme. ll n'y avai t que ce moycn de
sortir de la difficulté, car persister a se
jet.erpar
Dessau sur les armées de Silésie et du Nord,
lorsqu'on n'était pas certain de les trouver réu–
nies, puisque l'une semblait r emon ter vers Leip–
zig et l'autre r epasser l'Elbe, s'exposer ainsi
a
n'atteindre que l'une des deux, tandis que l'autre
irait rejoindre l'armée de Boheme
a
Leipzig, et
que ces deux dernieres accableraient :Murat, n'é–
tait plus une conduite admissible de la part d'un
capitaine tel que Napoléon, et il faut admirer la
promptitude incroyable avec laquelle de l'un de
ces projets il passa tout de suite
a
l'autre. i\Iais
de ce moment sa situation étaitdéja moins bonne,
car ayant naguere l'espérance fo ndée de ballre
successivement les armées enncmies , peut-etre
meme de leur faire essuyer une catastrophe, il
était menacé
a
son tour d'une r éunion de forces
écrasantes, et son triompbe le plus grand allait
etre, non pas d'infliger un désastre
a
ses enne–
mis, mais de l'éviter.
11
est vrai qu'il avait la
chance d'accabler Schwarzenberg avant que Blu–
cher survint, et peut·etre aussi Bl ucher Jui-méme
avant que BernadoLLe put le rejoindre; mais il
fallait pour obtenir ces deux r ésultals une préci–
sion et une r apidité de mouvcments bien difficiles
avec des soldats fati gués par des marches conti–
nuellcs et par un temps épouvan table.
A l'inslant méme, c'est-a-dir e le
12,
entre dix
heures et midi,
il
fit ses ealculs et donna ses
ordres en eonséquence. Murat, qui le 11 avait vu
recommencer le mouvemcn t ofTeosif de l'armée
de Boheme, pouvait bien metlre toute lu journée
du 12
a
se replier sur Leipzig, et s'y défendre
le 15, le H·, mcme le Hi , avec les secours qu i
allaient successivemen t Jui parvenir. En effet
Marrnont déja porté
a
Dolitzsch n'était séparé de
Leipzig que par une mar che,
e l
en Jui cxpédiant
immédiatement l'ordre de s'y rendre, devait
y etre le 12 au soir, ou le 15 au matin au plus
tard. Ce renfort de pres de
25
mille hommes,
cavalerie comprise, joint
a
Au gereau dont ·on
annon<;ait l'arrivée, procurcrait
a
Murat 90 mille
hommes environ pour Ja journée du 15. La
garde et Latour-Maubourg avaient été tenus au–
to.urde Düben , et pouvaient s'y replier dans la
journée pour fran chir la Muld e et s'acheminer
sur Leipzig. S'il n'avait pas fullu passcr par cet
C.ONSULA.T.
l),
unique pont de Dühen avee d'immenses convois
d'artillerie et de bagages, la garde et Latour-
1\fa ubourg auraient pu etre le soir meme de
l'autre coté de la Mulde, et avoir
fait
une pre–
miere marche sur Leipzig, ce qui leur aurait
permis d'y etre le lendemain 15 au soir. En
comptant la garde
a
58 mille hommes de toutes
armes apres les fatigues qu'on venait d'essuyer,
Latonr-1\faubourg a six mille cavaliers (les effec–
tifs sur le papier étaient bien .supérieurs),
c'étaient encore 44 mille hommes qui , le 15 au
soir ou le '14· au matin, .allaient r enforccr Je r as–
semblement de l\forat ' le porter
a
154 milie
hommes, et former entre l'armée de Bohcme et .
cellc de Silésie un mur impénétrable. Restaient
Bertrand occupé pres de \Vartenbourg
a
ruiner
les ouvrages de Blncher, l\Iacdonald envoyé dans
les environs de Wittenberg pour appuyer Reynier
et Dombrowski. l\focdonald et Bcrtrand, ramenés
le 15
a
Diiben, pouvaient étre le
1/i,
au soir, ou
le 10 au plus tard,
a
Leipzig, et porter ainsi
a
160
ruille hommes la grande armée qu i s'y for–
mait. Enfin Dombrowski avec 5 mille hommcs,
Reynier avcc 15 mille, Sébastiani avec 4 millc
chevaux, avaient été envoyés au dela de l'Elhe
pour détruire lous les ponts de ce fleuve jusqu'a
Barby, et Ney avec
15
mille hommes avait été
chargé de s'emparer de ceux de la l\iulde, pour
éloigner défi ni tivement l'armée du Nord, qui
scmblait décidée
a
se tenir au dela lle l'El be.
C'étaient encore 58 on 59 mille hommes, qui ra–
menés sur Leipzig, devaient portcr la conccntra–
tion générale de nos for ces
a
un total d'environ
200
mille combaltants. Daos
la
position concen–
tr ique oú ces
200
mille combattanls allaient se
l1·ouver au milieu de toutes les armées des
coalisés, on avait de quoi livri1· u ne bataille qui
scrait formidable sans doute, mais qui pourrait
étre heureuse, les coalisés fussent-ils
500
mille
et meme davao tage, ce qui n'était pas impossible.
Napoléon expédia ses ordres de dix he,ur es
a
midi 11ux divcrscs masses destinées
a
se réunir
sur Leipzig, et devant partir, l\Jarmont de Do–
lil zsch, Ja garde et Latour-1\faubourg de Düben ,
Bcrtrand et l\facdonald des environs de 'Vitten–
berg. Quant
a
Ja derniere portion de 58 mill c
hommcs, engagés les uns au dela de l'Elbe par
Wittenberg, les autres au dela de la l\fol de par
Dessau , Napoléon calcula que meme en les r a–
menant des Je lendemain sur Di.ibcn , i1s ne
pourraicnt pas y passer le pont de la !Wulde
a
ca use de l'encombrement des hommes et du ma–
téricl ; il leur laissa done termi ner la tache qu'il
16