Table of Contents Table of Contents
Previous Page  246 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 246 / 616 Next Page
Page Background

256

LIVRE

C1NQUANTJE.l\1E.

réciproque, et du reste ils s'étaien t quittés en se

promettant un cóncerL d'autant plus nécessaire,

qu'ils étaient engagés dans des opérations plus

périlleuses. Le 9, des avis secrets venus du pays

meme avaient averti Bern adotte et Blucher de

l'approche de Napoléon avec toutes ses réserves.

C'en était assez pour troublcr le fulur roi de

Suede, et pour Jui faire prendrc

la

résolution de

repasser l'Elbe. Blucher, qui n'en était pas d'avis,

avait envoyé un de ses officiers au camp suédois,

pour s'entendre sur ce nouvel incident. Ilerna–

dotte s'était baté de décforer qu'il allait se re–

porter derricre J'Elbe pour s'épargncr un désas–

tre, a moins que l'armée de Silésie ne vint le

rejoindre au dela de Ja Mulde, afin de réunir en

une seule masse les armées du Nord et de Si–

lésie

1 •

L'avis était sensé, et le moindre des gé–

néraux J'eut corn;u et adopté sans contestation.

Aussi le géoéral Blucher s'était-il empressé de

s'y conformer, bieñ que ce mouvement eut l'in–

convénient de lui

fair~

perdre son pont dé War–

tenbourg. 11 fut done arreté que dans la journée

du 10 le général d'York, formant actuellement

la droite de l'armée de Silésie, passerait la Mulde

a

Jesnitz, que Je général Langeron en formant

le centre, la passerait

a

Bitterfeld, et enfin que

Je général Sacken qui était devenu sa gauche, la

passerait a Düben. Tous les corps de l'armée de

Silésie étaient ainsi en mouvement, défilant

devant nous de notre droite a notre gauche, le

long du contour que Ja Mulde décrit de Diiben a

Bitterfeld. (Voir Ja carte n° 58.) Le corps d'York

n'avait qu'un pasa faire pour passer

a

Jesnitz.

Celui de Langeron n'avait

a

franchir que les

quatre lieues de Düben

a

Bitterfeld. Mais Sacken,

qui était

a

Mokrehna entre la Mulde et l'Elhe,

avait au contraire heaucoup plus de chemin

a

parcourir pour venir

a

Düben , et surtout

a

manoouvrer tres-pres des Franctais, ce qui r en–

dait pour luí le trajet singulierement périlleux.

1

Dans un atlas dressé pour l'intelligenee de ses eampagnes,

et aeeompagné de légendes hisloriques délaillées, Je prince de

Suéde a dit que le 7 octobre il avait provoqué une enlrevue

avec le général Blucher, el qu'au premier aspee! de la dislribu–

tion des corps sur la carle il avait

aper~u

le danger qne cou–

rait le général Blucher, et qu'il Jui avait donné le conseil de

passer la lllulde poui· se joindre

a

luí, conseil qui avait saové

la coalition. Dcpuis cel!e publicalion l\Í. de l\luffiing, dans

d'intéressanls mémoires, cmpreints d'un caract.ere véridique

quoiquc respiran! les passions du temps, a íourni Je moyen de

compléler et de rectifier les assertions du princc de Suede. Dans

l'entrevue du 7 on ignorait le départ de Na poléon qui ne quilla

Dresde que le 7, et par conséquent Je danger de Blucher. Ce

jour-Ja, 7 octob re, il ne fut question que de se porler sur

Leipzig. C'est seulement le 9 qu'on sut l'arrivée de Napoléon

avee ses réserves, et le 9 Blucher envoya un offieier de con-

Tandis que dans la journée du

iO

l'armée

francaise

a

cheval sur la Mulde descendait cette

rivie~c

vers Diiben , le maréchal Ney marchant

en tete, heurta vivement le corps de Langeron,

qui était resté en arriere pour attendre le corps

de Sacken et lui livrer Je pont de Düben.

Il

le

repoussa brusquement, et lui enleva un pare de

500 voitures. Saeken fort pressé par les troupes

du général Bertrand, qui avaient cheminé entre

la l\folde et l'Elbe , se retira comme il put, et

trouvant Düben occupé par notre avant-garde,

opéra un grand eircuit pour venir traverser Ja

.l\fulde

a

Ragubn.

Napoléon entré

a

Düben vers dcux heures de

l'apres-midi, se bata d'interrogcr les prisonniers

qu'on avait recueillis , sut qu'il avait en présence

J'armée de Silésie tout entiere, Iaquelle avait dé–

filé, et défilait encore devant lui, pour aller ga–

gner la Mulde sur notre gauche. Napoléon réso–

lut de la poursuivre sur-Ie-champ dans toutes

les directions. 11 ordonna au maréchal Ney de se

porter avec Souham

a

trois lieues sur la gauche,

a Grafenhaynchen, route de Dessau, aux géné–

ra ux Dombrowski et Reynier de se porter

a

droite, sur \Vittcnbe:x:g, au bord de l'Elbe; au

général Bertrand, avec son

4c

corps et la eava–

Jerie de Sébastiani, de se diriger sur Warten–

bourg, également au bord de l'Elbe, afin d'y dé–

truirc les ponts de l'ennemi, a .l\facdonald enfin

d'appuyer Bertrnnd. Tous devaient culbuter les

corps de Blucher, qui surpris en marche ne pou–

vaien t gucre opposer de résistance, et leur en–

Jevcr parlout les moyens de passage de la Muldc

et de l'Elbe, afin de nous les appropricr exclu:

sivement. Napoléon s'arrcta

a

Dübcn meme avec

la garde, la cavalerie de Latour-1\faubonrg et le

corps du mar échal .l\tarmont, pour y combiner

ses mouvements ultérieurs.

A voir la maniere dont les choses se présen–

taient, un souci le préoccupait fortement. 11

liance pour se concerte1· avec le prince de Suede. Cet officier

trouva le prince fort ému de l'approche de Napoléon,

~t

vou–

lant repasser l'Elbe immédiatemcnt si l'armée de Silésie ne

venait pas le rejoirnfre derriere la Mulde, pour aller ensuite

s'abriter derriere la Saale. Blucl1er

y

eonsentit, car il ne pou–

vail pas y avoi r deux avis a eet é¡;ard, meme pour un sotrs–

offieier de quelque bon sens, et il se mit en marche su1·-Je–

champ afin de fran chir Ja l\lulde. JI n'ycut done lieu

il

aucune

eonlestation, ni

a

aucun avis ca pable de sauvcr Ja coalitio11.

Lrs jours suivants,

a

la vérilé, il y eut des divergences, et il

ressort du r écit de

l\I.

de Muffiing, que les avis tlécisifs pour le

frio mphe de la coalition ne furent point suggét'és par Je

prince de Suede, et qu'il fallut au contraire, pour les lui faire

adopter, de gronds efforts de la part du général Blucher et du

ministre d'

~nglelerre.