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ocronnE
i 8i5.
semblaient si for t
a
une évacuation défini tive, le
maréchal Saint-Cyr devait di re hautement qu'on
ne songeait pas
a
quitter Dresde, que Join de la
on allait s'y établir, et se servir de ce langage·
pour óter aux habitants la vell éité de s'agiter.
Puis ces dispositions terminées, ses trcnlc mille
hommes tcnus sur pied,
il
devait décamper au
premier signal , et rejofodre Napoléon par l\feis–
sen. Telles furent les instr uctions doonées
a
ce
maréchal, et ph1t au cicl qu'elles eussent été
maintenues ! Le sort de la Fra nce et du monde
cut été probablement changé
!
Restait
a
s'expliquer avec Ja cour de Saxc. On
ne pouvait sans inhumanité, et vraiscrn blable–
ment aussi saos péril , laisser
a
Dresde, au milieu
de tous les hasards, cette cou r si timidc, si peu
babituée aux horreurs de
ht
guerre. On l'expo–
serait ainsi
a
etre témoin d'une attaque formi–
dable repoussée par des moyens extremes, ou
bien si on la menait avec soi, on la ferait peut–
etre assister a quelque horrible bataillc, comme
les bommes n'en avaieot jamais vu . L'altern a–
tive était cruelle. Napoléon lui offrit le choix ou
de rester a Dresde, ou d'accompagner Je quartier
général. Le bon roi Frédér ic-Auguste, qui ne
voyait plus d'autre ressource que de s'attacber
a
Ja fortune de Napoléon , aima mieux etre avec lui
qu'avec un de ses lieutenants, avec 200 milJe
hommes qu'avec 50 millc. Il exprima le désir de
suivre NapoJéon par tout ou il irait. Il fallait
done se résoudre
a
trainer apres soi cette cour
nombreuse, r emplie de vicilJards, de femmes,
d'enfants, car
il
y avait des freres, des soours, des
neveux, dignes et respcctables gens accoutu més
a
Ja vicia plus douce, la plus r éguliere, se levant,
mangeant, se couchant, priant Dieu toujours
aux memes heures, et rappelan t, au scandale
pres, la simplicité, l'ignorance, la timidité des
Bourbons d'Espagne. Napoléon voulut autant que
possible les faire marcher en pleine sécurité,
avec tous les bonneurs qui leur étaient du s, et
ce n'était pas chose aisée au milieu des six cent
mille hommes, des trois mille bouches
a
feu' et
des vingt mille voitures de guerre, qui allaient
pendant quinze jours circuler
a
quelques licues
les uns des autres. Il décida que lui partant le
7 octobre avec ce qu'il appelait le petit quartier
général, c'est.-a-díre avec Berthier , avec ses aides
de camp, avec un ou deu:x secrétaires et quel–
qucs domestiques , le grand quar tier général,
composé des administrations de l'armée, de la
chancellerie de M. de Bassano, des pares géné–
raux, escorté par quatre mille hommes, par tirait
le lendemain 8. Le roi de Saxe, protégé par une
division de la vieilla garde, devait s'y joindre
avec ses nomhreuses voitures.
1\'I.
de Bassano,
fa«;onné
a
la vie des camps, et ayant appris de
son maitre
a
ne rien craindre , avait mission de
suivre le roi de Saxe pour luí tenir compagnie,
pour le mettre au cour ant des nouvelles , et le
rassurer en luí peignant tout en bcau quoi qu'il
put arriver . Un officier de la vieille garde devait
toujours elre
a
sa portiere pour écouter ses
moindres désirs, et
y
satisfaire. C'est ainsi, et a
travers les emba1·ras des plus vastes armées
qu'on eut jamais vues , embarras dont il n'était
pas le moindre, que l'excellent roi de Saxe allait
voyager , marchan t a petites journées, entendant
la messe chaque rnatin, vivant en un mot comme
a
Dresdc,
a
la suite de son ter rible allié qui mar–
chait, lui , prcsque jour et nuit , dormait et man–
geait
a
peine, travaillait presque sans interrup–
tion , bien qu'il ctlt acquis des lors l'embonpoint
de l'u n de ces princes amollis des vieilles dy–
nasties. Mais une ame de fer , un génie prodi–
gieux, un orgueil de démon , animaient ce corps
déja souffrant et alourd i, et Je remuaient comme
celui d'un jeuuc homme
!
Ayan t acheminé une partie de ses troupes
le 6 octobre, l'autre partie le 7, Napoléon se mit
lui-meme en route dans Ja journée du 7, et apres
une station de quelques hcures
a
Meissen , il
poussa jusqu'a Seerhausen , sur le chemin de
Wurtzen. Sa grande expériencc de la guerre
lui avait appris que c'était vers minuit ou une
beure du matin que les nouvelles les plus impor–
tantes arrivaient, parce que les généraux placés
a
dix ou quinze licues expédiaient
a
la chute du
jour le r écit de ce qu'ils avaient fait dans la
journée, par des officiers qui en cinq ou six
heures exécutaicnt le trajet
a
cheval, ce qui
procurait la connaissance des événemeats quel–
quefois
a
minuit, quelqucfois
a
une heure du
matin . En dépecbant
la
réponse sur-le-champ,
les ordres nécessaires parvenaient le lendemain
matio, encorc assez
tót
pour etre exécutés, et
des corps placés
a
une grande distance agis–
saient ainsi sous l'inspiration de Napoléon comme
s'ils avaient été aupres de lui. De cette maniere
la nuit, indispensable au r epos des troupes,
avait suffi pour demandcr des instructions et
les obtenir. Mais cette prodigieuse machine ne
pouvait recevoir l'impulsion qu'a condi tion que
le génie, moteur principal , serait toujours de–
bou t et éveillé , du moins au moment le plus
cssentiel pour l'expédition des ordres. En con-