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LIVRE ClNQUANTIE!\IE.
séquence, surtout depu is cettc dernierc cam–
pagne, Napoléon se couchai t ordinairement
a
six ou sept heures du soir, se rclevait
a
miouit,
et
dictait sa correspondance pendant toute
Ja
nuit. C'était en effet le cas de veiller sans cesse,
ayant
a
mouvoir des masses immenses, au mi–
lieu d'autres masses immenses, et a les mouvoir
avec une précision rigoureuse. Napoléon arrivé
a
Seerhausen lut quelques lettres , expédia
quelques réponses, prit ensuite un peu de r epos,
et repartit dans la nuit pour Wurtzen, ou il
arriva le
&
d'assez bonnc heure pour expédier
ses ordres.
A Wurtzen il était sur la IVIulde, a peu pres
a
la hauteur de Leipzig sur la Pleiss , et pouvant
se rendre
a
Leipzig ou a Düben dans le meme
espace de temps. Son projet en quittant Dresde
avait été d'ajourncr jusqu'a Wur tzen meme ses
résolutions définitives. La il devait ou se diriger
tout de suite sur Leipzig, si Murat poussé vive–
ment ne pouvait plus tenir tete
a
l'aclnée de
Boheme, ou bien si 1'Iurat avait le moyen de se
soutcnir quelques jours encore, descendre la
Mulde jusqu'a Düben, et se débarrasser des
armées de Silésie et du Nord, en les rejetant
au dela de l'Elbc. 11 devait aussi donner au
maréchal Saint-Cyr le signal attend u de l'éva–
cuation de Dresde.
Pendant toute la route il avait
rc~u
des no u–
velles, soit des débouchés de la Bohcme (c'est-a–
dire de sa gauche depuis qu'il tournait le dos
a
Dresde et la face a Lcipzig), soit de l'Elbe et de
la Mulde infé1'ieure, c'est-a-dire de sa droite.
Toutes s'accordaient
a
montrer le danger comme
plus pressant
de
ce dernier cóté, car Blu cher et
Bernadotte réunis étaient prets a se jeter sur
Ney, tandis que Murat, bien qu'il vit distincte–
ment déboucher de Commotau sur Chemnitz,
de Zwickau sur Altenbourg, deux fortes co–
lonnes, n'éLait cependant pas encore serré d'assez
pres pour que l'on eut
a
concevoir des craintes
sur son compte. De plus, un fücheux désaccord
survenu entre Ney et Marmont était une r aison
assez urgente d'aller a eux. Voici ce qui s'étai t
passé. Ney, apres le combat de Wartenbourg,
ayant rétrogradé jusqu'a Düben , et ayant prcssé
Marmont de venir
a
son secours, ce que celui-ci
venait de faire en se portant a Eilenbourg, avait
tout
a
coup quitté sa position , et passé derricre
Marmont pour se r approcher de l'Elbe dans la
direction de Torgau. De Ja sorte Marmont, au
lieu d'etre placé en app ui , se trouvait en te te, et
assez compromis, outre que Leipzig, par le mou-
vement qu'on avait exigé de lui, restait exposé
aux entreprises de
Bernadot.teet de Blucher. Le
molif qui avait déterminé le maréchal Ney
a
ce
mouvement inexplicable, n'ét it autre que le
désie de rallier a lui le
5c
corps(général Souham).
Ne se croyant pas capablc d'exécuter grand'–
chose avec les corps de Reynier et de '.Bertrand
(7e
et 4° corps), il avait voulu recueillir lui–
meme, et le plus tót possible, ce 5" corps qu'il
avait longtemps commandé, et sur lequel il
comptait beaucoup. l\farmont ne sachant que
penser de
la
conduite de Ney, et craignant pour
Leipzig , avait a son tour rétrogradé jusqu'a
Taucha.
11 y avait done pour se jeter
a
droite sur la
1\fulde, le double motif de frapper d'abord
Ber~
nadotte et Blucher, puisqu'on en avait le temps,
et de mettre d'accord des lieutenants désunis.
Napoléon prit sur-le-champ son partí, et résolut
de marcher de Wurtzen sur Eilenbourg, c'est-a–
dire de descendre la Mulde avec les 71> mille
hommes qu'il amenait, en reportant en avant
Ney et l\farmont. 11 espérait ainsi
en
eheminant
entre la Mulde et l'Elbe aussi loin qu'il le fau–
draH, gagner de vitesse Bernadotte et Blucher,
et les rencontrer avant qu'ils eussent Je temps
de repasser l'Elbe. Les ayan·t toujours vus s'éloi–
gner des qu'il arrivait, son souci n'était pas de
les éviter , quelque forts qu'ils pussent ctre, mais
de les atteindre, car il craignait qu'ils n'eussent
bientót peur de ce qu'ils avaient tenté, et qu'ils
ne cherchassent encore
a
s'enfuir
a
son ap–
proche. Ils n'en étaient plus la malheureuse–
ment , et plusieurs avantages successivement
obtenus sur ses lieutenants les avaient enhardls
jusqu'a le redouter lui-meme beaucoup moins
qu'auparavant
!
Blucher et Beruadotle battus , Na'poléon
se
pr oposait de revenir· sur le prince de Schwar–
zenberg, si celui-ci avait persisté
a
s'avancer
avec l'armée
de
Eoheme, ou s'il s'était replié
a
la nouvelle d'une bataille perdue, de continuer a
poursuivre Blucher
et
Bernadotte jusqu'a Berlín
peut-etre.
En conséquence il prescrivit au maréchal Ney
de se reporter en avant avec Reynier, Bertrand,
Dombrowski , Souham, et la cavalerie de Sébas–
tiani
(2°
de r éserve) qu'on avait attachée
a
son
armée pour remplacer cellc du duc de Padoue.
11 lu í ordonna de descendre entre la Mulde et
l'Elbe, la gauche a la IUulde, la droite
a
l'Elhe,
en se couvrant de sa cavalerie pour n'etre pas
surpr is, et pour surprendre au contraire tous
les