LEIPZlG ET
HANAU. -
OCTODllE
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815.
23!'.l
mouvements de l'ennemi. ll ramena l\Iarmont en
avan t, le
fit
marcber par la rive gauche de la
Mulde presquc
a
la hauteur de Ney, qui était sur
la rivc droite, et cl1emina lui-meme avcc toutc la
garde et Macdonald derriercscs dcux lieutenants.
En meme temps
il
fit
part
a
Murat de ce qu'il
avait projeté eontre les armées réunies du Nord
et de Silésie, lui recommanda de ne pas s'cn–
gager, de cótoyer sans le heurter l'ennemi qui
débouchait de la Boheme, de se tenir tou jours
entre lui et Leipzig , ou il trouverait de vingt
a
vingt-quatre mille hommes de r enfort, ce qui
lui procurerait soixante et quclques mille com–
battants. Napoléon en effet avait placé le du c de
Padoue
a
Leipzig, avec une partie d u 5° corps
de cavalerie (distrait de l'armée de Ney pour
courir apres les partisans), lui avait donné en
outre les bataillons de marche arrivés de
Mayence, et l'ancienne division Margaron. Cette
réunion pouvai t former une douzaine de mille
hommes de troupes actives, et 24 mille en y
comprenant Augereau qui s'approchait. Napo–
léon ordonna a ceux-ci de se bien tenir sur
leurs gardes, surlout du cóté de
ia
hasse Mulde,
de crainte que Bernadotte et Blu chcr ne fisscnt
en se dérohant quelque lentative sur Leipzig.
Par malheur,
a
toutes ces instructions si bien
calculées, Napoléon ajouta une résolution justi–
flable dans le moment , mais infiniment r egr et–
table. TI suspendit l'évacuation de Dl'esde
a
la–
quelle le maréchal Saint-Cyr était tout pr épar é .
11 ne la contremanda pas précisémcnt, rnais il
prescrivit de la différer, par le motif qu e l'en–
nemi s'engageant
a
fond' soit du coté de
la
Boheme, soit du coté de la Mulrlc et de l'Elbe, la
bataille tant désir éc dcvenait certaine, la vic–
toire aussi, et qu'alors il serait bien hcurcux
d'avoir conservé Dresde,
ou
le
quartier génér al
rentrerait presque aussitot qu'il en serait sorti.
C'était évidemmcnt parce que la grande bataille
approchait qu'il eut fallu concentrer ses forces;
maisNapoléon raisonnait ici pour Dresde comme
il avait
raison.népour Dantzig, pour Stettin,
Custrin, Glogau, avec l'espoir téméraire de re–
faire d'un seul coup une fortune compromise par
des causes supérieu.res et déja presque insur–
montables.
Ayant passé a Wurtzen la soirée du 8 et la
journée du
9,
afin de laisser
a
ses troupes le
temps d'arriver en ligne, Napoléon en partit le
10
danslanuit, etparvinta qua tre heuresdu matin
· a
Eilenbóurg . II se mit lui-meme
a
la tete de
la
cavalerie légere de sa garde, et marcha entouré
de tous ses corps sur Dübcn , point essentiel oti
l'on devait r encontrer l'enncmi, et pcut-étrc Ja
hataille qu'on souhaitait avec ardeur. Dans ces
rnoments suprcmcs, Napoléon se tenait de sa
personne au milieu de ses trou pes, le plus sou–
ven t
a
l'avant-gar de. Il s'avanc;ait avec
140
mille
hommes environ dans l'ordre suivant. Ney en
tete avec ce q ui lui restait de la cavalcrie du
duc de Padoue (5° de r éserve), avec le corps de
Séhastiani
(2°
de réserve) , descendait sur Düben,
ayant
a
gauche Rcynier au dela de la l\fulde, au
centre Dombrowski et Souham sur la Muldc
mémc,
a
droitc Bertrand marchant presque a
égalc distance de la Mulde et de I'Elbe. Napoléon
suivait exactement dans le meme ordre, ayant la
cavalerie de la garde et de Latour-Maubourg en
tete, Marmont formant la gauche sur un coté de
la Mulde, toute la garde formant le centre sur la
i\fulde meme, .Macdonald formantla droite, entre
la l\folde et l'Elbe. A deux journées en arriere
venait le grand quartier général avec tous les
pares , et notamment avec les bons princes
saxons ch eminant du pas qui convenait
~
leur s
habitudes. Na poléon leur expédiait
a
chaque
instant des nouvelles. Jamais marche plus pro–
fondément calculée et plus vaste ne s'était
exécutée dans aucune gucrr e. On s'avarn;ai t avcc
une précaution extreme, s'attendant
a
toulc
heure
a
voir apparaitre l'ennemi, et Je désirant
vivement. On l'apercevai t en effct dans to ules
les directions, mais se repliant, et cctte fo is en–
care Napoléon put craindr e de voir les coalisés ,
recommern;ant leur tactique d'offensive contrc
ses lieutenants, de retraitc dcva nt lui, se sous–
traire de nouveau
a
ses coups. Voici cependant
ce qui s'était passé de lcur coté. .
Blucher dans une entrevuc qu'il avait euc
avcc le prince de Sucde le 7, en préscnce des
principaux officiers des d9u x états-major s, était
convenu avec lui de marchcr en commun sur
Leipzig, croyant n'avoir affaire qu'aux maré–
chaux Ney et l\farmont . Le rnouvement des
armées du Nord et de Silésie devait commencer
des qu'ellcs auraient assuré par de fortes tetes
de pont Jcurs moyens de repasser l'Elbe, dans le
cas ou elles seraient contraintes de battre en rc–
traite . Les deux chefs de ces armées étaient loin
de se plaire. La fierté , l'impétuosité, la défiance
of:Tensante de Blucher avaient peu satisfait Ber–
nadotte, et la timidité de Bernadotte, cachée
sous une morgue singuliere , n'avait excité ni
l'estime ni Ja confi ance de Blucher. De froids
égards avaient
a
peine dissimulé leur antipathie