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LEIPZIG ET HANAU. -

ocTonnE

i8i2.

259

Le

1

'.I

les rapports des 1ieutenants annonce–

rent les résultats qui suivent. Le général Ber–

trand avec le

4c

corps s'était porté sur Warten–

bourg, ou

il

avait trouvé la grande tete de pont

commencée par Blucher, et avai t entrepris de la

détruire, car

il

était convenu qu'on ne sou:ITri–

rait aucun moyen de passage hors des places de

Wittenberg ou de Torgau qui nous apparte–

naient. Les généraux Dombrowski et Reynier

avaient ehassé des environs de Wiltenberg les

troupes qui bloquaient cette place, s'y étaicnt

introduits, et, débouchant sur la rive droite de

l'Elbe, avaient couru sur les dé tachements prus–

siens. Le maréchal Macdonald était venu se

placer

a

Kemberg, derriere Wittenberg pour

appuyer Dombrowski et Reynier. Enfin

a

gau–

che Ney s'était approché de Dessau , et avait

refoulé tous les détachements ennemis sur la

droite de

la

Mulde. Les prisonniers fails, les

mouvements aper<;Lts, étaient de nature

a

jeter

Napoléon dans la plus grande incertitude. En

e:ffet,

a

Wartenbourg sur notre droite,

a

'Vit–

tenberg sur notre front,

a

Dessau sur notre

gauche, on avait vu non-seulement des détache–

ments, mais des corps entiers et d'immenses

convois, de maniere qu'il était impossible de dire

si l'ennemi_ repassait sur la rive droite de l'Elbe

a

notre approche, ou s'il s'arretait derriere la

Mulde, attendant pour livrer bataille que nous

osassions franchir cette riviere devant lui.

Il

se

pouvait aussi que les deux armées du Nord et de

Silésie, réunies derriere la Mulde, remonlassent

cette riviere pour opérer Jeur jonction avec

l'armée de Boheme aux environs de Leipzig. Ce

dernier mouvement de leur part nous exposait

au péril tres-grave d'avoir toute la coalition

a

la

fois sur les bras.

JI

fallait done en tachant d'ac–

cabler Bernadotte et Blucber d'abord , manreu–

vrer de fa<;on

a

demeurer toujours ínterposés

entre eux et le prince de Schwar zenberg, c'est–

a-dire entre la masse qui remontait du has Elbe

et celle qui deseendait de Boheme. Dans cette vue

Napoléon fil passer Je pont de Dübcn au maré–

ehal l\farmont, et Jui donnant une forte division

de cavalerie, le porta sur la gauche de la Mulde

vers Dolitzsch. i\farmont allait etre derriere un

bras détaché de la Mulde qui coule de Leipzig

a

Jesnitz, tantót formant des flaques d'eau, tantót

s'échappant en un maigre filet pour rejoindre le

bras principal

a

Bitterfeld. Dans cette position

Marmont était suffisamment couvert; il pouvait,

par sa cavalerie Iégere lancée au loin, éclairer

les mouvements de l'ennemi, et s'il apprenait que

l'armée de Silésie ou celle du Nord, remontant

derriere Ja l\folde, se dírigeassent sur Leipzig,

il lui était facile d'y marcher en quelques heures,

et d'y elre avant elles. Joignant Mural avec

2!> milie hommes, il le portait

a

pres de 90 mille,

et c'était assez pour ménager

a

Napoléon le

temps de revenir, et de se tenir toujours entre

les deux masses qui voulaient se réunir pour

l'accablcr. Cette sage et utile précaution prise,

Napoléon

fit

ce qui était nécessaire pour que son

grand dessein n'en sou.ffrit pas, si, commc

il

l'es–

pérait, la crainte d'un mouvement de Blucher

et de Bernadotte sur Leipzig n'était qu'une chi–

mere. II prescrivit

a

Dombrcwski et

a

Reynier

de déboucher de \Vittenberg pour eourir sur

tous les corps ennemis qu'ils rencontreraient au

dela de l'Elbe, de descendre meme le long de

la

rivc droite pour y détruire les ponts de Berna–

dotte de Roslau

a

Barby, ce qui dans tous les cas

était pour

les

coalisés un grave dommage, car

s'ils avaicnt repassé sur la ríve droite de l'Elbc

pour se réfugier vers Berlín, on leur ótait tout

moyen de revenir au secours de l'armée de

Boheme, et s'ils étaient restés sur la rive gauche,

on les cnfermait dans un cul-de-sac ou Napoléon

allait les prendre et les écraser.

JI

enjoignit

a

Ney de se jeter sur les ponts de la Mu lde

11-

Dessau et de les enlever . Il laissa l\Iacdonald

a

Kcmberg pour soutenir Reynier et Dombrowski

au besoin, Bertrand

a

Wartenhourg pour y ache–

vcr Ja destruction de Ja tete de pont de Blucher ;

enfin il concentra Latour-Maubourg et la garde

autour de Düben, pret

a

suivre Ney

a

Dessau

pour fondre au dela de la lUulde sur les armées

du Nord et de Silésie, ou

a

remonter en arriere

vers l\Iarmont, s'il fallait rebrousser chemin du

coté de Leipzig. Voila dans quelles perplexités,

dans queJs calculs profonds et continuels

il

passa

Ja journée du 11, que heaucoup de critiques,

ignorant le secret de ses pensées, lui ont repro–

chée comme une journée perdue.

J_.c

12,

levé selon sa coutume entre minuit et

une heure du matin, il se pressa de recueillir ce

qui lui arrivait de toutes les directions. Dcux in–

dications, déja tres-prononcées la veille, parais–

saient se prononcer davantage. 11 semhlait que

!'une des deux armées du has Elbe, celle de Ber–

nadotte, avait repassé sur Ja rive droite de l'Elbe,

et que l'autre au contraire, celle de Blucher, était

restéc sur la rive gauche, avec tendance

a

re–

monter vers Leipzig par derrierc Ja Mulde. Les

mouvements ordonnés la veille, particulierement

cclui de lWarmont, répondaient parfaiternent

a

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