LEIPZIG ET HANAU. -
OCTODRE
1815.
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pas s'il ne la prenait pas lui-meme. Ce soin était
urgent, car ce champ de·
bataille~
immortalisé
par notre bravoure et nos malheurs, avait besoin
d'ctre étudié dans son immense étendue, pour
qu'ayant acquis une entiere connaissance des
lieux, Napoléon put commandcr
Ja
merne ou il
ne serait pas de sa personne.
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se porta d'abord
au sud de Leipzig, vers le coté ou Murat s'était
établi en se retirant devant l'armée de Boherne.
La Pleisse et l'Elster, comme la Saale, comme
la Mulde, descendent des montagnes de la
Boheme (voir les cartes n°• 08 et 60), travcrsent
toute la Saxe en coulant
a
peu pres dans le meme
sens,jusqu'a ce que, séparées ou confond ues, elles
aillent tomber dans l'Elbe qui les recueille en
passant. Un peu au-dessus de Leipzig la Pleissc
et l'Elster, assez rapprochées l'une de l'autre, et
divisées en une rnultitude de bras, finissent par
se réunir au-dessous de cctte villc, puis se dé–
tournent un peu
a
gauche, et vont se confondrc
dans la ·Saale, avec laquelle elles coulent vers
l'Elbe en suivant une direction presque paral–
lele au cours de la Mulde. Voici done quel était
le mouvement des diverses armées. Le prince de
Schwarzenherg ayant débouché des montagnes
de la Boheme avcc la grande armée des trois
souvcrains, était arrivé sur Lei pzig en descen–
dant entre la Muldc, la Pleisse et l'Elsler. Napo–
léon au contraire venant
a
sa rencontrc du has
Elbe, avait remonté ces rivicres jusqu'a Leipzig
meme. Le prince de Schwarzcnbcrg avait sa
gauche
a
la Pleisse et a l'Elstcr, et sa droitc da ns
les plaines faiblement accidentées des enviroos
de Leipzig. Quant
a
Napoléon il avait sa gauche
dans ces memes plaines, et sa droitc aux dcux
rivieres. Fortement adossé a Leipzig, et occupant
bien cettc ville,
il
avait la préteotion de tenir
Blucher et meme Bernadottc cntierernentséparés
de Schwarzenberg. En effet Blucher ne pouvant
traverser Leipzig que nous occupions, était forcé
de se détourner ou
a
droite ou
a
gauche pour
rejoindre la grande armée de Bohcmc. Pour se
détourner
a
droite (droite de Blucher) il lui fal–
lait franchir un obstacle de grande imporlancc,
c'étaient la Pleisse, l'Elster, la Saale réunies,
couvrant de leurs mille bras une valléc boisée,
large de plus d'une licue, et dcrricre laquelle il
aurait pu trouver les Fran9ais, notamment Au–
gereau, qui s'avan<;ait par la route de Lutzen
apres avoir battu Platow et Thielmann. Si au
contraire
il
eut cherché
a
se détourner
a
gauche,
il
aurait rencontré
a
travcrs la vaste plaine de
Leipzig l'armée fran9aise revcnant de Düben, et
se serait exposé aux plus grands périls . Des lors
il
avait l'armée fran9ai se comme une muraille
entre luí et Schwarzenberg.
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suffisait done que
Napoléon arretat Schwarzenbcrg au sud de Leip–
zig, Blucher au nord, pour les empechcr de se
réuoir, et s'il parvenait
a
battre l'un , puis a se
reporter sur l'autre,
il
était possible qu'il triom–
phat alternativement de tous deux , surtout
Bernadotte étant fort éloigné, et ríen cncore ne
prouvant qu'il dut arriver. Napoléon , sachant
Schwarzcnberg le plus rapproché, voulait d'a–
bord avoir affaire
a
lui , réserva nt le combat avec
Blucher pour le lendemain.
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commen9a done sa revue par le sud , c'esl-a–
dire par le champ de bataille ou il s'attcnda it
a
rencontrer le prince de Schwarzenberg. (Voir Ja
ca rtc n° 60 .) La Pleisse et l'Elster, tantót confo11-
dues, tanlot séparées , et embrassant un largc
terrain, marécageux et boisé, coulaient, avons–
nous dit, de la Boheme sur Leipzig, c'est-ü-dire
du sud au nord. Napoléon devail naturcllcment
y
appuyer sa droite, comme Schwarzcnberg sa
gauche, et l'appui était solide, car le lit des deux
rivieres n'était pas facile
a
travcrser . D'ailleurs
ce lit traversé,
il
aurait fallu gravir un tcrrain
assez élevé pour déboucher par dcrricre not1·e
droitc dans la plaine de Leipzig. Sur son front
Napoléon avait pour champ de bataillc un terrain
pcu accidenté, et dontquelques villages formaient
a
peine les moyens de défeose. En parlant de
Mark-Kleeberg sur la Pleisse , en passan t par
Wachau et allant finir
a
Liebert-Wolkwilz, une
légere dépression de terrain scrvant d'écoulc–
ment aux eaux vcrs la Pleissc, séparait notre
lignc de cellc de l'cnnemi. Tel quel, ce vallon ,
si on peut l'appeler ainsi, était l'obstaclc de tcr–
rain que nous allions nous disputer avcc achar–
nemcnt. A sa gauche enfin, Napoléo n avait la
vaste plaine de Leipzig, semée de gros villagcs,
et
a
peine sillonnée par une tres-pelite riviere,
la Par tha, qui, naissant
a
quelquc distance de
Liebert- Wolkwitz, allait apres de nombreux
circuits tomber derricre nous dans la Pleissc,
a
traver s un faubourg de Leipzig. Napoléon de ce
coté était presque sans app ui, mais la préscnce
de ses colonnes arrivant de Düben dcvait conte–
nir l'enncmi, et l'empecher de s'y risquer. l\furat
ayant pris position au sud , avait établi
a
Mark-·
Klceberg sur la Pleisse Poniatowski, a Wachau
Víctor,
a
Liebert-Wolkwitz Lauriston, et dans
les intervallcs le
4e
de cavalerie (cavalerie polo–
naise) , et le
ñe
sous Pajol , dans lequel on avait
fondu les dragons d'Espagne.