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LEIPZIG ET HANAU. -

OCTODRE

1815.

2i7

pas s'il ne la prenait pas lui-meme. Ce soin était

urgent, car ce champ de·

bataille~

immortalisé

par notre bravoure et nos malheurs, avait besoin

d'ctre étudié dans son immense étendue, pour

qu'ayant acquis une entiere connaissance des

lieux, Napoléon put commandcr

Ja

merne ou il

ne serait pas de sa personne.

11

se porta d'abord

au sud de Leipzig, vers le coté ou Murat s'était

établi en se retirant devant l'armée de Boherne.

La Pleisse et l'Elster, comme la Saale, comme

la Mulde, descendent des montagnes de la

Boheme (voir les cartes n°• 08 et 60), travcrsent

toute la Saxe en coulant

a

peu pres dans le meme

sens,jusqu'a ce que, séparées ou confond ues, elles

aillent tomber dans l'Elbe qui les recueille en

passant. Un peu au-dessus de Leipzig la Pleissc

et l'Elster, assez rapprochées l'une de l'autre, et

divisées en une rnultitude de bras, finissent par

se réunir au-dessous de cctte villc, puis se dé–

tournent un peu

a

gauche, et vont se confondrc

dans la ·Saale, avec laquelle elles coulent vers

l'Elbe en suivant une direction presque paral–

lele au cours de la Mulde. Voici done quel était

le mouvement des diverses armées. Le prince de

Schwarzenherg ayant débouché des montagnes

de la Boheme avcc la grande armée des trois

souvcrains, était arrivé sur Lei pzig en descen–

dant entre la Muldc, la Pleisse et l'Elsler. Napo–

léon au contraire venant

a

sa rencontrc du has

Elbe, avait remonté ces rivicres jusqu'a Leipzig

meme. Le prince de Schwarzcnbcrg avait sa

gauche

a

la Pleisse et a l'Elstcr, et sa droitc da ns

les plaines faiblement accidentées des enviroos

de Leipzig. Quant

a

Napoléon il avait sa gauche

dans ces memes plaines, et sa droitc aux dcux

rivieres. Fortement adossé a Leipzig, et occupant

bien cettc ville,

il

avait la préteotion de tenir

Blucher et meme Bernadottc cntierernentséparés

de Schwarzenberg. En effet Blucher ne pouvant

traverser Leipzig que nous occupions, était forcé

de se détourner ou

a

droite ou

a

gauche pour

rejoindre la grande armée de Bohcmc. Pour se

détourner

a

droite (droite de Blucher) il lui fal–

lait franchir un obstacle de grande imporlancc,

c'étaient la Pleisse, l'Elster, la Saale réunies,

couvrant de leurs mille bras une valléc boisée,

large de plus d'une licue, et dcrricre laquelle il

aurait pu trouver les Fran9ais, notamment Au–

gereau, qui s'avan<;ait par la route de Lutzen

apres avoir battu Platow et Thielmann. Si au

contraire

il

eut cherché

a

se détourner

a

gauche,

il

aurait rencontré

a

travcrs la vaste plaine de

Leipzig l'armée fran9aise revcnant de Düben, et

se serait exposé aux plus grands périls . Des lors

il

avait l'armée fran9ai se comme une muraille

entre luí et Schwarzenberg.

11

suffisait done que

Napoléon arretat Schwarzenbcrg au sud de Leip–

zig, Blucher au nord, pour les empechcr de se

réuoir, et s'il parvenait

a

battre l'un , puis a se

reporter sur l'autre,

il

était possible qu'il triom–

phat alternativement de tous deux , surtout

Bernadotte étant fort éloigné, et ríen cncore ne

prouvant qu'il dut arriver. Napoléon , sachant

Schwarzcnberg le plus rapproché, voulait d'a–

bord avoir affaire

a

lui , réserva nt le combat avec

Blucher pour le lendemain.

11

commen9a done sa revue par le sud , c'esl-a–

dire par le champ de bataille ou il s'attcnda it

a

rencontrer le prince de Schwarzenberg. (Voir Ja

ca rtc n° 60 .) La Pleisse et l'Elster, tantót confo11-

dues, tanlot séparées , et embrassant un largc

terrain, marécageux et boisé, coulaient, avons–

nous dit, de la Boheme sur Leipzig, c'est-ü-dire

du sud au nord. Napoléon devail naturcllcment

y

appuyer sa droite, comme Schwarzcnberg sa

gauche, et l'appui était solide, car le lit des deux

rivieres n'était pas facile

a

travcrser . D'ailleurs

ce lit traversé,

il

aurait fallu gravir un tcrrain

assez élevé pour déboucher par dcrricre not1·e

droitc dans la plaine de Leipzig. Sur son front

Napoléon avait pour champ de bataillc un terrain

pcu accidenté, et dontquelques villages formaient

a

peine les moyens de défeose. En parlant de

Mark-Kleeberg sur la Pleisse , en passan t par

Wachau et allant finir

a

Liebert-Wolkwilz, une

légere dépression de terrain scrvant d'écoulc–

ment aux eaux vcrs la Pleissc, séparait notre

lignc de cellc de l'cnnemi. Tel quel, ce vallon ,

si on peut l'appeler ainsi, était l'obstaclc de tcr–

rain que nous allions nous disputer avcc achar–

nemcnt. A sa gauche enfin, Napoléo n avait la

vaste plaine de Leipzig, semée de gros villagcs,

et

a

peine sillonnée par une tres-pelite riviere,

la Par tha, qui, naissant

a

quelquc distance de

Liebert- Wolkwitz, allait apres de nombreux

circuits tomber derricre nous dans la Pleissc,

a

traver s un faubourg de Leipzig. Napoléon de ce

coté était presque sans app ui, mais la préscnce

de ses colonnes arrivant de Düben dcvait conte–

nir l'enncmi, et l'empecher de s'y risquer. l\furat

ayant pris position au sud , avait établi

a

Mark-·

Klceberg sur la Pleisse Poniatowski, a Wachau

Víctor,

a

Liebert-Wolkwitz Lauriston, et dans

les intervallcs le

4e

de cavalerie (cavalerie polo–

naise) , et le

ñe

sous Pajol , dans lequel on avait

fondu les dragons d'Espagne.