LUTZEN ET BAUTZEN. -
A.VRIL
i8t'5.
respeeter dans ces quelques ccntaincs d'hommes,
sa gloire, celle de l'armée fran c;a isc, et on vio!e–
rait les príncipes en autorisant ce bataillon
a
demeurer en armes sur un leJTitoirc neutre,
car eífeclivement on avait , au su de Napoléon,
<léclaré neutre Je tcrritoire ele la Boheme pour
ernpecher les Russes d'y pénétrer.
En abandonnant le terrain du drnit pou1· se
porler sur celui de la prudcnce,
.M.
de 'Metler–
nich re<levenait plus fort, et on ne pouvait
regrctter qu'une cbose , c'cst que la situation ne
lui permit pus d'etre plus fran c, et que
1\1.
de
Narbonne n'eut pas la permission d'etrc plus
modéré, car nous serions arrivés sur-le-champ
a
une médiation équitable et ucceptée de l'Europe
enticre. Quoi qu'il en soit,
i\f.
de Narbonne
r econnut tout de suite qu'on s'abu ait en vou–
lant obtenir de l'Autl'iche un concours efficace
avec nos conditions sous-entendues de paix, et
que la neutralité était tout ce qu'on pourrait en
attendre , et encore au prix de .victoires promptes
et décisives. Il en
fit
part
a
1'1.
de Bassano, en
sollicit.ant des dit·ections nouvelles pour la situa–
tion si difficile dans laquelle il se trouvait pl acé.
Un nouveau fait que lui mandait de i\1unich
notre ambassadeur, M. :Merey d'Argenteau, révé–
lait toút le travail de l'Autriche pour amener
des adhérents
a
son systeme de méd iation
urmée. Elle avait cherché
a
faire de
la
Baviere
ce qu'elle avait fait de la Saxe, une alliée de Ja
Frunce
a
double en ten te : alliée, si la France
acceplait une paix allemandc ; ennemie, si elle
persi tait
a
vouloir une paix oppressive pour
l'
Allemagne. La Baviere, affamée de repos, assail–
lie des cris du paLriotisme germanique, avait
preté l'oreille aux proposition de l'Autriche, et
les avait presque adm ise , jusq u au moment ou
celle-ci , soogeant
a
es propres iotérets, lui avait
redemandé la ligue de I'lno, ce qni entrainait
pour la Bavierc un acrifice de territoire san
compensation pos ible. Au imple énQneé de
cette prétention , la Baviere était redevenue
fidele
a
la France, et plu ieurs indiscrétions
calculées de sa part avaient appris
a
notre léga–
tion que l'Autriche avait essayé sans succes de
séduire l'un de nos alliés allemand . Ces détails
avaient été mandés
a
M. <le Narbonne a Vienne,
a
1\1.
ele Ila ano
a
Paris . lls confirmaient plei–
uernent les idée qu'on ne pouvait manquer de
e faire en o ant agi r la cour de Vienne et en
1
entendant parler' c'e t qu'elle chercbait
a
cr éer
un partí intermédiaire, pour par enir ; une
paix
a
son gré au _gré de l Allemagne, et non
au gré de Napoléon ! Hélas! que n'acceptions–
nous une telle paix, qui ne retranchait rien
i1
notre grandeur véritable, et ne retranchait quel–
que chose qu'a cette grandeur chimérique et
impossible que Napoléon s'obstinait 11 défendre
!
Ces faits si importants et si multipliés de la
politique européenne s'étaient passés du
1
er
au
20 avril, pendant que Napoléon préparait son dé–
part de Paris, en partait, arr ivait
a
Mayence, et
y donnait ses premiers ordres. Rendu le
17
avril
a
Mayence, il s'était mis tout de suite au tra–
vail, et pendant qu'il portait sur toutes choses
son regurd ardent et su main puissante, il uvait
arrcté au passage les courriers diplomatiques
allant et venant, et avait appris, non pas com–
plétement, car tous les courricrs ne traversaient
pus Mayence , mais suffisamment, ce que nous
venons de rapporter, et avait pu s'en faire une
i<lée au moins approximative. Ce qui l'avait le
plus surpris, c'était le brusque dépnrt du roi de
Saxe pour Prague, au moment ou l'armée fran–
c¡aise arrivai t pour dégager ses États; c'était la
poliliquc si compliquéc de l'Autriche
a
l'égard
de ce prince, et il avait meme supposé, ne
sachant pas tout, que l'Autriche voulait entrai–
ner le malheureux Frédérie-Auguste
a
eommet–
trc des fautcs, pour le perdre dans l'affection de
la France, et óter
a
celle-ci tout motif de lui
conserver Je grand-duché de Varsovie. La retraite
du corps autrichien lui nvait paru moins obseure,
et il avait vu que l'Autriche, sans nier l'alliance,
en repoussait les obligations. Mais le désarme–
ruent des Polonais l'arnit indigné, et il avait
expédié un courrier
a
Cracovie pour enjoindre
au prince Poniatowski de ne e laisser désarmer
a
aucun prix, de rentrer, s'il le fallait
7
en Pologne,
d'y faire
a
touL risque la guerrc de partisans, et
de périr plutót que de remettre es armes,
ajoutant avec une véhémence et une grandeur
de languge qui n'appartenaicnt qu'a lui :
L'
Ern–
pereur ne tient mtllement
á
conserver des hom–
mes qui se sera.ient déshonorés.
-
De plus, il
maintenait l'avertissement, donné au comtc de
Frimont, de se tcnir pret
a
obéir
a
ses premiers
ordre .
Se servant de M. de Caulaincourt comme mi–
nistre des affaires étrangeres en l'ab ence de
J. deBas ano, il écrivit
a
i\1 .
de Narbonne qu'i l
ne comprenait pas la conduite de l'Autriche, ou
plulót qu'il commenc¡ait
a
la trop comprendre;
qu'il 'était lui é aller
a
la confiancc
a
son égard,
mai qu'il s'apercevait qu'elle jouait double j eu ,
et qu'elle méoageait
a
la fois e ennemi et lui;
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