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LIVRE QUARANTE-HUITIEl\JE,

pérait n'etre pas suivi, si on s'abstcnait de toutc

hostilité, et que par suite on avait oífert au prince

Pouiatowski de s'y retirer avec les Autrichiens,

pour n'elrc pas fait prisonnier, ce qui entrainait

l'obHgation <le déposer momentanément les ar–

mes, car il n'était pas d'usage de traverser en

armes un terriloire neutre.

Telles furent les explications de

l\I.

de l\Iettcr–

nich. 11 y avait bien des réponses

a

luí opposer,

car s'il avait pris uoe position simple et vraie,

en nous conseillant ouvertcment Ja paix, et en

se chargeant sur notre provocation du róle de

médfoteur pour

y

travailler, il s'en fallait qu'il

eut osé prendre une position aussi franche

~1

l'égard du traité d'aIIiance . En ell'ct, tout en Je

disant insuffisant dans quelqucs-uncs de ses dis–

positions, il ne contestait pas le principe de l'nl–

liance, et des lors le concours des forces demeu–

rait obligatoire, nu moins pour le corps auxiliaire

autrichien. 11 reslait done bien des moyens de

répondre

11

l\L de Metternieh, mais

il

eut été

beaucoup plus habite de le laisscr dans l'idéc

qu'il pouvait remplir a la fois les deux roles de

médiateur et d'allié, afin de lui imposer Je plus

Jongtemps possible les obligations du róle d'allié.

Malheureusement M. de Narbonne n'avait pas

été envoyé dans cetle intentioo, et

il

persista a

embarrasser son antagoniste. - Le traité d'al–

liance, lui dit-iJ, existait encore;

1\1.

de Metler–

nich en convenait , et mettait meme

be~wcoup

de soins

a

Je soutenir. A la vérité, on considé–

rait ce traité comme n'étant plus entierement

applicable aux circonstances, mais en ce point

seulement qu'uo secours de trente mille hommes

ne paraissait plus proportionné

a

la gravité de

la situation. 11 n'en résultait pourtant pas que le

secours de trente mille hommes serait lui-meme

refusé. Ces trente mille Autrichiens joints aux

Polonais pouvaient présenler une force de qua–

rante-cinq mille hommes, qui, placée sur le flan c

gauche des eoalisés, leur porterait des coups

sensibles, ou du moios paralyserait par sa seule

présence cinquante mille de leurs soldaLs. Enfin,

Napoléon partant pour l'armée, avait annoncé

qu'il donnerait bientót des ordres au corps autri–

chien, en vertu du traité du

'14

mars 18'12. Allait–

on désobéir, déclarcr que le lrailé n'existait plus,

le déclarer a l'Europe,

u

Napoléon lui-méme?

Et

puis ne songeait-on pas

a

l'honneur des armes?

Allait-on se retirer devant quelques mille Russes,

car le corps de Saclrnn n'était pas de plus de

vingt mille hommes' et' apres etre rentré ainsi

tirnidemcnt dans ses frontieres, irait-on s'y ca-

L

L

cher, et désarme1· ses propres alliés? Était-ce

la

une conduile digne de l.'Autriche? Ces alliés

cux-mcmes consentiraient-ils

~1

remetlre leurs

armes, quand parmi eux surtout se trouvaient

des Franc;ais? Et s'ils refusaient de les rcrnettrc,

les désarmerait-on de vive force, ou bien les li–

vrerait-on aux Russes ?...

Il n'y avait rien a répondre

a

ces observa–

tions. l\L de 3fetternich n'ayant eu encore que

la hardiesse de se déclarer médiateur, et n'ayant

pas eu celle de dépouiller entierement la qualité

d'allié. Aussi, évitant des questioos trop embar–

rassantes,

M.

de l\'Ietternich se porta sur un ter–

rain ou il luí était plus fac'ile de se défendre,

celui de la prudence. - Qu'importaient

a

Napo–

léon, qui allait pousser de front avec sa redou–

tablc épée les maladroits coalisés venus au-devant

de luí, qu'importaient, dit M. de Metternich,

quelques mille Autrichiens et Polonais de plus

a

Cracovic? Pour une satisfaction assez vaine,

celle de compromettre l'Autriche (car au fond

on ne voulait pas autre chose), on allait la placer

dans une position fausse

a

l'égard des puissances

belligérantes, auxquelles elle avait

a

se présenter

comme arbitre, reodre impossible son róle de

médiatrice, l'exposer

a

un soulevement de l'opi–

nion publique si elle tirait un coup de fusil

cont1·e les coalisés, lui faire peut-etre perdre le

timon des affaires allemandes, qu'elle tenait déja

d'une main tremblante et tourmentée. Si elfo

refusait ces trente mille hommes aujourd'hui,

c'était pour en offrir cent cinquante mille plus

tard, lorsqu'on serait convenu de conditions de

paix acceptables, ce qui dépendait de la France

scu le, et ce qu'elle pouvait meme rendre instan–

tané.

JI

fallait d'ailleurs etre raisonnable, et ne

.pas demander

a

l'Autriche de se battre contre les

Allemands pour les Polonais. Ce n'était pas la

une situation soutenable, dans l'état des opinions

a

Vienne,

a

Dresde,

a

Berlín. Quant a l'honneur,

on

y

avait songé, et si on voulait se retircr,

c'était parce qu'on était sur d'avoir

de~nt

soi

des forces coosidérables . Quant aux Polonais, on

offrait de les recevoir, de les nourrir, et on ne

le ferait que pour plaire

a

la France, car les

admetlre en Gallicie, c'était accepter déja la plus

incommode visite, et ce serait s'exposer

a

la plus

dangereuse que de les y laisser armés. De plus

leur souveraio, le roi de Saxc, avait consentí

:'1

leur désarmement momentané. Restait le batail- .

lon fran<;ais: eh bien , quant

a

celui-la, on com–

prenait sa susceptibililé justifiée par lant d'ex–

ploits

!

on ferait

a

Napoléon le sacrificc de