Table of Contents Table of Contents
Previous Page  22 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 22 / 616 Next Page
Page Background

f2

LIVRE QUARANTE-HUITIE!\JE.

Jil.é

de Jeur tendre la main. Du reste, Ja faute

était non pas

a

l\f.

de Narhonnc, envoyé pour

la

commetlre, choisi pour la commettrc plus vite,

plus complétement qu'un autrc; la

fo

ute était

i1

Napoléon, asa prétention de foire de l'Autriche

un instrument, quand elle ne pouvait plus

l'étre, et, en voulant ainsi en foire un instru–

mcnt, de lui mettre lui-méme

a

la main Jes

armes qu 'elle devait lourner bientot contrc nous.

Les conséquences de cette fa ute furent immé–

diates, et se précipiterent, on peut le dire, les

unes sur les nutres. A peine l'Autricbe avait-elle

pris Ja position de médiateur armé par sa décla–

ration du

12

avril, qu'elle profita du terrain

acquis pour s'avancer dans la voie qu'elle venait

de s'ouvrir. Le roi de Saxe était toujours a Ra–

tisbonne; assailli des conseils, des menaces, des

sollicitations de tout le monde. La Prusse l'avait

sommé de se joindre

a

la coalition, Jui promet–

tant toutes sortes de dédomrrrngemcnts s'il se

joignait a eJJe, lui adressant toutc espece de mc–

naces s'il s'y rcfusait. 11 avait décliné avec beau–

coup ele ménagemcnt les offres de

la

Prusse, en

se fondant sur les engagemcnts qu'il avait con–

lractés avec la France, et

il

avait adhéré aux vucs

de l'Au triche. Les pourparlers de eellc-ci, pour

l'amener

i1

renoncer:w grand-duché de Varsovie,

n'avaient pas cessé. Cette fois elle avait un al'–

gument nouveau a produire. - La Franee et

l'Aulriche venaient, disait-elle , de se mettre

d'accord. La France ava it demandé lti médiation

de l'Autriche, l'Autrichc y avait consentí . On ne

faisait done ríen que de conforme aux vues de

Napoléon, et on oterait a cclui-ci un grave em–

barras en lui apporlant la r enonciation de Ja

Saxe au grand-duché de Varsovie. On r endrait

ainsi la paix non-seulcment facile, mais certaine.

D'ailleurs il fallait sauver le solide, c'cst-a-dire

la Saxe, en sacrifiant le chimérique , c'est-a-dire

la Pologne, et renoncer a un r evc qui n'élait

plus de mise dans le temps acluel.-- Vaincu par

ces raisons , Frédéric-Auguste, qui sentait lui–

meme que les conquctes n'étaicnt pas sa voca–

tion, et qu 'en s'associant

a

un conquérant sorti

de l'enfer des révolutions ,

il

avait accepté une

association autant au-dessus de son génie que de

sa conscicnce, souscrivit a la renonciation qui

Jui était demandée, et la signa le 15 avril, trois

jours apres la déclaration de médiation armée faite

par l'Autriche, sur notre imprudente provocation.

:Mais ce n'était pas tout ce que l'Autriche sou–

haitait du roi de Saxe. On savait que Napoléon

allait arriver a Mayence, puis

a

Erfurt, pour se

mettre a la tete de ses armées, et qu'il pourrait

d'un mouvement de sa main reprendre le pauvre

roí, retiré en Baviere, et lui faire encore perdre

]'esprit, Ja.mémoire, le sentiment du vrai, en

lui promettant qu'il serait roí de Polognc. Cet

cnchanteur'

a

Ja

fo

is séduisant et terrible' de–

vait passer trop pres de Ratisbonne pour qu'on

y laissa t Je faible Frédéric-Auguste exposé

a

sa

r edou table influence. On insista de nouveau au–

pres de celui·ci pour qu'il se rendit

a

Prague. -

Les cóalisés, Jui disait-on, étaient entrés dans

Dresde, et la ils s'appretaient a gouverner le

royaume de Saxe· a Ja favon du baron de Stein,

a pcu pres comme on avait gouverné la Vieille–

Prusse, en persuadant aux peuples qu'ils étaient

les maitres de leur sort, et qu'ils

pou~aient

se

donner

a

qui ils voulaient, quand leurs princes

désertaient les intérets de la commune patrie.

11

fallait done qu'il se hatat de venir a Prague,

en licu sur , a une petite journée de Dresde, d'ou

il administrerait son royaume comme s'il

y

était,

et sa ns courir aucune espece de danger, ni de la

part des coalisés ni de la part des Franvais.

Dans le momcnt meme ou l'on disait ces cho–

ses, le roi de Saxe avait revu la sommation en–

voyée de París , et reproduite par le maréchal

Ney, d'avoir a livrer sa belle cavalerie a ce ma–

réchal, qui en avait besoin pour ouvrir la cam–

pagne. C'était demander

a

cct excellent roi pres–

qu c la vic.

11

ressentait plus que personne la

crainte des Cosaques, qui faisaient peur a ceux

qu'ils vcnaient secourfr plus qu'a ceux qu'ils ve–

naient combattre. Trois mille cavaliers et artil–

Jeurs superbes , escortant un trésor avec lequel

on payait comptant de quoi les nourrir chaque

jour, étaient une sorte de garde au sein de la–

quelle ce roi fugitif dormait en repos. En outre

les chefs de ses troupes avaient déclaré ne plus

vouloir servir avec les

Fran~ais.

En présence de

ces circonstances, le comte de l\farcolini, vieil–

lard complaisant , de meme humeur que son

maítre, ayan t un peu plus d'esprit mais beau–

coup moi ns d'honnem', et gouvernant ce maitre

par habitudc ' !ui persuada que la retraite a

Prague était la scule résolution

a

prendre. Pres–

que en memc temps le ministre de France,

l\f.

de

Serra, insistant pou1: avoir une réponse relati–

vemcnt

a

la caxalerie , Frédéric-Auguste saisi

d'épouvante, et plcin de regrets de s'etre mis

dans de tcls embarras pour la chimere de ses

ancet1·es ' se décida brusquement

a

partir. 11

avait aupres de luí un ministre éclafré ,

M.

de

Senft, qui l'avait jusque-la maintenu dans l'al-