LUTZEN ET BAUTZEN. -
AVRIL
18!5.
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détourner la politique autrichi1:1nne par le ma–
riage 4e Mai·ie-Louise. lI n'oubliait done ni Ja
puissance de Napoléon, ni le mariagc, ni le traité
d
'alliance.durnois de mars 1812, et
il
ne se lais–
serait pas plus conduire par le pcuple des capi–
tales que par celui des salons et des états-majors.
JI
fallait pourlant reconnaitre des vérités qui
étaient évidcntes, et ne pas toml.Jer soi-méurn
dans l'aveuglement qu'on rcprochait
a
ses adver–
saires;
il
fallait se dire qu'il y avai t en Europe
un soulevement univcrscl des esprits contrc la
France, au moins contre
s.onchef, et en France
m~mc
un besqin de repos bien légiLime; qu'on
gagnerait des balailles sans doute, mais que des
batailles ne suffirai,cr¡ t pas longtemps pour ré–
sister
a
un te! mouvement; qu'il fallait done
pactiser, pactiser en conservant sa juste gran–
deur, mais sans vouloir oppl'imer l'indépendancc
des autres, au point de rendrc leur situation in–
lolérable. - M. de l\'letteroich njoutait que l'Au–
trichp n'avait que des vues droites, modérées ,
qu'elle ·voulaiL
re~ter
l'alliée de la Francc, qu'on
ne pouvait pas ccpendant exiger d'clle qu'clle
versat le sang de ses
peuple~
pour appesantir
une chaine dont elle portait sa lourde part; que
si on lui demandait d'appu ycr de toutes ses
forces un projet de paix accepLable par I'Europe,
ses peuples lui pnrdonncraient pcut-étre de de–
meurer unie
a
la France pour un tel but, mais
que daos le cas contraire, clic excilerait chez ses
propres sujcts un soulcvemenl universel. A ce
propos,
l\j:.
de l\1etternich citait des arrestations
de personnages considérables, celle de M. de
Hormaycr notamment,
e~
en outrc des dcstitu–
tions nombreuscs, qu'o.n avait été obligé d'or–
donner pour imposer silence aux plus turbulents
des patriotes gernrnniques. l\fais il faisait remar–
quer qu'il y a terme
a
tout, que le cabinet était
un nageur nageant vigoureusement contre le
courant, mais ne pouvant le remonter que si Na–
poléon luí tendaít la main. Puis craignant qu;il
' n'y eut quelque apparence ou de blame ou de
menace daos ses paroles, il se confondait en pro–
testations d'altachement, d'estime, d'admiration
pour Napoléon , et tenait, disait-il,
a
se séparer
de tous ceux qui voudraient tcndre
a
l'abaisser.
- L'abaisser, grand Dicu ! s'écriait spirituellc–
ment
1"1.
de l\Ielternich;
il
s'agit de le laisser
grand trois ou quatre fois comme lou
is
XIV.
Ah! s'il voulait se conten ter d'etre grand de la
sorte, combien il nous rendrait tous heureux, et
combien il assurerait !'avenir de son fils, avenir
qui est devenu le nótrc !
M. de Mctternich n'obtenant en réponse
a
ces
généralités si vraies que des généralités banales
sur l'étenduc de nos armements, sur nos prochai–
nes victoires, sur la nécessité de nous ménager;
renouvelait avec adrcsse, etavec un regard inter–
rogateur, ces coups de sonde déja donnés dans
la profondeuf· de notre ambition.
ll
répétait alors
ce qu'il
~vait
dit déja plusicurs fois , sur l'impos–
sibilité de maintenir la chimere du grand-duché
de Varsovie, condamnée par la campagne de 1812;
sur la nécessité de
renfor~er
les
1
pµissances inter–
médiaires , et, par préférence
a
toutes, la Prusse,
seule capable dcremplacer la Pologne
a
jamais dé–
truite; sur la nécessité d.e reconstituer l'Allc–
magnc; sur l'impossibilité de faire durer la Con–
fédération du Rhin, institution
a
jamais ruinée
da ns l'esprit des peuplcs germaqiques, et beau–
coup plus incommode qu'utile
a
Napoléon; sur
l'impossibilité de fairc agréer par les puissances
bclligérantes l'adjonction définitive au territoire
franr;ais de Lubeck, Hambourg, Breme; sur tous
les poinls eofin que nous avons précédernment
indiqués, et
a
l'égard dcsquels s'était déja mani–
fcstéc clairement la pcnsée du cabinet autrichien.
- Nous aurons déj ii bien assez de peine, ajou–
tait l\f. de Mr.tternich, d'empccher qu'on ne parle
de la Hollande, de l'Espagne, de l'ltalie! L'An–
gleterre en parlera probablement, et si elle cede
sur la Hollande et sur l'Italic, elle ne cédera cer–
tainement pas sur l'Espagne. Mais nous n'en di–
rons rico pour ne pas compliquer les affaircs, et,
s'il le faut, nous laisserons
l'
Angleterre de coté,
et nous traiLcrons saos elle. Nous nmenerons
peut-étre la Russic et la Prusse
a
s'en séparer, si
nous leur préseutons des conditions acceptables,
et, dans ce cas, la France nous retrouvera ses
:fideles alliés
!
Mais de grace, qu'elle s'explique,
qu'clle nous fasse connaitrc ses intentions, et
qu'elle nous rende possil>le de rester ses alliés,
en nous donnant
a
soutcnir une cause raisonna-
1.Jle, une cause que nous puissioos avouer
a
nos
peuplcs ! Quant
a
ce qui concernait particuliere–
ment les intérets autrichiens, M. de l\fotternich
montrait un dégagement de toute préoccupation,
quiprouvait bien qu'il n'avait qu'a puiser
a
droite
ou agauche dans les offres qu'on faisait de tous
les cótés
a
l'
A
utriche
! -
Que ne luí offrait-on
pas en cffct , disait-il , de la part des coalisés
!.•.
Mais il n'écouterait pas leurs foll es propositioos;
iI
se contenterait de ce qu'on ne pouvait pas refu–
ser
a
l'Autriche, de cette portion de la Gallicie
qu'on luí avait prise en 1809 pour.agrandir l'im–
possiblc duché de Varsovie, des provinces
illy-
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