Table of Contents Table of Contents
Previous Page  18 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 18 / 616 Next Page
Page Background

8

LIVHE

QUARANTE-Hun:n~l\IE.

riennes dont la Francc avait promisla restitution,

et il parlait de cela commc d'une chose faite, as–

surée, irrévocable, tundís qu'il en avait

a

peine

été dit quelques mots entre les cabinets franvais

et autrichien.

Tel fut le langage (d'aillcurs pcu nouveau) de

M. de l\fott.ernich. L'empcreur Frarn;ois, plus me–

suré, moins hardidansses entreticns, se conten ta,

en r·eccvant personnellement M. de Narbonne

de la fa<;on la plus gracieuse, de lui dirc combien

il était satisfait du bonheur que_ sa fille avait

trouvé en France, combicn

il

appréciait le génie

de son gendre' combicn

il

tenait-

a

rester son

allié; maís il ne lui dissimula pas qu'il ne pou–

vait

retM

que· dans l'intéret de la paix, car ses

peuples ne Iui pardonneraient point de

l'cll'C

pour

un autre but. Il ajouta que cettc paix,

il

faudrai t

l'achetcr de deux manieres, par des victoires et

par des sacrifices; que son gendre avait bien fait

d'employer ses grands talents

a

créer de vastes

ressources, car la lulle serait plus opiniatre en–

core qu'il ne l'imaginait; mais enfin qu'avec des

succes il amenerait sans doute ses adversaires

a

des idées plus modérées, et que si , apre les avoir

vaincus, il voulait accorder au repos des peuples

quelques sacrifices nécessaires, l'Autriche s'y

employant fortement , on arriverait

a

une paíx

durable, paix que son gendre apres tant de tra–

vaux glorieux devait lui-meme désirer, et qu'il

souhaitait vivcment, quant a'lui ' non-seulement

comme souverain, maís comme pcre, car elle as–

surerait le bonhcur de sa fili e chéric , et !'avenir

d'un petit-fils auquel il portait l'intéret le plus

tendre.

A toutes ces manifestations M. de Narbonnc

avait répondu du mieux qu'il avait pu, toujours

en vantant la grandeur de son maitre, en répé–

ta nt qu'il fallait le ménager, et s'était servi de

l'art, qu'il avait appris dans les salons, de couvrir

de beaucoup d'aisance et de grace l'impossibilité

de ríen dire de sérieux. Du reste, tout en faisant

bonne contenance ,

il

avait deviné le secret des

intentions autrichiennes. L'Autriche évidemment

n'étnit pas disposée

a

tirer le canon pour la France

conlre l'Allemagne; toutefois elle n'entendait

pas, cornme la Prusse , passer brusquement de

l'alliance

a

la guerre. L'empereur ne voulait pas

oublier complétement son role de pere; le mi–

nistre voulait opérer décemmcnt sa transition

d'une politique a l'autre' et ils songeaient

a

se

présenler comme médiaLeurs, a offrir une paix

acceptable, et

a

peser de tout leur poids sur les

uns et les autres pour

la

faire acceptcr. Une

preuve de ce

proj.et

ressortait de toutes parts.

I..'Autriche armait, non pas avec le génie de Na–

poléon, mais avec une précipitation au moins

égale , et sans précisément. le nier, elle n'en disait

rien. Bien certainement elle nous l'eut dit, s'en

serait merne vantée' si elle cut armé poui' nous.

Tout de suite M. de Narbonne jugea que ce

qu'on pourrait obtenir de mieux de cette cour,

ce serait la neutralité, et qu'avec des ménage–

men ts , en lui parlant peu et en ne lui deman–

dant rien, on la retiendrait assez longtemps da ns

un róle inactif, qui devait nous suffire. 11

y

au–

ra it cu sans dou te micux

a

faire, comme nous

Favons remarqué déja, c'eut été, en lui pardon·

nant ses dissimulations, son demi-abandon, de

reconnaitre qu'elle avait raison au fond de ne

vouloir lravailler qu'a la paix, et

a

une paix toute

germanique, des lors de

s'y

preter franchement,

d'entrer dans ses vues, de faire d'elle un média–

tcur cntiercment

a

nous, et d'obtenir ainsi la

paix , tellc qu'elle travaillait

a

la conclure, car la

France sans le grand-duché de Varsovie, sans la

Confédération du Rhin, sans les villes hanséa–

tiques, sans l'Espagne, mais avec la Hollan<le, la

Ilelgique, les provinccs rhénanes, le Piémont, la

Toscane, les États romains, indépendamment des

royaumes vassaux de \Vestphalie, de Lombardie

et de Naples, était encore plus grande qu'il ne le

lui ailrai t fallu pour etre vraiment forte ! Le

mieux cut done été d'enlrer sans aucun rcssenti–

ment da ns les vues de l'Autriche, et de l'oser

dire

il

Napoléon. l\'.lais M. de Narhonne l'eut osé

en vain, et ne songea pas meme

a

l'cssayer. A

défaut de cetle conduite, se proposer la neutra–

lité de l'Autriche, et lendre

a

paralyser cette cour

au lieu de tendre

a

la rendre plus active, était la

seconde conduile en mérite, en prudence, en

chances de succes. M. de Narbonne le comprit

parfaitement, et allait conseiller cette conduite

a

s'on gouvcrnement, lorsqu'il

re~ut

ses instructions

si longtemps attendues, et qui étaient certes tout

le contraire de la neutralité.

Expédiées le 29 mars, arrivées le 9 avril, elles

apporterent

a

M. de Nar,bonne le moyen de sor–

tir du langage insignifiant dans lequel il s'était _

jusque-la renfermé, et cette fois poussant la fran–

chise aussi loin que possible,

il

lut

a

M. de Met–

ternich le texte meme de M. de Bassano, texte

bien fai t pour exciter le sourire du ministre au–

trichien pnr le ton de jactance que le ministre

fran<;ais avait aj outé

a

la politique impétueuse

de Napoléon. M. de Narbonne lut done ce projet, ·

consistant

a

dire

a

l'Autrichc qu'il fallait qu'elle